Georg Ratzinger, dans le Passauer Neue Presse
Il dit qu'il viendra à Rome pour le jubilé. Qu'il n'accompagnera pas son frère lors de son voyage en Allemagne. Et s'exprime discrètement sur l'ordination des femmes, et le célibat sacerdotal. Traduction de l'allemand. (21/6/2011)
-> Texte original en allemand ici: http://www.pnp.de/ (traduction VB)
Le Passauer Neue Press est le journal local de Passau, petite ville de Bavière sur la frontière avec l'Autriche, aux confluents du Danube, de l'Inn (rivière qui a marqué l'enfance de Joseph Ratzinger, puisqu'il est né à Marktl am Inn et qu'il a grandi, entre autres, à Aschau am Inn) et de l'Illz. Siège épiscopal dont dépendaient les villages de son enfance. Et, pour l'anecdote, ville natale de Peter Seewald...
Georg et Joseph Ratzinger
Excursion à Paestum, 10/7/95 (photo transmise par Marie-Anne)
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Le "Passauer Neue Presse" s'est entretenu avec le frère du Pape, à l'occasion du soixantième anniversaire de leur ordination sacerdotale, et de la prochaine visite de Benoît XVI en Allemagne.
Georg Ratzinger, le frère du Pape, âgé de 87 ans, a assisté à une cérémonie religieuse pour célébrer le jubilé du soixantième anniversaire de l'ordination sacerdotale du pape (ndt: photo ci-contre).
L'ancien Chef de Choeur des petits chanteurs du Dôme de Ratisbonne a été ordonné prêtre le 29 juin 1951, en même temps que son frère.
Dans cet entretien avec le "Passauer Neue Presse", il parle de sa vie, et de la prochaine visite du Pape en Allemagne.
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- Il y a dix ans, vous aviez pu encore célébrer conjointement avec votre frère, à Munich, le jubilé pour les 50 ans de sacerdoce. Auriez-vous souhaité l'avoir aussi auprès de vous, aujourd'hui, à Freising?
- Je me réjouis toujours quand mon frère est là. Mais la réalité est si loin de cela, que je ne peux même pas envisager ce souhait.
- Certains organisateurs des festivités, et des représentants pontificaux, vous ont peut-être reçu comme un délégué de votre frère. Qu'avez vous ressenti?
- Je pense peu à de telles choses. Pour moi, l'essentiel est de vivre, et de participer aux festivités avec attention, reconnaissance, et joie. Car c'est tout de même une belle chose.
- Et que trouvez-vous de particulier à un jubilé si élevé?
- C'est qu'on a atteint un âge que beaucoup d'hommes n'atteignent pas. On remarque, naturellement, la perte des capacités, qu'avant, on admettait comme naturelles. Quand on voit peu, quand on a du mal à se déplacer, alors, cela a des conséquences sur la manière de concélébrer une telle fête. Cela entraîne déjà une certaine mélancolie. Mais elle est contrebalancée par la grande reconnaissance d'avoir fait tout ce chemein.
- Serez-vous aussi présent à Rome, le 29 juin, quand votre frère fêtera le jubilé du 60e anniversaire de la prêtrise?
- Oui, je veux être "Koassistenz", c'est-à-dire participer à la fête non pas comme concélébrant, mais avec le peuple des croyants.
Trois confrères de la même promotion des voeux sacerdotaux seront concélébrants à l'autel, ils sont encore en meilleure forme physique que moi.
Il y a encore, en tout, 10 collègues vivants, parmi les 44 de notre promotion de prêtrise, mais la plupart n'ont pas souhaité participer, car ils sont marqués par l'âge.
- Accompagnerez-vous votre frère, lors de son voyage en Allemagne, en septembre?
- Non. Normalement, je ne participe pas aux voyages du Pape. Je ne veux pas déranger. Il y a tellement d'autres gens qui se réjouissent d'appocher le Pape, donc, ce ne serait pas bien de ma part de m'imposer.
- Une série de théologiens et de politiques, avant la visite du Pape, appellent fortement à une réforme de l'Eglise. Comment cette "ambiance musicale" agit-elle sur vous?
- C'est toujours les mêmes questions qui se posent, alors qu'on y a répondu depuis longtemps: le célibat des prêtres, la prêtrise pour les femmes. Mais le Pape n'a pas le pouvoir absolu pour autoriser la prêtrise des femmes... Alors, à quoi bon en reparler? Il faut toujours reformuler les mêmes arguments, qui depuis le temps, devraient être connus, mais que certains ne veulent simplement pas admettre. Et le célibat des prêtres a une signification théologique réelle.
D'un côté, nous constatons que de nos jours, il y a de moins en moins de mariages, et de l'autre, les prêtres devraient se marier! Je trouve cela plutôt curieux. En outre, le mariage des prêtres ne permettrait pas d'ordonner plus de prêtres. S'attendre de cette façon à un changement perceptible est d'une certaine façon très naïf.
- Pourquoi croyez-vous que ces revendications reviennent régulièrement?
- Parce qu'on voit dans le Pape un interlocuteur qui pourrait faire passer ces changements. Mais si le Pape voulait autoriser personnellement ce changement, cela n'irait pas mieux. Pour une telle décision, le Pape doit avoir le consentement de l'Eglise, et il est clair que c'est du côté des croyants que vient l'opposition la plus forte. Une telle décision serait destructrice, bien plus que constructive.
- Vous êtes prêtre depuis 60 ans, qu'y a-t-il de plus important de votre vie de prêtre?
- D'appartenir à un groupe, appelé par Dieu pour annoncer au monde son existence, sa bonté et sa vérité.
- Avec vos dons musicaux, avez-vous pu exprimer votre sacerdoce de façon originale?
- Je crois que oui. La musique sacrée peut approfondir la prière et intensifier la réponse des hommes à Dieu. Et le message divin lui-même est renforcé par la musique.
[Un autre article du même journal, ici ; "Le Pape, un cadeau pour l'Eglise", relate la messe célébrée à Freising, en présence de Georg Ratzinger, du Cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich et Freising, des Cardinaux Friedrich Wetter (archevêque émérite de Munich depuis 2007) et Paul Josef Cordes (président émérite du Conseil pontifical "Cor Unum" depuis 2010), du nonce apostolique, Mgr Jean-Claude Périsset, des évêques de Ratisbonne et Passau, Gerhard Ludwig Müller et Wilhelm Schraml, et des trois prêtres qui fêteront leur jubilé en même temps que le Saint-Père et son frère]
