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Le Pape, la musique liturgique

... et les polémiques du vaticaniste (1er/6/2011)

Dans son dernier billet, intitulé "Très belle musique. Mais le chœur chante faux" , Sandro Magister continue ce qui resssemble de plus en plus à une démarche subreptice de critique du Pontificat (pas du Saint-Père, je le précise, mais il est difficile de dissocier les deux). Ses chroniques lancent des débats, et ensuite, il se pose en arbitre
Récemment, il s'est justement posé en arbitre d'un débat sur "la manière d'interpréter les nouveautés introduites par le concile Vatican II, en particulier dans le domaine de la liberté religieuse". A relier, sans aucun doute, avec la prochaine, et déjà contestée visite du Saint-Père à Assise, en octobre prochain.
Il y a eu une série d'articles, commençant le 8 avril avec Les grands déçus du pape Benoît , (un titre qui n'a pas été choisi au hasard, et qui a aussi trouvé malheureusement des échos en France, où le "tournant" du Pontificat a fait florès), et culminant le 25 mai dans une empoignade générale où intervient aussi Massimo Introvigne, Liberté religieuse. L'Église avait-elle raison même quand elle la condamnait?

Tout cela pourrait bien être la face émergée d'un jeu d'intrigues et de pouvoir dont l'influent et talentueux vaticaniste est l'un des protagonistes (c'est une hypothèse!).

Cette fois, la cible de ses critiques est le Choeur de la Chapelle Sixtine, ce n'est pas la première fois.
L'occasion de cette nouvelle polémique est le centième anniversaire de l'Institut Pontifical de Musique Sacrée, créé en 1911 par Pie X afin de favoriser "la grande musique liturgique, grégorienne et polyphonique". Et le fait que le Pape ne se rendra pas aux festivités, et que sa lettre annoncée, qui devait être lue par le Chancelier de l'Institut, n'aurait même pas été publiée (*).

Extraits:
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Un point faible de ce pontificat concerne la musique liturgique. Les faits ne correspondent pas à la grande vision qu'en a Benoît XVI ; au contraire, ils vont en sens inverse.
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Benoît XVI est (..), un pape aux compétences musicales reconnues, plus encore que son saint prédécesseur [Pie X]. Il a dit et écrit des choses mémorables et géniales à propos de la musique en général et de la musique sacrée.
Mais contrairement à Pie X, ce qu’a dit le pape actuel n’a pas été concrétisé par les faits.
Au lieu de le faire renaître, Benoît XVI a laissé dépérir ce qui avait été la gloire musicale des liturgies pontificales : le chœur de la Chapelle Sixtine. Celui-ci fut décapité en 1997 lorsque les responsables des cérémonies du pape Karol Wojtyla congédièrent son très compétent directeur, Domenico Bartolucci, qui ne fut défendu que par un seul haut dirigeant de la curie, celui qui était alors le cardinal Joseph Ratzinger.
En tant que pape, celui-ci a fait Bartolucci cardinal en 2010. Mais jamais, à ce jour, il ne l’a reçu en audience (ndlr: est-ce si sûr? Et puis le cardinal Bartolucci a 93 ans!). Jamais non plus il ne l’a consulté pour bénéficier de ses lumières, par exemple à propos de la nomination du nouveau directeur de la Chapelle Sixtine : le poste a été attribué, toujours en 2010, à quelqu’un, le père Massimo Palombella, qui n’est manifestement pas à la hauteur de ce rôle.
...
(..) Il ne serait pas impossible d’élever la qualité des chants qui accompagnent les liturgies pontificales, à condition d’avoir la volonté de repartir du début et de faire appel à des hommes compétents et qui aient la même conception de la musique liturgique que le pape.
L’endroit où cette conception est la plus vivante et la plus présente, à Rome, est justement l’Institut Pontifical de Musique Sacrée qui fête ces jours-ci son centenaire...
Mais, chose incroyable, la curie vaticane fait tout sauf valoriser les hommes et les orientations de cet Institut. Au contraire, on dirait qu’elle fait le maximum pour les boycotter.
Le 14 mars dernier, l'archevêque Fernando Filoni, alors substitut du secrétaire d’État, avait affirmé par écrit que le pape avait "accueilli avec bienveillance la demande d’une audience pontificale et d’une lettre apostolique" à l’occasion des célébrations du centenaire.
Et en effet l'Institut annonçait aussi l'audience du pape sur l'invitation au congrès.
Mais, quelques jours avant l’ouverture du congrès et les invitations étant déjà envoyées, la préfecture de la maison pontificale a fait savoir qu’il n’y aurait pas d’audience, pas plus que de lettre apostolique.
L’une et l’autre seraient simplement remplacées par un message du pape, sous la forme d’une lettre au cardinal Zenon Grocholewski, préfet de la congrégation pour l'éducation catholique et donc grand chancelier de l'Institut.
C’est ce qui a eu lieu le matin du jeudi 26 mai, jour d’ouverture du congrès. Mais avec un camouflet en plus. Contrairement à tous les autres messages pontificaux de ce genre, celui-ci n’a pas été rendu public par la salle de presse du Saint-Siège et il n’a pas été cité par Radio Vatican.
...
Il est désormais évident que Benoît XVI, en sélectionnant de manière drastique ses engagements, a renoncé à agir et à prendre des décisions en ce qui concerne la musique sacrée.
Mais il est également trop clair, désormais, que ceux qui décident à sa place dans ce domaine – à la secrétairerie d’État comme à la préfecture de la maison pontificale ou ailleurs – agissent souvent de manière différente et parfois opposée à ce que pense le pape.
Une fois cet écart constaté, ce qui reste incompréhensible, c’est pourquoi le pape Benoît XVI le tolère.
Autrement dit, ce qui reste incompréhensible, c’est pourquoi il a décidé de renoncer à quelques décisions opérationnelles simples pour lesquelles il était et il est pleinement libre de son choix, dans un domaine comme celui-ci, qu’il considère comme tellement crucial et à propos duquel il a des idées tellement claires. Et pourquoi il a abandonné ces décisions à des hommes qui, au vu de ce qu’ils font, ne l’aident certainement pas dans son effort pour rendre de la lumière et de la "splendeur de la vérité", y compris musicale, à la liturgie catholique.
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De ce texte, il émerge clairement deux faits objectifs:
- Le premier, c'est que Sandro Magister suggère que le Saint-Père est mal entouré, règlant ainsi ses comptes avec certains membres de la Curie. Ce n'est ni très grave, ni très intéressant - encore que les dissensions affichées au sein de L'Eglise ne peuvent que faire le jeu de ses ennemis .
- Le second l'est davantage, et c'est le résultat: celui de faire passer le Saint-Père pour un petit vieux dépassé par les évènements, qui s'économise, et qu'on peut manoeuvrer. Ce n'est pas la première fois (les signataires de l'appel pour préserver l'intégrité de Summorum Pontigicum avaient déjà insinué la même chose, voir ici). Mais ce deuxième point est éminemment douteux; et de toutes façons, même si la musique est extrêmement importante à ses yeux, et pour beaucoup de fidèles, il y a sans doute des choses autrement plus importantes et plus graves qui requièrent ses soins.

(*) Dernier épisode (difficile de dire si l'article de Sandro Magister est la cause de ce "revirement") la lettre du Saint-Père au cardinal Zenon Grocholewski, datée du 13 mai, a été publiée le 31 mai sur le site du Vatican (ici) et l'en-tête précise que la lettre a été lue le 26 mai.
En attendant la traduction en français, voici le résumé qu'en donne le bulletin VIS:

Le Pape a fait parvenir une lettre au Cardinal Zenon Grocholewski, Grand Chancelier de l'Institut pontifical de musique sacrée, à l'occasion du centenaire de cet organisme. Elle a été lue le 26 mai.
Rappelant que Pie X fonda l'Ecole supérieur de musique sacrée, érigé vingt ans plus tard en institut pontifical par Pie XI pour en préciser la mission, Benoît XVI a rappelé que l'initiative fit suite au Motu Proprio Tra Le Sollecitudini du 22 novembre 1903, qui fixait une profonde réforme de la musique d'Eglise dans la tradition et hors l'influence des genres profanes: "Cette intervention du Magistère dota l'Eglise universelle d'un centre d'étude et d'enseignement fidèles aux indications du Pape qui voulait une retour à la grande tradition grégorienne. En cent ans d'activité, l'institut a assimilé, élaboré et transmis musicalement les enseignements pontificaux et ceux du Concile Vatican II, destinés à éclairer les compositeurs de musique liturgique, les maîtres de chapelle, les liturgistes, les musiciens et les enseignants".

Benoît XVI a dit ensuite que depuis Pie X, on avait tenu compte de l'évolution naturelle, reconnaissant la continuité substantielle du Magistère en la matière. A la lumière de la constitution conciliaire Sacrosanctum Concilium, Paul VI et Jean-Paul II ont rappelé la finalité de la musique sacrée, qui est la gloire de Dieu et la sanctification des fidèles.
"Ses critères fondamentaux sont le respect de la tradition, le sens de la prière, la dignité et la beauté, la pleine adhésion aux textes et séquences liturgiques, la correcte participation de l'assemblée, une légitime adaptation aux cultures particulières dans le respect du langage universel, le primat de référence du chant grégorien, une mise en valeur attentive aux diverses autres formes expressives du patrimoine culturel de l'Eglise, la polyphonie comme les chorales dans les cathédrales...
On doit toujours se demander: quel est le véritable sujet de la liturgie?
La réponse est simple: l'Eglise. Non le groupe particulier célébrant mais l'action de Dieu dans l'Eglise, qui génère son histoire, sa tradition et sa créativité. La liturgie et la musique sacrée vivent du rapport constant entre une sainte tradition et un légitime progrès, en ayant à coeur que les deux aspects s'intègrent l'un l'autre. Comme l'ont rappelé les pères conciliaires, la tradition est une réalité vivante qui inclut le principe du développement et du progrès".

Massimo Introvigne en donne une recension dans un article intitulé: Le Pape réaffirme la primauté du chant grégorien :

"Le Saint-Siège a rendu public le 31 mai une lettre, datée formellement du 13 mai 2011, que Benoît XVI a adressée au Chancelier de l'Institut pontifical de musique sacrée, le cardinal Zenon Grocholewski, à l'occasion de la célébration du centenaire de l'Institut. La publication de ce document était très attendue et faisait suite à quelques polémiques journalistiques (!) sur un sujet qui, de façon compréhensible, tient à coeur à de nombreux fidèles et qui a malheureusement vu ces dernières années l'ample diffusion d'abus.

Etrange invitation de notre ambassade en Espagne Découragement maltais