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Stepinac et Wyszynski, 2 victimes du communisme

Deux cardinaux, un croate et un polonais, vénérés par l'Eglise et les fidèles. Alors que le Saint Père s’apprête à partir pour la Croatie, deux textes en espagnol - dont un de JL Restàn - qui rappellent la souffrance de l’Église soumise aux persécutions communistes. Traduction de Carlota (3/6/2011)

Le cardinal Alojzije Stepinac a été béatifié par Jean-Paul II lors de sa visite en Croatie en 1998.
Quant au cardinal polonais Stefan Wyszynski, mort il y a 30 ans, le 28 mai 1981, Benoît XVI a prié pour sa béatification dimanche dernier: saluant les Polonais dans leur langue, après la prière mariale du Regina Coeli, il a évoqué le 30e anniversaire de la mort du cardinal Stefan Wyszynski, « Primat du Millénaire » en ces termes : « Invoquant le don de sa béatification, apprenons de lui l’abandon total à la Mère de Dieu. Que sa confiance exprimée par ces paroles: “J’ai tout misé sur Marie”, soit pour nous un modèle spécial. Rappelons-nous cela au terme du mois de mai dédié de façon spéciale à la Sainte Vierge » (Zenit ).

Le bienheureux Alojzije Stepinac
Par P. J. Ginés (original ici www.religionenlibertad.com/)
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Dimanche à cinq heures de l’après-midi, Benoît XVI vénérera dans la cathédrale de Zagreb la tombe du bienheureux cardinal Alojzije Stepinac (1898-1960), béatifié par Jean-Paul II lors de sa visite pastorale en Croatie en 1998.

Le cardinal Stepinac symbolise l’horreur de l’Europe divisée par les totalitarismes et la manipulation par la propagande que les idéologies ont exercé à leur profit au cours du XXème siècles. Le régime communiste du maréchal Tito a inventé toute une légende noire sur le cardinal, avec un simulacre de jugement comme collaborateur du régime fasciste pendant la second guerre mondiale (ndt l’auteur de l’article reprend ce terme générique qui a été employé pour la première fois par les communistes pour désigner leurs adversaires, lors de la guerre d’Espagne, mais qui continue toujours à être utiliser pour des faits contemporains, y compris en Europe! Il y eut une extraordinaire résistance d’origine monarchique aux nazis, mais évidemment ces partisans-là eux aussi furent exterminés par les communistes…). La gauche de l’Europe Occidentale, séduite par le supposé « communisme humain » du régime de Tito en Yougoslavie, qui se présentait comme une alternative « modérée » à Staline et l’URSS, a amplifié la propagande anticléricale de Tito en Occident.

Encore aujourd’hui il y en a qui répète la légende noire communiste contre le bienheureux Stepinac, comme par exemple beaucoup de nationalistes serbes anti-croates, quelques fondamentalistes orthodoxes radicalement anticatholiques, quelques athées et anticléricaux qui copient sans aucun sens critique tout ce qui traîne sur internet (ndt malheureusement certains Etats y compris ceux que l’on dit encore démocratiques ont la même attitude par rapport à l’Histoire. L’Espagne mais pas uniquement elle, en est un bon exemple !), sciemment ou non, et dans une extraordinaire mixture (que seuls unissent l’anticatholicisme et le manque de rigueur historique) maintiennent vivante la légende noire élaborée par le régime de Tito.

Jean-Paul II, comme Polonais bon connaisseur des tactiques de diffamation et de discrédit de la propagande communiste, ne s’est pas laissé intimider, il a fait enquêter sur la vie du cardinal, qui a passé 5 ans en prison, est mort alors qu’il était en résidence surveillée et il a présidé sa béatification.

Le communisme de Tito, c’est quelques 700 prêtres et religieux catholiques assassinés entre 1943 et 1947 par des unités de partisans, de forces de polices et militaires, selon ce qu’ont pu établir les historiens, des unités complètement noyautés par des agents et des conseillers de la NKVD soviétique (l’ancêtre du KGB). Pour les « guerilleros » communistes yougoslaves, la guerre n’a pas commencé quand Hitler a envahi le Royaume de Yougoslavie, mais deux mois et demi après, quand Hitler a envahi à son tour ce qui était jusque là son alliée, l’Union Soviétique. C’est alors que Staline donna l’ordre de faire jouer ses « pions » sur l’échiquier des Balkans, non sans avoir au préalable faire épurer (tuer) quelques 50 intellectuels communistes yougoslaves « peu staliniens ».

Les unités de partisans ont tué 4 évêques, 506 prêtres et 50 séminaristes durant les années de guerre, il s’agissait de personnes non combattantes, parfaitement identifiables et désarmées. La victime la plus jeune était un séminariste de 12 ans appelé Iván Skender. Le plus vieille, un curé de paroisse, de 83 ans, Vide Putica.

La guerre se termine en 1945 mais pas la persécution sanglante contre le clergé : de la fin de la guerre jusqu’en 1947 les unités communistes ont tué 70 membres du clergé catholique, plus 38 séminaristes et 31 religieuses. Beaucoup de ces assassinats ont été assortis de campagne de calomnie contre les victimes pour les faire accepter par l’opinion publique.

La propagande serbe communiste diabolisa les croates catholiques. Bien que le clergé catholique croate eût protégé les slaves de la région d’Istrie de beaucoup d’abus de l’administration mussolinienne, la propagande communiste établit aussitôt la relation entre clergé et fascisme, l’associant au mouvement des Oustachis d’Ante Pavelic (ndt mouvement soutenu par une minorité de Serbes et mis en place par Mussolini. Il est indispensable pour mieux comprendre un pays de toujours reprendre son histoire sur le court mais aussi long terme, notamment la présence italienne via la République de Venise, l’empire austro-hongroise, les revendications de l’Italie unifiée et du camp des vainqueurs en 1918, etc.). Personne n’a voulu se rappeler que ce mouvement minoritaire en Croatie, qu’ Hitler et Mussolini hissèrent au pouvoir, était né en 1929 précisément pour s’opposer au chef du parti majoritaire catholique et anti-fasciste Stjefan Radie.

Milan Simcic, bon connaisseur de l’histoire moderne de la Yougoslavie et ancien sous-secrétaire de la Congrégation pour le Clergé à Rome, a défendu Stepinac contre les informations fausses que le journal communiste italien “Il Manifesto” répétait encore en 1998, à la veille de la béatification.
Il l’a ainsi expliqué au journaliste Antonio Gaspari:

"Les accusation de collaborationnisme [de Stepinac] avec le régime fasciste de Pavelic se démentent par une abondance d’éléments. Durant la guerre les partisans de Tito citaient fréquemment de longs textes des homélies et des lettres pastorales de Stepinac, surtout celles qui dénonçaient les atrocités des troupes allemandes, italiennes et des Oustachis. Le fait que, en tant qu’archevêque en temps de guerre, il ait eu des contacts avec le pouvoir constitué ne signifie par qu’il fût un collaborateur. Quand à la fin de la guerre les communistes ont commencé leurs grands procès staliniens et qu’ils ont fait le procès de Stepinac, il a répondu aux accusations en disant : « Avec qui devais-je traiter ? Avec vous qui étiez au maquis ou avec les autorités de Zagreb desquelles dépendait le sauvetage des personnes pour lesquelles j’intercédais ? Et parmi ces personnes sauvées, il y avait beaucoup de communistes, de juifs croates et d’antifascistes […]. »

En 1946, plus de six cents prêtres et religieux avaient déjà été tués, et des milliers continuaient à être persécutés. Tito avait proposé à Stepinac de séparer l’Église croate, et avait reçu comme réponse un retentissant NON. Tito n’était pas habitué à tolérer les personnes qui s’opposaient à ses désirs. Milovan Djilas en savait quelque chose, lui qui, bien que second du parti, avait été évincé et emprisonné. Le grand sculpteur croate Ivan Mestrovic rappelait dans ses mémoires la conversation tenue avec Djilas, dans laquelle il reconnaissait l’innocence de Stepinac: il était nécessaire de donner satisfaction aux Serbes qui avaient été persécutés par les Oustachis et les partisans croates combattus par le même régime. N’ayant pu mettre la main sur Pavelic, on avait décidé de prendre comme bouc émissaire Stepinac, comme étant la plus haute autorité morale du peuple croate.

En même temps on voulait décapiter l’Église catholique en mettant en prison son guide autorisé. Le procureur général lui-même, Jakov Blazevic, qui a conduit l’accusation contre Stepinac, au cours de plusieurs entretiens, a raconté que le procès avait été préparé à Belgrado jusque dans les plus petits détails, et que chaque après-midi il appelait directement Tito et recevait ses instructions. Toute la gauche européenne était en extase en faveur de la Yougoslavie de Tito, comme modèle du socialisme autogéré et à visage humain. Ils y trouvaient une option contre le communisme monstrueux de Staline et Brejnev.

     


Stéphane le Grand (*)
Par José Luis Restán
02/06/2011
(original ici www.paginasdigital.es.. )
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Trente ans, un arc immense pour l’histoire de l’Europe, bien qu’ils aient passé le temps d’un soupir.
Il y a trente ans Stefan Wyszynski, héroïque Primat de Pologne, rendait son âme à Dieu sans savoir quel serait le destin de sa patrie et de l’Europe entière. Quelques heures après avoir eu une conversation téléphonique avec son ami et frère Karol Wojtyla, lui aussi de retour de l’hôpital après l’attentat d’Ali Agca. "Bénis-moi, Père", lui demanda-t-il d’une voix entrecoupée. Tous deux savaient que le destin du monde était en bonnes mains même si apparemment tout paraissait s’écrouler.

La Pologne l’a pleuré dans une plainte longue et profonde. Cet homme avait été le père de la nation dans les heures obscures, il avait représenté non seulement la résistance face au totalitarisme, mais aussi la démonstration que malgré la carcasse du pouvoir communiste la société polonaise pouvait continuer à vivre de sa tradition chrétienne. L’on peut dire que Wyszynski est l’un des ces hommes que la Providence de Dieu fait surgir juste au bon moment pour que l’espérance se maintienne dans les temps d’obscurité. Il était fort de corps et d’esprit, d’une apparence sévère mais une secrète douceur, toujours attentif aux problèmes sociaux, fortement ancré dans la tradition mais ouvert aux changements nécessaires. Durant l’occupation nazie il dut se jouer de la Gestapo et durant le soulèvement de Varsovie il agit comme aumônier des insurgés. Alors qu’il était âgé de 47 ans, Pie XII le choisit comme nouveau Primat d’une Pologne sous le contrôle direct de l’URSS.

Commence alors une histoire presque unique. Avec un mélange de fermeté et de flexibilité, de résistance et de créativité, Wyszynski réussit le miracle d’une Église qui se maintient vivante et puissante dans un pays gouverné par les communistes. Eux, maintiennent tous les ressorts du pouvoir : les lois, la planification, l’appareil de la répression. Mais l’Église maintient vivante l’âme chrétienne de la nation, son lien avec le peuple esquive et dépasse le licou de l’idéologie, l’asphyxiant filet du nouveau pouvoir totalitaire. Il y a des périodes de tranquilité et d’autres de confrontation ouverte. Après les premières mesures, en 1953, le Primat Wyszynski est arrêté de nuit et déplacé de prisons en prisons. Durant trois ans le régime essaiera par tous les moyens de se débarrasser de cet adversaire incommode, avec des menaces et des flatteries ; en lui offrant de fausses possibilités de sorties que le Primat écartera une après l’autre, sereinement.

Ces trois années durant lesquelles il lui fuit interdit de réaliser sa mission ont été concrétisées dans le singulier « Notes de prison » (Ndt j’ai donné le titre de sa parution en français: www.editionsducerf.fr..) . Dans ce journal nous sont révélées l’angoisse et la faiblesse d’un homme qui cependant, confie la totalité de son sort dans les mains de Dieu. Nous avons ainsi su que sous sa cuirasse, le Primat Wyszynski a eu peur d’être soumis à la torture, ou pire encore, d’être l’objet d’une opération de discrédit comme celles dont souffrirent d’autres évêques et cardinaux dans les pays de l’Est, dans le but de le séparer de son peuple. Mais la Pologne était différente aussi en cela et les pantins moscovites avaient bien plus peur de leur prisonnier que de ce qu’il pouvait craindre de leur violence et de leurs mensonges. Et en 1956 le Primat s’installa de nouveau dans son siège épiscopal et récupéra la plénitude de ses fonctions sans avoir renoncé à la moindre chose.

J’ai eu le privilège de contempler la dévotion du peuple polonais pour Stéphane Wyszynski aux portes du Sanctuaire de Czhestokowa, alors que la nuit tombait. Une statue de marbre noir le représente à genou en train de prier, face à une plaine immense, la même qui a vu durant des siècles s’abattrent d’innombrables armées qui prétendaient non seulement conquérir la Pologne, mais extirper sa fibre catholique. Jusqu’à ce lieu étaient arrivés des paysans et des étudiants, des vieillards ridés et des jeunes de la nouvelle époque marquée par les libertés politiques et la tentation d’un nouveau scepticisme ; ils venaient par centaine à n’importe quelle heure, pour déposer des fleurs et des cierges allumés. Et ainsi, comme dans un foyer bien chaud au milieu de la nuit, la mémoire de Wyszynski éclaire le pèlerinage de son peuple jusqu’aux pieds de la Mère de Jasna Gora, devant laquelle le Primat a déposé en son temps les Promesses de fidélité qui exprimaient la conscience des catholiques polonais. Cette conscience qui avait donné au monde et à l’Église le premier Pape slave de l’histoire et avec lui un tournant décisif et providentiel, comme l’a souligné Benoît XVI.

Trente ans après, comme l’Europe a changé ! Je ne sais pas très bien que pourra signifier une figure comme celle de Stéphane Wyszynski pour les dirigeants politique d’aujourd’hui (si rachitiques), pour les grands médias (si communs), pour les jeunes qui campent entre apathie et protestation. Mais je sais qu’il n’est pas seulement le témoin d’une époque dramatique et à la fois belle. Il n’est pas un héros qui rentre dans la légende. Tout au moins pour l’Église : il est la preuve palpable de ce que Dieu peut faire avec la fragile créature humaine. Il est la vérification de la foi qui vainc le monde, non pas par la violence et en imposant, mais à travers la souffrance et l’amour. Comme il l’écrivit le 4 octobre 1956: "le futur n’appartient pas à ceux qui haïssent mais à ceux qui aiment, la mission de l’Église dans ce monde est loin de s’accomplir, c’est pourquoi ses serviteurs sont appelés aux épreuves et à entreprendre des actions nouvelles ». Cela a été dit comme si c’était pour l’instant présent même.
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Note de Carlota:

(*) Je ne sais pas si le rapprochement est voulu, mais le titre évoque aussi pour les roumanophones un autre champion de la chrétienté, Stéphane le grand (ou Étienne) prince moldave du XVème siècle, qui résista pendant près d’un demi-siècle à l’Empire Ottoman et fut appelé par le Pape Sixte IV "Athleta Christi"

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