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Le logos face à l'absurde

José Luis Restàn revient sur l'enseignement du Saint-Père, durant la semaine Sainte. Une catéchèse grandiose. Traduction de Carlota (2/5/2011)

Une réflexion extraordinaire sur des textes dont Jeanne Smits, dans Présent, a dit qu'ils étaient "du grand Benoît XVI".

Tous ces textes sont rassemblés ici sur le site du Vatican: http://tinyurl.com/6gs5m3a
En particulier, l'homélie de la Veillée Pascale (http://tinyurl.com/6bnh3zc ), celle de la Messe de la Cène du Seigneur (http://tinyurl.com/6gz838v ) et celle de la messe chrismale (http://tinyurl.com/5v2wgw4 ), dont il est question ci-dessous.

Article original en espagnol ici: http://www.paginasdigital.es/..

Le logos face à l’absurde

José Luis Restán
27/04/2011

En à peine une semaine (du dimanche des Rameaux au dimanche de Pâques) Benoît XVI a développé un catéchisme complet qui n’a laissé de côté rien de ce qui est essentiel pour qu’un chrétien puisse vivre aujourd’hui sa foi. Pour qu’il puisse la vivre dans la plénitude de la raison et de l’affection, en assumant le risque de la liberté et dans le dialogue avec un monde qui, comme dirait Péguy, n’est plus chrétien, mais cherche anxieusement sa route.

C’est une richesse immense, de celles que nous ne devrions pas gaspiller; ici j’essaierai de rappeler quelques passages d'une transcendance spatiale qu’il nous revient de vivre pour l’instant.
Commençons pas le vertigineux plaidoyer du Pape en faveur de la raison et de la liberté, réalisé à la lumière du cierge pascal (veillée pascale). Là, il affronte la question la plus décisive de notre culture : si à l’origine il y a l’irrationalité et le hasard, ou bien la Raison créatrice, la liberté et l’amour. Ce n’est pas une polémique entre intellectuels : c’est le nœud à partir duquel se tissent la vie en commun, l’affection et les grandes orientations de la vie. Parce que si à l’origine il y a le Logos (ndt grec λόγος,, la parole, le discours. « Dieu dit ») dont parle Saint Jean, alors il est bon d’être homme. Mais si nous sommes le fruit du hasard dans un coin quelconque de l’univers, alors notre vie serait privée de sens et même pourrait être vue comme un dérangement de la nature. Ne sont-ils pas nombreux ceux qui la voient ainsi en fonction des circonstances ?

Le Pape Benoît, avec passion, s’oppose aux maîtres de la négation, ceux qui se font l’avocat de l’irrationalité et de la non liberté comme origine de ce qui est humain. Il leur tient tête en mettant en jeu un coeur qui, comme il l’explique lui-même, est raison, affectivité et volonté. Peut-être ne nous en rendons-nous pas compte, mais c’est une lutte titanesque et dramatique, aux conséquences terribles pour le futur de l’humanité. La foi chrétienne est aujourd’hui (avec quelques alliés dans le monde juif et de la meilleure pensée laïque) la grande voix qui défend que la vie est fondamentalement bonne. Et bien que le risque de la liberté permette qu’une « grosse ligne obscure » parcoure la structure de l’univers, le monde peut toujours être sauvé. Précisément parce qu’il procède du Dieu qui est Raison et Amour.

Un second noyau fort de ces jours-ci a été la certitude de ce que la foi génère un peuple, forge la véritable unité dans laquelle la personne n’est ni annihilée ni diluée, sinon exaltée (messe chrismale). Vu du côté opposé, la perte de la substance de la foi provoque dans les vieux pays de tradition chrétienne une espèce d’explosion en mille fragments, presque autant que d’individus. La pénétrante prière du Pape dans l’après-midi du Jeudi Saint, «ne permets pas que nous nous transformions en un non-peuple » pointe du doigt dans cette direction. Quand dans beaucoup de villes au cœur de l’Europe sont déjà la majorité ceux qui vivent seuls, sans tradition et sans famille, quand il manque un centre vital, quand chacun se penche sur la complexité globale sans plus de critère que le dernier slogan publicitaire, il y a matière à implorer. Le Pape de Saint Augustin et de Saint Benoît montre la plaie de cet Occident fatigué de la foi qui l’a fait naître, ennuyé de son histoire et de sa culture. Un Occident qui tend à être un non-peuple, même si la partie est encore loin d’être terminée et qu’au niveau de l’échiquier l’Église a mis des joueurs de poids.

Il y a un troisième point sur lequel je voudrais m’arrêter. Celui de l’unité de l’Église, véritable testament de Jésus (Messe de la Cène du Seigneur). Cette unité est le signe le plus éloquent de la présence du Seigneur dans l’histoire, et par conséquent c’est la cause de la mission. « Comme il a dû, en lui-même, se sentir affligé! s’exclame le Pape en faisant référence aux quatre fois où Jésus a imploré cette unité dans la prière sacerdotale. Il savait, dès le début, combien était vulnérable ce trésor. Et nous le voyons chaque jour, non seulement dans les déchirements historiques qui maintiennent séparés les chrétiens, mais au sein de l'Église catholique elle-même, parfois d’une manière éclatante, d’autres fois d’une manière plus subtile mais également vénéneuse. Pour soutenir cette unité le Seigneur a mis en place Pierre et ses successeurs comme le nœud le plus robuste du filet. L’unité n’est ni question de stratégie ni de négociation, elle est question de simplicité pour suivre Jésus dans ceux dont il dispose comme lien visible et vivant. Pierre est le roc, malgré sa pathétique disproportion et sa vulnérabilité évidente, simplement parce que il a confiance en Jésus, parce que après avoir mordu la poussière il s’est converti et a confessé son amour entier et sans failles. Aujourd’hui comme depuis toujours, l’unité ne viendra pas en discutant et en faisant des congrès, mais de ce que chacun de nous adhère avec simplicité à Pierre qui parle et agit.

Dans cette lutte titanesque du Pape de la raison et de la liberté en faveur de l’homme, nous pouvons reconnaître la figure dressée de Pierre depuis sa rencontre avec Jésus. Maintenant il ne présume plus de sa force, maintenant il ne prétend pas définir la forme de la mission, maintenant il suit seulement le Ressuscité, et c’est pour cela qu’il peut nous porter d’une manière sûre là où Il va. À travers les eaux agitées de l’histoire, toujours en danger d’être engloutis, mais soutenus par Sa main. Que cela soit comme en ce moment même.

Réflexion d'un chômeur Benoît XVI, le Bon Pasteur