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Un art sacré authentiquement chrétien

Carlota vient de traduire un article autour d'un artiste cordouan, Marco Augusto Dueñas, dont la statue géante (plus de 5 m de haut!) en marbre de Saint Maron, fondateur de l'Eglise maronite, orne depuis peu la façade extérieure de la Basilique Saint-Pierre. (18/5/2011)



Elle nous invite à visiter le site de l'artiste, qu'elle décrit comme un enchantement (je confirme!): http://www.marcoaugusto.com/

On y découvre entre autre, en noir et blanc, des photos de Benoît XVI, bénissant, en janvier 2010, une autre (merveilleuse) statue géante en marbre de Carrare, représentant Sainte Raphaëlle-Marie PORRAS Y AYLLON (1850-1925) Fondatrice des Ancelles du Sacré-Cœur (voir ici: http://www.zenit.org/article-23273?l=french )

Cela nous renvoie à cet ensemble d'articles sur l'art sacré, dans une rubrique consacrée à la rencontre du Saint-Père avec les artistes, en novembre 2009 (cf. Le pape et les artistes: http://benoit-et-moi.fr/2009/.. )

Carlota:

Marco Augusto Dueñas, sculpteur cordouan, a présenté récemment son énorme statue de marbre qui représente Saint Maron, sur l’une des façades extérieures de la Basilique St Pierre du Vatican. À cette statue s’ajoute une autre précédente du même auteur qui représente Sainte Raphaelle Marie Porras, installée elle aussi au Vatican. Ce grand sculpteur catholique, paradoxalement peu connu en Espagne, répond aux questions de Bruno Moreno pour InfoCatólica, sur son œuvre et la mission de l’artiste dans l’Église. Il donne aussi son opinion, assez provocatrice, sur l’art religieux actuel.

(original ici http://infocatolica.com/?t=noticia&cod=9171 ).

Marco Augusto Dueñas: «J’essaie que mes statues soient une aide à la prière »
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- Q: Marco Augusto, se consacrer professionnellement à la sculpture est une aventure risquée. Comment vous est venu à l’idée de devenir sculpteur?
-
R: Ce n’est pas quelque chose qui vous vient à l’idée. C’est plutôt comme celui qui chante. Ou tu as le don ou tu ne l’as pas. Depuis tout petit tu dessines, tu travailles…Et il n’y a pas que la sculpture. J’ai aussi conçu des bijoux ou des statues de la Semaine Sainte. C’est difficile. Depuis tout petit j’ai du me nourrir, payer l’université…Et on arrive à faire des choses qui méritent la peine après avoir travaillé des années.

- Q: Comment définiriez-vous votre style artistique ?
-
R: Actuel, mais en étudiant toujours les classiques. Ce n’est pas de l’hyperréalisme parce que cela c’est plutôt quelque peu de la photographie qui ne nous rapproche ni de Dieu ni de la beauté. L’art transforme ce que nous voyons, il ne le copie pas. La simple copie nous porte vers la banalité, vers un art simplement décoratif. J’essaie d’arriver à la transformation qu’obtenaient Léornard de Vinci, Le Bernin…, mais d’une façon actuelle. Un art moderne, mais regardant toujours vers l’arrière, c’est cela qu’ils cherchaient au Vatican, un artiste qui unisse le classique avec le moderne.
Il n’y a rien que me plaise plus que de faire de l’art religieux, pour une église, parce ce que cette œuvre arrive au cœur des personnes, va les aider à prier et adorer. Il n’y a pas d’argent qui paie quelque chose de cette façon-là. Une œuvre « civile » peut être bien payée, mais cela ne va pas plus loin. Elle est belle ou elle est laide mais c’est tout

- Q: Vous êtes cordouan. La Semaine Sainte de Cordoue, avec ses statues et sa liturgie, vous a-t-elle influencé ?
- R: Bien sûr. Mon œuvre porte en dedans tout ce je porte de mon passé. L’imagerie, l’art religieux andalou…Et même en regardant la propre barbe de la statue de Saint Maron, tu peux le voir. Je crois qu’il n’y a pas un andalou qui se consacre à l’art et qui ne s’inspire pas d’une façon ou d’une autre de cette imagerie. Je travaille ici en Italie depuis de nombreux années, mais j’ai apporté de ma terre tout ce j’ai vécu. On ne peut échapper à ses racines. Je crois que c’est une des raisons pour lesquelles ici mon art plait.

- Q: Comment se prépare-t-on à la réalisation d’une statue religieuse, comme par exemple celle de Saint Maron?
-R: En étudiant ce que je vais présenter, dans ce cas l’histoire de Saint Maron. C’était un ermite, le fondateur de l’Église Maronite, l’une des Églises catholiques orientales. J’ai étudié sa vie et ses miracles. Son visage a les traits que quelqu’un qui a eu une existence très dure, celle d’un ermite, avec des souffrances et des privations.
Dans cette œuvre j’ai voulu unir l’Orient et l’Occident. Comment l’ai-je fait ? Dans la simplification des lignes pour que les personnes qui sont habituées aux icônes ne ressentent pas cette statue comme quelque chose d’étrange. Saint Maron offre l’Église Maronite au monde, avec sa crosse de berger. Cette crosse est moderne, elle est faite d’un acier inoxydable, unissant ainsi l’ancien et le moderne. En outre dans la forme de la statue se trouve la tradition occidentale. Un peintre d’icônes, le Père Abdo, me disait que c’était une œuvre très importante, parce qu’elle va devenir l’image de Saint Maron pour tout l’Occident.

- Q: La statue de Saint Maron mesure cinq mètres de haut. J’imagine que sculpter quelque chose comme cela doit être très compliqué. Comment de temps avez-vous mis pour la sculpter ?
-R: Elle mesure cinq mètres quarante. Pour nous faire une idée, le David de Michel-Ange est plus petit. Cela a été très compliqué de travailler avec un aussi grand bloc de marbre de 80 tonnes jusqu’à en laisser finalement une statue de 25 tonnes.
J’ai mis six mois à la sculpter, c’est peu mais c’est ainsi. C’était le 1600e anniversaire de la mort de Saint Maron et l’on avait organisé un concours pour la réalisation de sa statue à installer dans l’une des niches libres du Vatican. Cependant le Cardinal Comastri, Président de la Fabrique de Saint Pierre (ndt: voir ici) , et le Saint Père ont décider de n’attribuer le travail à aucun des participants au concours mais de me confier le travail car j’avais déjà fait la statue de Sainte Raphaëlle et ils pouvaient avoir confiance dans le fait que le résultat serait selon leur goût. Ce qui a fait que le délai a été très court. Les mois qui s’étaient écoulés pour prévoir qui allait réaliser la statue m’auraient bien convenu pour travailler avec plus de calme.

- Q: Parmi toutes les oeuvres que vous avez réalisées, laquelle est votre favorite et pourquoi?
- R: À l’instant même je suis très fier de celle-là. Que le Cardinal Bertone déclare "votre statue fait partie des plus belles du Vatican" et entendre dire le Saint Père que la statue l’a « colpito » (ndt frappé, ému), cela vous impressionne…

- Q: Quel est le rôle de l’artiste à l’intérieur de l’Église?
-
R: L’art est un langage, une forme d’expression. La vérité est belle et la beauté se rapproche du Seigneur. Les artistes de l’ancien temps recherchaient la beauté parfaite comme ce qui était le plus près de Dieu. Ils ne cherchaient pas à appeler l’attention ni à scandaliser, comme cela arrive souvent aujourd’hui. Il y a des artistes qui utilisent un langage qui n’est qu’un simple sensationnalisme. Moi j’essaie que mes statues aident à prier ceux qui les voient. L’artiste a comme mission dans l’Église de créer une fenêtre qui rapproche du divin. L’art religieux aide à prier, à s’approcher du Seigneur ou au Seigneur en train de vivre à un moment déterminé.

- Q: D’après vous, quel est le principal problème de l’art religieux actuel?
- R: Aujourd’hui, dans de nombreuses occasions, la seule chose qu’on regarde, c’est le nom de l’artiste, et souvent il s’agit d’artistes qui ne sont pas religieux et ne comprennent pas la religion. Ces œuvres ont une bonne dose de narcissisme et d’égocentrisme. Ils utilisent un langage qui n’est pas religieux. On obtient un nom célèbre, on paie très cher, mais au final les gens ne s’approchent pas pour prier.
Nous, comme catholiques, nous venons d’une tradition d’art religieux, qui a assumé le meilleur de l’art antérieur. En revanche, il semble que l’art moderne, a rompu avec tout ce qui était avant et est orienté ver la commercialisation. Peu à peu la Conférence des Évêques va se rendre compte de cela, de la même façon que le Vatican. Cependant on se trouve avec le problème de ce qu’il a un vide très grand dans ce domaine. Aujourd’hui, il y a très peu de sculpture vraiment religieuse.

- Q: Nous avons appris que, à l’occasion de la visite de Benoît XVI (pour les JMJ de Madrid), certaines de vos oeuvres dans la Cathédrale de la Almudena (ndt cathédrale madrilène Notre Dame la Royale de la Almudena) seront inaugurées. Pouvez vous nous en parler ?
- R: Oui, il y a eu un concours et je l’ai remporté malgré la participation de grands sculpteurs comme Ramón Chaparro (ndt artiste originaire d’Estrémadure, né en 1956. 4 de ses statues ont été installées en 2001 sur la cathédrale) ou Luis Sanguino (artiste d’origine catalane né à Barcelone en 1934), qui avaient déjà travaillé auparavant pour la Almudena. J’ai sculpté un Christ Pantocrator, quatre reliefs de la vie de Notre Dame de la Almudena, un Saint Michel et un Saint Gabriel. Ils seront installés face au Palais Royal, sur la façade principale.

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