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La guerre autour d'un dictionnaire?

La gauche, on le sait, et on le voit chez nous aussi, aime à réécrire l'histoire afin de servir son idéologie. Un dictionnaire biographique rédigé par l'Académie Royale d'Histoire fait en ce moment grand bruit en Espagne. Le mot-tabou " fasciste " a été lancé…
Un prêtre historien, auteur d'une des entrées, répond à ses détracteurs. Article sur Religion en libertad, traduit par Carlota (18/6/2011)

Carlota

Le totalitarisme s’appuie toujours sur le mensonge. Pour les régimes et les idéologies totalitaires qui se voient établis pour 1000 ans voire pour l’éternité d’un illusoire royaume terrestre, il est primordial de faire disparaître ce qui les a précédés. L’enseignement d’une Histoire falsifiée est l’un des piliers de leur pouvoir.
Des textes légiférant sur « la mémoire historique » n’ont jamais manqué hier comme aujourd’hui, ici comme ailleurs.
Il y a peu, en Espagne, la sortie d’un dictionnaire biographique rédigé par l’Académie Royale d’Histoire a fait grand bruit. Certains noms n’auraient pas du y figurer et des biographies n’y seraient pas [politiquement ?] correctes. Nous connaissons aussi ce genre de « saines critiques » en France !
Prêtre et historien, le Père Ángel David Martín Rubio du diocèse de Coria-Cáceres (Estrémadure) nous propose néanmoins un « Éloge du Dictionnaire Biographique de l'Académie Royale »
(Original ici: www.religionenlibertad.com...)

Eloge du Dictionnaire biographique de l'Académie royale
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Il est fréquent que nous, historiens, nous nous trouvions dans la nécessité de soumettre à une étude critique le travail que d’autres collègues de la profession ont réalisé. Ce type d’analyse nous sert pour vérifier si ces nouveaux apports au patrimoine bibliographique ou documentaire dont utiles à nos propres recherches, et pour déterminer mieux les domaines dans lesquels on peut encore faire des avancées d’intérêt pour la connaissance du passé.
Ce n’est pas le cas de la critique telle qu’elle ressort des approches dont use la gauche politique au service de son projet d’ingénierie sociale.

En ce qui concerne ma trajectoire personnelle, je dois dire que les critiques ont été généreux avec mon apport historiographique. J’aimerais témoigner ma reconnaissance aux nombreuses personnes qui m’ont soutenu, et se sont fait l’écho de mes recherches ou ont facilité la publication de mes livres et articles (1).
En effet, exprimer un désaccord par rapport aux énoncés de base tout en reconnaissant le sérieux du travail est particulièrement stimulant. A l'inverse, les critiques n’ont pas manqué, bien que pour l’instant je n’ai pas encore mérité de recevoir un titre semblable à celui qu’Alberto Reig Tapia a consacré à un des meilleurs historiens de l’Espagne contemporaine : « Anti-Moa » (2). Dans ce livre j’ai à peine mérité du fils de celui qui fut directeur du NODO (3) plus d’attention que quelques ingénieux jeux de mot au sujet de la couleur de mes chemises qui, comme c’est bien connu, on évolué entre le noir et le bleu (4). ..

J’ai reçu un traitement pire de la part des instances publiques qui gèrent un argent venant de tous les citoyens et consacré à la promotion de ce qu’ils appellent la culture. Un de mes livres a été refusé par un éditeur régional, mes articles n’ont pas eu une qualité scientifique suffisante pour pouvoir paraître dans une revue édité par un Conseil Régional et un maire a interdit la parution d’un de mes articles dans une revue locale, « pour des raisons politiques ». Il s’agissait en l’occurrence d’un travail que j’avais réalisé sur des hommes de gauche fusillés par ordre des autorités de gauche durant la Guerre Civile dans une localité d’Estrémadure. Un « cannibalisme » que la gauche a toujours pratiqué parmi les siens, qui autrefois coûtait des vie et maintenant est supposé laisser son siège.

Aussi, à mon niveau et avec ma trajectoire d’historien, la campagne d’agit-prop organisée par la gauche contre les auteurs du Dictionnaire Biographique édité par l’Académie Royale d’Histoire (5), et plus concrètement l’une des entrées rédigée par l’auteur de ces lignes (6) m’a peu impressionné. Ceux qui agissent ainsi démontrent à quel point ils sont installés dans un véritable totalitarisme en imposant une interprétation tordue et manipulatrice de l’histoire, en recourant aux moyens les plus ignobles pour cela et sans admettre l’existence d’institutions académies et scientifiques indépendantes. La critique par rapport à une étude historique ne peut se faire à partir de ce mélange d’ignorance et de passions pseudo-politiques qui caractérisent nos dirigeants politiques et leurs pseudo-intellectuels de boudoir. Et on ne peut pas davantage promouvoir la diffusion de ces travaux qui n’ont pas été élaborés avec les références épistémologiques qui caractérisent l’Histoire, matière particulière de la connaissance qui à la fois art et science, devient un mode unique de connaissance du passé. Il faut un scrupuleux respect des sources, qui doivent faire l’objet d’une saine critique, une considération spontanée pour ceux qui ont écrit sur le sujet avant nous, une passion sincère pour la vérité qui amène à la reconstruction le plus fidèlement possible des faits, une interprétation discrète qui ne cherche pas à juger mais à comprendre pour pouvoir expliquer et qui renonce pour cela à l’usage des idéologies ou des courants philosophiques qui possèdent déjà une explication a priori.

Comme elle est loin de nous, la génération de ces historiens qui furent de véritables maîtres dans l’art du travail bien fait! Quand n’importe quoi est présenté à la société dans laquelle nous vivons comme si c’était un travail d’Histoire par le simple fait de s’occuper du passé, on se sent l’âme sereine d’être remis en question à côté de noms de la taille de Gonzalo Anes (Ndt:l’actuel président de l’Académie d’Histoire), Vicente Palacio Atard, María del Carmen Iglesias Cano, Hugo O´Donnell, Luis Miguel Enciso Recio, Mgr Antonio Cañizares (ndt L’un des actuels préfets de congrégation du Pape), Manuel Jesús González, Carlos Iniesta, José Martín Brocos, Carlos Seco Serrano et Luis Suárez Fernández (Ndt: C’est notamment lui qui a rédigé l’entrée Francisco Franco). Des noms, assurément, dans la majorité des cas liés à un passé dans lequel l’on cultivait l’excellence comme quelque chose de plus qu’une réclame publicitaire.

Fascistes! Dira en entendant ces noms un quelconque universitaire imberbe (7) qui déchiffre avec peine quelque document sans importance ou qui rédige confusément quelques lignes dont tirera plus tard profit un de ses professeurs, qui ne cessera pas d’être un simple fonctionnaire de l’historiographie.

Notes de la traductrice

(1) Le Père Ángel David Martín Rubio est né à Castuera (Badajoz - Estrémadure) en1969. Il a une formation universitaire en histoire et géographie, et est plus particulièrement spécialiste de l’histoire de la Guerre Civile. Il a notamment écrit (non traduits en français), un livre sur la persécution religieuse en Estrémadure durant la guerre civile (1996), les mythes de la répression durant la guerre civile (2005) et « La cruz, el perdón y la gloria » (2007) sur ce qu’on désigne comme le plus grand martyre catholique du XXème siècle (Période de la Seconde République espagnole).

(2) Pio Moa est un journaliste né en 1948, au passé communiste et maoïste très engagé. Il n’a pas suivi un cursus universitaire classique dans le domaine de l’Histoire mais a fait une démarche depuis l’intérieur du système (un peu comme Stéphane Courtois en France). Ces ouvrages sur la Guerre Civile qui ne vont pas du tout dans le sens du politiquement correct actuel ont cependant rencontré un très succès auprès du public.

(3) Le NODO (acronymes en espagnol pour les Actualités et Documentaires qui passaient, comme en France, avant le grand film de fiction, dans les cinémas). Ce service de presse officiel a été créé en 1943. Fonds documentaires et cinématographiques considérables et d’un grand intérêt, certains n’y trouvent qu’un massif outil de propagande franquiste. D’où l’ironie de l’auteur de l’article qui voit le fils d’un « franquiste de la première heure » critiquer le travail historique d’un ex-communiste « repenti ».

(4) Allusions douteuses entre, je pense, la couleur bleue des chemises du mouvement (Phalange) de José Antonio Primo de Rivera (1903-20 nov 1936) qui prônait pour sauver son pays livrée à une instabilité politique et sociale chronique, un état fort et corporatiste. Qu’on soit en accord ou pas avec ce mouvement politique, l’on ne doit pas l’associer en toute rigueur historique au fascisme, ne serait-ce que par l’esprit profondément catholique de son fondateur qui semble bien plus avoir été inspiré par la doctrine sociale de l’Église que par un socialisme nationaliste à la Mussolini pour ne citer que cet homme d’état italien (et ses chemises noires). Les jeux de mot sont donc d’une colossale finesse, et d’autant par rapport à la date de naissance de l’historien (qui n’avait que 6 ans à la mort de général Franco) et à son état de prêtre !

(5) Ce dictionnaire de l’Académie Royale d’Histoire (dont les membres figurent ici) a été mis en vente le 25 mai 2011 (pour les noms jusqu’à la lettre G). Il comprendra 50 volumes avec plus de 40 000 biographies de toutes les époques de l’histoire de l’Espagne y compris des vices - royaumes d’Outre-Mer, des deux Amériques aux Philippines. C’est donc un ouvrage historique exceptionnel et unique au monde.

(6) Ce sont évidemment certains noms de la période de 1931-1939 qui sont sur la sellette, tandis qu’aucun jugement défavorable sur les républicains d’avant et après le 18 juillet 1936, ne semble pouvoir être porté. Des manifestations violentes d’opposants (une autre occupation pour certains « indignés » de la Puerta del Sol ?!) à cet ouvrage ont eu lieu devant l’Académie d’Histoire et le gouvernement, par l’intermédiaire des ministres de l’éducation et de la culture, a demandé au directeur de l’Académie Royale d’Histoire de rectifier les contenus du Dictionnaire qui ne « sont pas objectifs » ou « ne s’ajustent pas à la réalité ».
Le Père Ángel David Martín Rubio avait été chargé de rédiger l’entrée concernant le Colonel Antonio Aranda Mata, qui réputé républicain, s’était néanmoins déclaré en accord avec les militaires soulevés le 18 juillet 1936 et avait défendu à leur profit la ville d’Oviedo (Asturies), seule zone « nationale », dans le Nord-Ouest de l’Espagne entièrement « rouge »: stricto sensu, un remarquable exploit militaire.

Pâques à Rome Saint-Marin (II)