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Papst Benedikt – alias Chef Ratzinger (I)

Une interviewe du Père Hermann Gessler, qui fut un collaborateur du Cardinal Ratzinger à la Congrégation pour la doctrine de la foi. (3/7/2011)

-> Voir ici:
Témoin et communicateur de la joie du Christ

Le Père Hermann Gessler est un collaborateur de la CDF depuis de longues années. Il connaît donc très bien le Saint-Père. Dans un article reproduit ces jours-ci dans l'OR, et que j'ai traduit ici (Témoin et communicateur de la joie du Christ), il s'arrêtait sur la théologie de son ex-patron, et livrait en particulier son commentaire sur le "Jésus de Nazareth" de Benoît XVI/Joseph Ratzinger.
Evidemment, en voyant la signature de l'article, "Hermann Gessler, FSO" (??), j'ai dû faire quelques recherches, et ce n'était pas très facile de trouver une réponse immédiate dans l'internet francophone.
Je suis tombée sur le site de Familia Spiritualis Opus en langue allemande: http://www.daswerk-fso.org/deutsch/?p=64 .

Il s'agit d'un très long entretien accordé par l'assez jeune théologien autrichien à la station de radio catholique Horeb, basée à Immenstadt, sur les rives du Bodensee - ou Lac de Constance. L'interviewe date de septembre 2006, juste avant la visite du Saint-Père dans sa Bavière natale.

Voici la première partie de la traduction de l'allemand. Le reste viendra au fur et à mesure des disponibilités de mon aimable traducteur (VB!).
Cette première partie offre un aperçu passionnant et en partie inédit des activités, et du fonctionnement de la Congrégation pour la doctrine de la foi, lorqu'elle était dirigée par Joseph Ratzinger

Le Pape Benoît, alias "chef Ratzinger"
Un entretien de la station de radio Horeb avec le Père Hermann Geissler, de la Congrégation pour la doctrine de la foi
(12/9/2006)
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- Comment êtes-vous arrivé à la CDF?
- A vrai dire, je ne saurais vous dire exactement comment le cardinal Ratzinger m'a repéré. Après mes années de formation à Sainte-Croix, je suis entré en 1988 dans la famille spirituelle "l'Œuvre". J'ai fait mon noviciat et mon doctorat à Rome, et je fus ordonné prêtre en 1991.
Après quoi on me confia le poste d'aumônier (vicaire) de la paroisse Saint Gerhard à Bregenz. C'est là-bas qu'un jour, c'était au printemps 1993, me parvint l'appel du Père Willi, le recteur de la communauté des prêtres de l'Ouvre, qui me donna l'ordre de me rendre immédiatement à Rome. Là, le Père Willi me confia que le cardinal Ratzinge lui avait demandé de me mettre à sa disposition pour œuvrer à la CDF.
Cette demande fut pour moi comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. Jamais je n'aurais imaginé qu'une telle chose pourrait m'arriver. Toutefois, comme l'engagement pour la vraie foi était l'un des objectifs de notre famille spirituelle, j'acceptai immédiatement.
Après un bref entretien de présentation, je commençai mon travail à l'automne 1993.

- Comment s'est déroulée votre première rencontre avec le cardinal Ratzinger?
- La première rencontre avec lui, ce fut lors de l'entretien de présentation, à la CDF. Au cours de cet entretien, le cardinal Ratzinger m'expliqua un peu le travail qui me serait confié, et me donna un bon conseil pour m'accompagner: "Restez toujours simple et humble".

- Quel est le rôle de la CDF?
- Ca CDF est l'une des 9 congrégations du Vatican - qu'on pourrait comparer à des ministères d'un état. Elle a la fonction de protéger, d'encourager, l'enseignement de la foi et de la morale dans l'ensemble de l'Eglise.
Quelques exemples pour illustrer ce que cela signifie en réalité:
La CDF publie, en coopération avec le Pape, des documents afin de rendre les contenus de la foi compréhensibles au plus grand nombre.
La CDF prend position sur des questions controversées. Comme par exemple la déclaration Dominus Iesus, qui nous dit que, même à l'époque du dialogue, nous ne pouvons pas oublier que seul Jésus est le sauveur de l'humanité.
Dans un autre texte de 2003, on explique pourquoi le partenariat entre deux homosexuels ne peut pas être l'équivalent du mariage.
La CDF est également en dialogue constant avec l'ensemble des évêques de la terre, afin de trouver les chemins qui permettent de fortifier les hommes dans leur foi.
La CDF doit aussi intervenir lorsque des théologiens catholiques développent des interprétations qui ne sont pas conformes avec la foi, et qui pourraient égarer le peuple de Dieu.
A chaque fois on essaie de supprimer, d'aplanir les difficultés par la voie du dialogue. Mais si un théologien refuse absolument de corriger ses théories erronées, alors la CDF devra prendre des mesures disciplinaires.
La CDF est aussi chargée de contrôler la véracité d'évènements tels qu'apparitions, visions, messages de spiritismes ou de magie, ou autres phénomènes du même genre.
On demande aussi à la CDF un avis avant la nomination d'un évêque par le Pape, et avant d'obtenir la reconnaissance papale d'un nouveau mouvement. Enfin, la CDF est qualifiée pour l'éclaircissement et l'approbation des questions nouvelles qui se posent. On peut citer parmi celles-ci l'ensemble des questions de bioéthique, le dialogue interreligieux, et la délicate question de l'œcuménisme, ainsi que les différents courants, sectes, New age, qui ont tendance à remplacer la vraie foi.

- Comment peut-on imaginer le travail à la CDF?
- Le travail à la CDF est le travail collégial d'une équipe. Les différents référents analysent les problèmes posés, qui leur arrivent de la terre entière. Lors de ce travail, on fait appel aux consultants, qui sont quelques 30 théologiens qui exercent à Rome, et qui couvrent tous les principaux pays, les langues, et les écoles de théologie.
Ils se rencontrent presque chaque semaine pour exposer les questions les plus importantes.
Le résultat de ces explications est, à peu près tous les 15 jours, transmis aux cardinaux membres de la CDF.
Ces derniers prennent une décision collégiale, qui sera ensuite transmise au Saint-Père par le préfet.
Le Pape a le dernier mot. Notre travail est passionnant, et parfois aussi difficile. Vous voyez pour ainsi dire de l'intérieur les joies et les soucis de l'Eglise.

- Combien de personnes travaillent-elles à la CDF?
- Actuellement 45 personnes originaires des 5 continents. La plupart des membres actifs de la CDF sont des prêtres, mais il y a aussi quelques sœurs, et quelques laïcs.

- Si autant de personnes travaillent à la CDF, combien de fois a-t-on l'occasion d'avoir affaire directement au Préfet?
- Tous les vendredis, il y a une réunion au cours de laquelle toutes les questions sont discutées en cercle restreint. A cette occasion, on rencontre à chaque fois le préfet, et lors de la pause, on a la possibilité de s'entretenir avec lui en toute liberté.
En outre, les collaborateurs sont convoqués régulièrement par le "chef", lorsque des questions d'actualité se présentent, ou des rencontres sont à préparer.
En dehors de ces occasions, nous nous réunissons avant chaque grande fête, nous assistons à une méditation, chantons des cantiques, réalisons une petite fête. Parfois, nous nous retrouvons aussi pour la prière, pour la messe dans la chapelle, et une fois par an, nous faisons ensemble une excursion. En général, nous visitons un des nombreux lieux historiques autour de Rome, nous célébrons la messe, et nous goûtons la bonne cuisine italienne.

- Certains imaginent la CDF, et la Curie, comme des administrations sclérosées. Que signifie pour vos travailler dans ce lieu?
- L'image d'os sclérosés n'est pas si mauvaise. Car sans les os, nous serions réduits à de malheureux tas de viande, sans colonne vertébrale, nous ne pourrions pas nous tenir dressés debout.
L'Eglise a besoin, elle aussi, d'une colonne vertébrale, c.à.d. qu'elle a besoin d'une institution, d'une administration. Bien entendu, elle doit se garder du "trop" d'institution et d'administration, qui pourrait tuer l'esprit et la vie.
Mon expérience me permet d'affirmer que l'administration de l'Eglise à Rome est "maigre". La CDF est la Congrégation la plus fournie, et elle emploie 45 personnes! Demandez-vous combien de personnes travaillent dans un ministère à Berlin. Alors que l'Allemagne compte 80 millions d'habitants, l'Eglise catholique compte un milliard de fidèles.
De plus, la plupart des collaborateurs de la CDF exercent des charges pastorales dans des paroisses, ou des mouvements. Ils ne sont donc pas uniquement les employés de la Curie.
Pour moi, mon travail à la CDF est un emploi au service de l'Eglise.
Parfois, notre travail est astreignant, nous, nous avons affaire avec les difficultés et les plaies du peuple de Dieu. Mais dans mon for intérieur, je suis heureux de pouvoir travailler au coeur de l'Eglise, à l'ombre de la Basilique Saint-Pierre. Il y a le bonheur de participer de l'intérieur à l'édification de l'Eglise. Il y a le bonheur de collaborer avec le successeur de Saint-Pierre.

- Le cardinal Ratzinger, pour beaucoup de gens en Allemagne, passe pour être le PanzerKardinal, c.à.d. pour être un homme dur, sévère. De Rome, comment l'avez-vous perçu?
- Le qualificatif de PanzerKardinal dur, sans cœur, est un réel mythe. Grâce aux medias, ce type de perception a été propagé en Allemagne, puis dans le monde entier jusqu'à ce que l'an dernier (en 2005) elle s'effondre comme un château de cartes.
Le cardinal Ratzinger est un homme aimable, bon et modeste. Lorsque je le rencontrais à la CDF, il me serrait à chaque fois la main et me demandait des nouvelles de mea santé.
Lors de rencontres en cercle réduit, nous avons ri de bon cœur. Pour la pause journalière, à 11h, il nous faisait apporter des gâteaux, et autres bons cadeaux faits par ses amis bavarois. Au travail, j'ai pu constater qu'il était exceptionnellement compétent et travailleur. Il appréciait chez ses collaborateurs l'application dans le service, la propension à coopérer, la sincérité de la foi, et aussi le sens de l'humour. Toute forme de mise en avant, de carriérisme, lui répugnait.
Il nous faisait toujours beaucoup confiance. Lors de nos réunions, il écoutait chacun, car, comme il aimait à le dire "l'Esprit Saint peut aussi s'exprimer par la bouche des plus jeunes".

- Quelles sont les capacités particulières du cardinal Ratzinger?
- C'est un homme de dialogue.
Beaucoup de gens sont frappés par sa capacité d'écoute, et de se rapprocher des autres. Très souvent, j'ai pu constater comment, après un entretien, il pouvait formuler l'exposé d'un participant que celui-ci ne l'avait fait lui-même. Mais il sait aussi répondre aux questions des hommes. Il n'a pas peur des hommes, il s'engage pour la foi et pour la vérité, et il essaie de convaincre les hommes avec des arguments.
Cela est lié au fait qu'il est un grand maître en théologie. Lorsqu'au cours de réunions à la CDF, nous abordions des questions qui nous semblaient à tous très compliquées, ,il prenait souvent la parole pour nous préciser clairement les tenants et les aboutissants.
Il est comme un aigle qui regarde d'en haut l'ensemble du paysage, et fond immédiatement sur l'essentiel. Je le considère comme le plus important théologien vivant. De plus, le Seigneur lui a donné le don de la parole. C'est un prédicateur doué, qui sait exposer clairement les mystères de notre foi, comme un Père de l'Eglise d'aujourd'hui.
Un professeur de langue allemande m'a écrit récemment que son discours était d'une simplicité limpide et cependant plein de gravité. Lorsqu'il parle, les gens se taisent. Ils sont suspendus à ses lèvres, non seulement parce que ce qu'il dit est verbalement brillant, mais parce que cela vient de l'intérieur, de la profondeur d'une foi vécue, priée et réfléchie.


A suivre....

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