Articles Images La voix du Pape Lecture, DVD Visiteurs Sites reliés Recherche St-Siège
Page d'accueil Articles

Articles


60 ans de sacerdoce Saint-Marin, 19 juin Avec les tsiganes, 11 juin Croatie, 4-5 juin 2011 A bord de la Navette spatiale 7-8 mai: Aquilée et Venise Béatification de JP II Voyages 2011

La révolution des poulets sans tête.

Que se passe-t-il en ce moment, en Espagne? Une analyse du journaliste espagnol José Antonio Méndez sur son blogue hébergé sur Religión en libertad. Traduction par Carlota (22/5/2011)

Carlota

Des protestations populaires se déroulent en Espagne depuis la mi-mai sans que cela face vraiment la une des journaux en France (Pour éviter la contagion ? Parce que le feuilleton médiatique DSK fait bien mieux « vendre » de l’image au jour le jour?). Parmi les revendications des manifestations il y a notamment une critique du système électoral qui empêche toutes les courants politiques d’être représentés et laissent le pouvoir à un bipartisme qui pratique grosso modo la même politique depuis 30 ans. L’on connaît la même chose chez nous.
Voici une analyse faite par le journaliste espagnol José Antonio Méndez sur son blogue hébergé sur religión en libertad (voir original ici: www.religionenlibertad.com/... ): on aimerait que la conclusion soit prise en compte !

La révolution des poulet-sans-tête

Les expressions populaires de Madrid ont rempli d’étonnement les gens. Nous étions tellement habitués à la passivité silencieuse des Espagnols, à leur habitude d’en avaler des vertes et des pas mûres en disant que cela nous plaisait, que cette revendication soudaine et pré-électorale nous a vraiment surpris. Son origine n’est pas dans une cause concrète comme les grandes manifestations pro-vie ou contre la guerre (ndt notamment contre intervention de l’Espagne au côté des nord-Américains en Irak). C’est l’expression d’un dégoût généralisé et abstrait, total.

Certains me disent que les manifestants de Madrid sont le fait des anti-système des diverses gauches, qu’ils sont politisés, qu’ils veulent jouer à être des Che Guevara ou des révolutionnaires arabes, qu’ils ne se sont réveillés que parce qu’il veulent un travail, ou parce que ce sont des punks ou autres types du même genre. Il est sûr qu’il y en a mais donner cela comme unique réponse me paraît un réductionnisme que ne correspond pas à la réalité. Parce que ceux qui campent au Soleil (Ndt: en vo Sol, jeu de mot avec le nom de la place « Puerta del Sol », la porte du Soleil, où sont installés les manifestants) sont la pointe de l’iceberg, l’expression la plus visible, médiatique et peut-être bien instrumentalisée, mais n'en sont pas moins la plus représentative de cette manifestation de colère générale.

Les indignés

"Les hommes politiques nous pissent dessus et les médias disent qu'il pleut"

Pour les gens, surtout les jeunes, ne pas avoir de travail, ni de retraites assurées, n'est pas la seule raison d'exprimer leur indignation. Ce sont des choses du matérialisme régnant. Mais les mécontents ne demandent pas seulement du travail, une maison et des retraites. L’Espagne vit une « dé-légitimation » institutionnelle et un détachement politique sans précédents, comme conséquence d’une crise morale qui a corrompu le système. Nous, la majorité des Espagnols nous ne nous sentons pas représentés par ceux qui disent nous représenter: la démocratie s’est transformé en partitocratie, la justice est politisée, la politique ne recherche pas le bien commun (ni même l’intérêt général), les médias sont vendus au pouvoir (Ndt: ou mieux aux financiers qui se servent des hommes au pouvoir), le système éducatif n’éduque pas, la télévision rend idiot…

Bien sûr qu’à la Puerta del Sol, il y a des groupes de l’extrême gauche prêts à profiter du malaise social et à lui imprimer un sceau marxiste ! Mais ce qui est remarquable, ce n’est pas cela, mais c’est que le malaise du citoyen est au dessus de son idéologisation.
Alors que les Égyptiens demandaient qu’un satrape soit remplacé par un système démocratique, en Espagne, il n'est pas proposé d'alternatives qui dépassent l’expression du mécontentement, parce que la crise morale qui est derrière la crise institutionnelle aujourd'hui critiquée, a vidé l’horizon des critères de ceux qui manifestent. Les mécontents semblent découvrir que ce n’est pas la même chose gouverner d’une façon ou d’une autre, que toutes les valeurs ne sont pas égales, ni toutes les idées srespectables. Que l’homme ne peut pas être au service des masses, ni du pouvoir, ni de l’État, ni du marché. Mais assumer que toutes les valeurs et les formes de vie (et de façon de gouverner) ne sont pas égales, entre en opposition avec le relativisme sur lequel ils ont construit leur vie. Pour cela il n’y a pas d’alternatives, ni d’idées-force capables de rassembler tout le monde, il n’y a que le fracas d’une multitude qui se manifeste comme des poulets décapités, tandis que les post-communistes jouent du bongo (ndt petits tambours cubains).

Ces jours-ci quand la droite qui s’exprime dans les médias critique les pamphlets progressistes des Indignés (Ndt le mot espagnol correspond à la forme du parler de la rue de l’adjectif et veut sans doute insister sur le caractère populaire des manifestants qui ont démarré leur mouvement le 15 mai également désigné sous « 15-M ») et de la Réaction, elle reconnaît implicitement qu’elle n’a rien apporté au débat intellectuel. En réalité le premier et quasiment le seul à dénoncer cette situation et à en appeler à un changement de vie personnel et social, cela a été Benoît XVI, dans Caritas in veritate. Et le Pape est très, mais très au dessus de la droite ou de la gauche.
A part lui, et quelques évêques, aucun intellectuel catholique (ou à défaut, de l’ensemble de la droite en général) n'a traduit ses postulats en des projets de mise en œuvre sur le plan politique et de la société. C'est pourquoi ce ne sont pas seulement les partis, qui doivent prendre note du ras-le-bol général. L’Église aussi doit renforcer sa mission prophétique, d’annonce et de dénonciation, à partir des laïcs qui ont dans le magistère du Pape et dans les paroles des évêques (Ndt ceux évoqués plus haut en attendant les autres!) l’appel le plus lucide à l’action pour sortir de cette crise.

José Antonio Méndez

Conclusion de la Visite Pastorale diocésaine Strauss-Kahn et Cie