Récupération du Pape vert
après le mémorable discours aux ambassadeurs du jeudi 9 juin. On pouvait s'y attendre! (10/6/2011).
-> Cf L'écologie humaine selon Benoît XVI
Info:
Les Italiens sont invités dimanche 12 et lundi 13 juin à se prononcer, dans le cadre d'un référendum d'initiative populaire, sur la sortie du nucléaire, la libéralisation de la gestion de l'eau et la fin de l'immunité des ministres et du chef du gouvernement en exercice.
En italie, les paroles du Saint-Père, s'adressant mercredi à plusieurs ambassadeurs venus lui présenter leur lettres de créance ne sont donc pas tombées dans les oreilles de sourds.
C'est un exemple typique de récupération et d'instrumentalisation, et Raffaella , sous le titre en "latin-macaroni" (c'est elle qui le dit avec humour!) Sic transit gloria "jornalorum", s'est amusée à mettre côte à côte les titres de la presse de gauche engagée et enragée au lendemain de l'élection du 19 avril 2005, et les mêmes aujourd'hui:
- Il Manifesto, 19 avril 2005: Il Pastore tedesco (ndt: le mauvais jeu de mot sur "le berger allemenand")
- Il Manifesto, 9 juin 2011: Lo dice anche il Papa (Le Pape aussi le dit). Et en dessous: à la veille du référendum, le Pape enterre le nucléaire.
- Liberazione, 19 avril 2005: Le croisé de la foi. Et à côté, un édito!: Pauvre Voltaire.
- Liberazione, 9 juin 2011: Fumata verde (fumée verte).
Andrea Tornielli, sur la Stampa, réagit avec beaucoup de justesse.
Article en italien ici.
Ma traduction.
La morale naturelle d'un pape hors des schemas
Andrea Tornielli
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Les mots prononcés hier matin par Benoît XVI sur la nécessité pour l'homme d'adopter un mode de vie qui préserve l'environnement, soutenant la recherche d'énergies propres, respectueuses "de la création et inoffensives pour les hommes", ont été accueillis très favorablement dans de nombreux milieux, aussi en raison de l'imminence du référendum sur le nucléaire.
Ratzinger s'adressait aux nouveaux ambassadeurs de la Moldavie, la Guinée équatoriale, le Belize, la Syrie, le Ghana et la Nouvelle-Zélande, mais ses paroles ne représentent certainement pas une nouveauté, étant donné que le Pape a maintes fois abordé le thème de la sauvegarde de la création et de l'urgence pour l'homme de ne pas se laisser dominer par la technologie. Thème par ailleurs de très grande actualité après ce qui s'est passé au Japon.
Dimanche dernier à Zagreb, devant les fidèles croates , le pape avait parlé de la famille, indiquant l'importance de la "qualité des relations avec les personnes, et les valeurs les plus profondes de l'homme", et rappelant l'enseignement chrétien sur le mariage et la sexualité.
Il n'avait pas prononcé de condamnations ou d'anathèmes, mais seulement proposé, en fait, reproposé le message de l'Evangile.
Provoquant des réactions et soulevant des critiques plutôt fortes (ndt: pas en France, où à d'infimes exceptions près, le message du Saint-Père est désormais scandaleusement boycotté!), aussi à cause de l'habitude italienne de lire les paroles du Pape comme si elles étaient toujours liées à nos querelles politiques.
Mais au-delà des critiques d'hier au Pape exhortant les catholiques à ne pas choisir la cohabitation comme un modèle pour la réalisation de sa vie affective, et au-delà des hosannas d'aujourd'hui au Pape écologiste qui parle d'énergie propre, ce qui ressort une fois de plus, c'est la complexité de la figure de Benoît XVI.
Un Pape qu'on ne peut pas enfermer à l'intérieur des schémas ou des étiquettes "tradionaliste-progressiste". Un Pape qui tient unis en un unique fil rouge le discours de dimanche sur la famille et celui «écologique», d'hier, sous le signe du respect de l'ordre de la création.
Ratzinger considère la dégradation de l'environnement comme l'une des conséquences de la déchristianisation et de la perte de conscience de l'aspect cosmologique de la foi, démontrant en cela une sensibilité très proche de celle des Eglises orthodoxes.
Quand il parle de la famille, comme quand il parle de l'environnement, il le fait sur la base de la morale naturelle, en dialogue avec chacun, conscient que pour la survie de l'humanité, il est nécessaire de conjuguer "la technologie avec une dimension éthique forte", et un mode de vie sobre "qui respecte l'alliance entre l'homme et la nature" .
