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La mort de Ben Laden, dans "A tavola"

Vittorio Messori, au meilleur de sa forme. Question, parmi d'autres: quelle est la lecture chrétienne de cet évènement? (7/5/2011)

Sur ce sujet


Une fois n'est pas coutume, l'entière rubrique de cette semaine est consacrée à un unique sujet: celui que des journalistes aussi imprudents qu'amnésiques appellent déjà un évènement historique, je veux parler de la mort d'Oussama Ben Laden.
C'est du grand Messori, même si on n'est pas forcés de tout partager. Comme il est d'une liberté totale, car il n'a peur de rien (et c'est une magnifique nouvelle, que quelqu'un qui a malgré tout accès aux grands medias soit aussi libre... je ne pense pas que cela soit possible en France, mais les italiens ne disposent pas encore de notre arsenal juridique liberticide), il dit tout ce qu'il pense. Et ça décape!

Un mot, encore, avant de lui laisser la parole: je n'ai pas suivi tous les épisodes du grotesque feuilleton concocté par la Maison Blanche, et le duo Messori-Tornielli m'apprend des détails (à moins qu'ils n'aient été occultés en France!). Je ris bien, en pensant à tous ces donneurs de leçons vaticanistes, qui passent leur temps à dauber sur la prétendue nullité de la "communication" du "Vatican". Or, on ne peut guère imaginer plus désastreuse que celle que les spin doctors qui s'agitent autour du Président des Etats-Unis ont élaborée. Succession de catastrophes, avalanche de maladresses et de bidonnages aussitôt découverts, et donc aussitôt démentis. Oui, mais là, on parle de grand succès d'Obama!!
De qui se moque-t-on?
En réalité, la différence entre les deux communications est tout simplement celle qui existe entre LA vérité et LES mensonges.

A tavola con Vittorio Messori (http://www.labussolaquotidiana.it/... )
Ma traduction.

- Cher Vittorio, il me semble juste de consacrer ce numéro de "A tavola" à la nouvelle de la semaine, et probablement l'année: la mise à mort d'Oussama Ben Laden le roi de la terreur, l'inspirateur des attentats du 11 Septembre. Il a été «exécuté» par un commando américain à Abbotabad, près de la capitale pakistanaise Islamabad. Que pense-tu de ce raid, qui le 1er mai a éliminé le plus célèbre et le plus recherché terroriste dans le monde?

- Cher Andrea, toute cette affaire m'a semblé à la fois ridicule et tragique ...

*

- Pourquoi serait-elle ridicule?

- Eh bien, excuse moi, parce que le discrédit de l'arrogante et très coûteuse CIA me semble pleinement confirmé. Cela fait sourire de voir des foules d'américains excités danser dans les rues en brandissant des drapeaux, au lieu d'être à la maison, en éprouvant un peu de honte. Dix années de "recherches sophistiquées", alors qu'il aurait suffi d'un quelconque Tom Ponzi (ndt: criminologue et enquêteur italien 1922-1997, it.wikipedia.org/wiki/Tom_Ponzi ) celui des enquêtes sur les infidélités conjugales! En une semaine, vu où se trouvait le fugitif, il l'aurait découvert à coup sûr. Tandis que tout le monde le cherchait avec les moyens les plus modernes, tandis que les experts en espionnages d'Outre-Atlantique s'employaient à identifier ses traces, mister Ben Laden se tenait tranquillement dans un complexe voyant, à quelques kilomètres de la capitale du Pakistan, près de la plus importante base militaire pakistanaise. Et cette forteresse, avec ses hauts murs d'enceinte, avait été construite six ou sept ans auparavant exprès pour lui, comme sa résidence. Résidence fixe, pas de fortune! Devant, des milices armées, même un enfant aurait eu des soupçons ... Il n'y a pas lieu de s'exalter, comme tu le vois, cher Andrea. Oussama était résident, il ne se déplaçait pas de grotte en grotte, il ne vivait comme un fugitif traqué ...

*

- Victor, comme tu le sais, il y a eu des polémiques pour la sépulture et la non-divulgation des photos du cadavre de Ben Laden ...

- Aucun de ces ridicules, très bien payés, analystes et experts, n'avait anticipé ces polémiques, ni l'émergence, surtout en cette circonstance, des «négationnistes». Il y en a en effet qui disent maintenant qu'Oussama n'a pas été tué, que derrière, il y a un complot. Comme chacun pouvait l'imaginer, sauf les «spécialistes» de ce Pentagone qui ne regardent pas à la dépense, mais en même temps ne s'épargnent aucun ridicule. Le président des États-Unis a décidé de ne pas distribuer ces photos car elles sont répugnantes ... Pourtant, c'était une exécution à froid, sans coups de feu, on pouvait donc choisir où tirer.

*

- Les Américains ont expliqué que le commando avait peur qu'Oussama ne porte un gilet d'explosifs. C'est pourquoi ils ont exécuté l'ordre - qui était probablement de le tuer de toutes façons - en tirant deux fois dans la tête.

- Quoi qu'il en soit, il y a un bourreau, qui n'a pas tiré au cœur, mais à la tête, la fracassant ... enlevant donc à son gouvernement la preuve décisive. Et puis, les experts et les analystes, ils ne savaient pas que pour l'islam, jeter le cadavre dans la mer est considéré comme un sacrilège? J'ai également trouvé ridicule qu'on nous ait dit qu'ils n'avaient réussi à s'entendre avec aucun pays pour la sépulture de Ben Laden. Ils auraient pu creuser un trou dans le désert et le mettre là. Photographiant le cadavre avant de le recouvrir de sable. Pour le formalisme musulman, cela suffisait. Et puis aussi: Obama et son équipe ont suivi en direct le raid, avec des images projetées sur un écran, qui provenaient du camescope de l'un des soldats ...

*

- Permet-moi de t'interrompre. En réalité, aujourd'hui , ils ont admis qu'il n'y avait pas eu de direct vidéo, au moins à ce qu'il paraît. Cette image pourrait être un bluff.

- D'accord, et alors, que regardaient le président et ses plus proches collaborateurs dans cette image qui les montrent tandis qu'ils sont censés suivre le raid? Et pourquoi ont-ils permis que cette image, qui était fausse, aillent sur la première page des journaux du monde entier? En tout cas, même si tout avait été suivi en direct, le résultat a été d'alimenter interprétations fantaisistes et complotisme. J'aimerais bien savoir: qui est l'expert avec si peu de cervelle qui a divulgué le bobard qu'Oussama aurait utilisé sa femme comme bouclier humain, comme pour confirmer qu'il était un lâche et pour cela méritait de mourir comme un chien? Et qui a dit que sa villa n'était pas connectée à Internet?

*

- Victor, l'absence de connexion à Internet a été confirmée ...

- Alors, comment expliques-tu que Ben Laden avait des ordinateurs bourrés de données, et des clés USB?

*

- Les deux choses ne sont pas contradictoires. Il avait des ordinateurs, il stockait des données. Mais les contacts avec le monde, il les avait par deux courriers. Et les nouvelles, il les suivait avec la télévision par satellite.

- Peut-être avec va et vient de pony express (coursiers) à scooter: "Voici les messages tout frais pour le chef suprême d'Al-Qaïda. Pouvez-vous me signer le reçu ".... Quoi qu'il en soit, le super-recherché était là, bien tranquille, pendant au moins cinq ans. Et c'est pourquoi l'exultation de la rue, de l'autre côté de l'Atlantique, et même de certains, chez nous - qui m'ont fait penser à Alberto Sordi (dans le film Un américain à Rome ) jouant "l'mmericano " - est ridicule.... Les États-Unis font de plus en plus peur, par leur sentiment de toute-puissance: ils divisent le monde entre empire du bien (le leur) et empire du mal (celui qui ne veut pas de vivre et penser comme eux). Ils font des guerres mais ne savent pas comment les gérer: regarde ce qui s'est passé en Afghanistan, en Irak, au Vietnam, en Somalie. Cette fois encore, la touche de grotesque: il s'en est fallu de peu que cela ne finisse comme le raid tenté à Téhéran, au temps de Carter, qui se termina comme un final de bande dessinée, avec les hélicoptères entrant en collision. ... Te rends-tu compte en quelles mains nous sommes, vu que beaucoup de notre destin dépend d'eux?

*

- Venons en plutôt à l'aspect tragique de cette histoire.

- Tu vois, en 2001 pour la première fois et unique fois dans leur histoire, les États-Unis ont subi une attaque, un «bombardement» par des avions kamikaze au cœur de leurs cités-symboles New York et Washington. Après avoir bombardé pendant un siècle la moitié du monde, y compris avec une paire de bombes atomiques (Hiroshima n'était pas suffisant? Non, il leur a fallu aussi Nagasaki, inutile holocauste de la seule ville japonaise avec un grand nombre de catholiques), pour la première fois c'était leur tour. Ces attaques ont entraîné moins de trois mille morts, au moins la moitié d'entre eux n'étaient pas des citoyens américains. Les nazis avaient établi, en représailles de guerre, de tuer dix ennemis pour chacun de leurs morts. Durant cette décennie, avec les guerres en Afghanistan et en Irak et tout ce qui a suivi, les morts provoquées par la fureur de vengeance des États-Unis ont été dans le rapport de l'un d'eux contre un millier des «autres».

*

- Victor, s'il te plaît, quelle comparaison fais-tu? Les Américains comme les nazis? J'ai été personnellement opposé à la guerre en Irak: Jean-Paul II et la diplomatie du Vatican, ont alors mis en garde contre les risques de cette aventure, craignant le risque d'un nouveau Vietnam. La réalité leur a malheureusement donné raison. Mais ces guerres ne peuvent être comparées à des représailles nazies ...

- Les morts n'ont pas de couleur: et nous voilà face à une tragédie terrible et sans fin, trop hypocritement présentée comme une "lutte pour la civilisation." Je comprends que tu t'étonnes. Pourtant, je continue à m'étonner que personne ne s'interroge sur une vengeance qui ne veut pas finir, comme si toucher un Américain était un sacrilège qui mérite des carnages inouïes, peut-être pendant des siècles ...

*

- Tu appelles vengeance la lutte contre le terrorisme?

- Andrea, comprenons-nous. La lutte contre le terrorisme est une chose. Certaines guerres en sont une autre. Dans le cas du raid qui a tué Ben Laden, il y a eu violation méprisante de la souveraineté d'un pays, le Pakistan, qui entre autre, et ce n'est pas non plus sans importance, est une nation qui possède la bombe atomique. Les américains se comportent comme les maîtres du monde, ils ne doivent rendre de comptes à personne. Un autre exemple de cette attitude peut être trouvée dans certaines actions israéliennes: c'était un des commandos du Mossad qui a enlevé Adolf Eichmann en Argentine. Il ne semble pas que la flotte aérienne de l'État d'Israël soit trop regardante, pour certaines incursions... Tu vois, les États-Unis sont en apparence un pays chrétien. En réalité, c'est un pays de l'Ancien Testament, comme le montrent les noms bibliques qu'ils donnent à leurs enfants. Leur loi est la loi du talion: oeil pour oeil, dent pour dent. Ils devaient tuer Oussama Ben Laden pour pouvoir dire que justice est faite.

*

- Excuse-moi, mais j'ai l'impression que cela te déplaît qu'un dangereux terroriste ait été éliminé. Un homme qui a rendu notre monde moins sûr...

- Parce que tu crois que nous sommes maintenant plus en sécurité? Les Américains en sont tellement convaincus que dès que la nouvelle de ce raid a été connue, ils ont fermé leur ambassade au Pakistan et se sont enfuis. Entre-temps, ils avertissaient le monde qu'en raison de leur action, le danger d'attaques de représailles était élevé. Cette politique va nous mettre à dos un milliard de musulmans, de plus en plus humiliés et donc rendus de plus en plus furieux. Soit dit en passant, personne ne sait si cet homme qu'ils ont tué était vraiment comme ils l'ont décrit ...

*

- Ne me dis pas qu'à présent, tu te découvres aussi "innocentiste" envers Ben Laden.

- Eh bien, je suis si peu jacobin (ndt: le sens italien, "direct", n'est pas le sens bien tordu que les français donnent à ce mot) et si peu justicialiste que je préfère mille fois un coupable libre à un innocent en prison. Disons-le comme il est. Oussama n'est pas un chef bédouin qui a vécu dans le désert et tout à coup est apparu sur la scène mondiale. Il est, ou plutôt était, un monsieur riche et raffiné, qui avait étudié dans les universités anglo-saxonnes et appartenait à une riche famille saoudienne qui avait fait sa fortune en spéculant sur le pétrole et en faisant des affaires pas claires avec une autre riche famille américaine, comme par harsard, les Bush. En fait, il ne s'est pas agi de tuer un bandit de grands chemins. Ben Laden n'est pas le diable, le barbare, apparu à l'improviste. Permets-moi de te dire que s' il était resté en vie et avait parlé, ç'aurait été un problème embarrassant pour plus d'un. Aussi et surtout pour les dirigeants de l'Empire du Bien, les croisés à étoiles et rayures qui se battent pour nous...

*

- Victor, quelle est, dans tout cela, la perspective chrétienne?

- J'ai vraiment apprécié les paroles mesurées de père jésuite Federico Lombardi, directeur du Bureau de Presse du Saint-Siège, qui, tout en reconnaissant la responsabilité d'Oussama, a dit que certaines décisions ne devraient pas se transformer en de nouvelles possibilités pour alimenter la haine, mais pour servir la paix. Mais avec cette exécution volontairement spectaculaire et impitoyable, la haine a augmenté, et sans surprise, le niveau d'alerte contre le terrorisme a été immédiatement relevé. Lis, entre autres, le commentaire préoccupé des évêques du Pakistan. Le risque est que, ne pouvant pas se défouler sur les Américains - promptement partis d'Islamabad, comme je te le rappelais - les fondamentalistes exaltés attaquent les chrétiens, qui, au contraire, restent là où ils sont. Nous tous, nous sommes en danger. J'ai aussi beaucoup apprécié le commentaire du cardinal Angelo Bagnasco, archevêque de Gênes et président de la CEI, qui a rappelé, comme le Père Lombardi, qu'on ne fait jamais la fête pour la mort d'un homme. Mais Bagnasco a aussi ajouté, qu'on prie pour l'âme de Ben Laden, comme pour les âmes des victimes du terrorisme. Il s'agit de la véritable attitude chrétienne. Je me souviens d'Hubert Jedin, le grand historien du Concile de Trente, c'était un converti du judaïsme qui est devenu jésuite et a dû fuir l'Allemagne nazie. Il fut hébergé au Vatican, où il put poursuivre ses recherches pour ce qui devait rester une oeuvre inégalée. Pendant l'occupation allemande de Rome, les nazis ont tenté un raid pour le débusquer et le tuer. Ne l'ayant pas pris, ils se vengèrent sur sa famille en Allemagne. Eh bien, lepère Jedin, dès qu'il apprit la mort d'Hitler, quitta ce qu'il faisait et courut célébrer une messe de suffrage pour lui, en priant pour son âme. Tu me comprends? Il a prié pour ceux qui voulaient le capturer et le détruire, comme il avait capturé et anéanti des millions de Juifs. Les chrétiens ne se réjouissent pas de la mort de quelqu'un. Et s'ils disent qu'ils croient au Nouveau Testament, alors ils ne se vantent pas de pratiquer la loi du talion.

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Les adeptes du complot

Je lis sur un blog du Figaro un commentaire d'internaute qui confirme qu'on ne doit pas tout à fait désespérer du bon-sens, et même de la santé spirituelle d'une partie de la population.
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Arrêtez de prendre les conspirationnistes pour des doux idiots: gober la propagande officielle ne vaut pas mieux. Et vous sous-entendez en plus qu'Obama serait une victime alors que ce sont ses décisions et sa communication qui sont la cause du doute: cessez d'inverser les rôles et le poids de la faute.
On nous ment à longueur de jours, on manipule les populations pour leur faire approuver des guerres injustes et injustifiées, et vous voudriez que le peuple se laisse balader ad vitam eternam sans douter de la parole et des politiques et des journalistes qui se précipitent pour relayer leur désinformation au lieu de faire leur travail d'enquêteurs indépendants?
La communication américaine sur la mort de BL est plus qu'embrouillée: ils racontent tout et son contraire, et personne n'est dupe du fait qu'on nous en cache plus qu'on ne nous en dit. Le doute et l'esprit critique sont des réflexes salvateurs.
Demander au peuple de croire sur parole ces menteurs professionnels est tout simplement une démonstration supplémentaire de leur perversité et une exigence d'asservissement de plus qu'ils tentent de lui imposer.
Ce sont leurs manipulations qui produisent les théories du complot et qui rendent folles leurs populations. C'est extrêmement grave: nos sociétés soit disant avancées, humanistes et progressistes fabriquent de la schizophrénie et de la paranoïa à tour de bras à force d'infliger aux populations des discours paradoxaux, qui contredisent souvent l'expérience faite, et des mensonges.

Aquilée et Venise Relations judéo-catholiques