Un prince de l'Eglise
Retour sur une attaque contre Benoît XVI (cf. "Confession d'un cardinal... suite") qui me trotte dans la tête, et que je sens fausse. Vittorio Messori citait récemment un de ces princes, le cardinal Siri.(7/5/2011)
Giuseppe Siri (1906-1989), archevêque de Gênes, fait cardinal par Pie XII en 1953, papabile à trois reprises, honni par les catholiques progressistes pour avoir été "un champion des thèses conservatrices", est toutefois resté jusqu'au bout fidèle à Rome et à Vatican II (voir ici sa notice wikipedia http://fr.wikipedia.org/wiki/Giuseppe_Siri )
(La Bussola, A tavola, 19/4/2011)
- Vittorio, ces derniers jours à Rome, à l'Institut Sturzo, s'est tenue une conférence de quatre jours consacré à la figure du cardinal Giuseppe Siri, archevêque de Gênes. Tu as connu Siri? Que penses-tu de lui?
- Je l'ai connu et j'en pense le plus grand bien. Je l'ai beaucoup apprécié. Pense qu'avant la marque qui a été mise sur moi pour avoir osé publier un livre-interview avec le revêche cardinal Joseph Ratzinger, j'étais déjà marqué négativement pour avoir valorisé l'image de Siri, qui est aujourd'hui à juste titre approfondie et jugée à sa juste valeur. Si, aujourd'hui encore, le diocèse de Gênes a une base plus solide que d'autres, on le doit à Siri, comme me l'a confié le cardinal Bagnasco lui-même, son quatrième successeur.
Regarde, Andrea, Siri a été accusé de triomphalisme, de n'être pas en ligne avec l'Eglise des pauvres ... Je me souviens que je suis allé le voir dans son palais épiscopal de Gênes. Il n'accordait pas d'interviewes, il a accepté une conversation, ce qui était une autre façon de donner une interviewe sans l'appeler ainsi. Nous avons été ensemble pendant presque une journée entière. Il m'a servi personnellement de guide à travers les belles salles du palais épiscopal et m'a montré qu'il conservait encore en fonction la salle du trône. Je lui ai dit, mais, Eminence, par les temps qui courent! Il m'a fait observer combien cette salle, et les autres, étaient froides et non chauffées, par mesure d'économie. Puis il m'a conduit à une porte plutôt simple, et m'a montré le petit logement populaire où il vivait. Il me dit "voyez, quand je fais le cardinal-archevêque, je m'habille comme un cardinal et je reçois dans les salles que je viens de vous montrer. Mais quand je redeviens Don Giuseppe Siri, je vis ici et je me prépare aussi à manger".
Je suis resté frappé par cette nouvelle preuve de la loi secrète du christianisme, celle de "l'et-et".
Cet homme recevait dans la salle du trône, comme un prince de l'Église, mais se retirait ensuite la simplicité franciscaine d'un appartement populaire. Je voudrais être encore en vie quand il sera béatifié ...
