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La voix du Pape


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Homélie de la Fête-Dieu

...jeudi 23 juin, à Saint-Jean de Latran. "De l'Eucharistie, dérive le sens profond de la présence sociale de l'Église". (24/6/2011)

(Je m'aperçois que j'avais placée l'homélie au mauvais endroit!)

Images ici:
Célébration du Corpus Domini

Comme d'habitude, dans sa synthèse de texte pour la Bussola, Massimo Introvigne cueille admirablement la substance des propos du Pape.
Cette fois, il titre "L'Eucharistie, sacrement social qui transforme".
Et de poursuivre:
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L'homélie de Saint Jean de Latran a été particulièrement consacrée à souligner la signification sociale de l'Eucharistie, le sacrement qui - correctement compris et vécu - transforme la société et le monde.

Le Pape a insisté, à une époque où on veut priver l'Église de sa présence publique, sur l'importance de la procession du Corpus Christi
. "Alors que le soir du Jeudi Saint, nous revivons le mystère du Christ qui s'offre à nous dans le pain rompu et le vin versé [...] à l'occasion de Corpus Christi, ce même mystère est proposé à l'adoration et à la méditation du Peuple de Dieu , et le Saint Sacrement est porté en procession dans les rues des villes et villages, pour montrer que le Christ ressuscité marche parmi nous et nous guide vers le Royaume des cieux. Ce que Jésus nous a donné l'intimité de la Dernière Cène, aujourd'hui, nous le manifestons ouvertement, parce que l'amour du Christ ne se limite pas à certains, mais s'adresse à tous".
Déjà à travers le caractère public et civil des processions, l'Église manifeste que "la transformation des dons de cette terre - du pain et du vin - vise à transformer notre vie et à inaugurer ainsi la transformation".
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Voici, dans ma traduction, la suite de l'homélie (texte en italien ici)

-> L'historique de la célébration de la fête du Saint-Sacrement, avec la procession dans les rues de Rome entre les basiliques pontificales Saint-Jean de Latran et Sainte-Marie Majeure (une pratique relancée en 1979 par JPII) est à lire sur Zenit.

...
Tout commence, pourrait-on dire, du cœur du Christ, qui à la dernière Cène, à la veille de sa passion, a remercié et loué Dieu et, ce faisant, par la puissance de son amour a transformé le sens de la mort vers laquelle il allait. Le fait que le sacrement de l'autel ait pris le nom "Eucharistie" - "Rendons grâce" - exprime précisément cela: que le changement de la substance du pain et du vin en Corps et Sang du Christ est le fruit du don que le Christ a fait de lui-même; don d'un Amour plus fort que la mort, Amour divin qui l'a fait ressusciter d'entre les morts. C'est pourquoi l'Eucharistie est nourriture de vie éternelle, Pain de la Vie. Du coeur du Christ, de sa "prière eucharistique" à la veille de la passion, jaillit ce dynamisme qui transforme la réalité dans ses dimensions cosmique, humaine et historique. Tout procède de Dieu, de l'omnipotence de son amour un et trinitaire, incarné en Jésus. Dans cet amour est immergé le cœur du Christ; c'est pourquoi il sait remercier et louer Dieu, même face à la trahison et à la violence, et ainsi, il change les choses, les personnes et le monde.

Cette transformation est possible grâce à une communion plus forte que la division, la communion de Dieu lui-même. Le mot «communion», que nous utilisons pour désigner l'Eucharistie, résume en lui la dimension verticale et horizontale du don du Christ. Elle est belle et éloquente, l'expression "recevoir la communion" qui se réfère à l'acte de manger le pain de l'Eucharistie. En effet, quand nous accomplissons cet acte, nous entrons en communion avec la vie même de Jésus, dans le dynamisme de cette vie qui se donne à nous et pour nous. De Dieu, par Jésus, jusqu'à nous: une unique communion se transmet dans la Sainte Eucharistie. ...

Saint Augustin nous aide à comprendre la dynamique de la communion eucharistique quand il se réfère à une sorte de vision qu'il eut, dans laquelle Jésus lui dit: «Je suis la nourriture des forts. Crois (ndt: grandis) et tu m'auras. Tu ne me transformeras pas en toi, comme nourriture du corps, mais c'est toi qui seras changé en moi » (Conf VII, 10, 18).
Donc, alors que la nourriture corporelle est assimilée par l'organisme et contribue à son entretien, dans le cas de l'Eucharistie, il s'agit d'un pain différent: ce n'est pas nous qui l'assimilons, mais lui qui nous assimile à lui-même, afin que nous devenions conformes à Jésus-Christ, membres de son corps, une seule chose avec Lui.
Ce passage est décisif. En effet, précisément parce que c'est le Christ qui, par la communion eucharistique, nous transforme en Lui, notre individualité, dans cette rencontre, est ouverte, libérée de son égocentrisme et insérée dans la personne de Jésus, qui est à son tour immergée dans la communion trinitaire.
Ainsi, l'Eucharistie, alors qu'elle nous unit au Christ, nous ouvre aussi aux autres, nous rend membres les uns des autres: nous ne sommes plus divisés, mais une seule chose en Lui. La communion eucharistique m'unit à la personne qui est à côté de moi, et avec qui je n'ai même pas de bonnes relations, mais aussi aux frères éloignés, partout dans le monde.
De là, de l'Eucharistie, dérive donc le sens profond de la présence sociale de l'Église, comme en témoignent les grands saints sociaux, qui ont toujours été de grandes âmes eucharistiques. Celui qui reconnaît Jésus dans la Sainte Hostie, reconnaît le frère qui souffre, qui a faim et soif, qui est étranger, nu, malade, emprisonné; et il est attentif à chaque personne, il s'engage, de façon concrète, pour ceux qui sont dans le besoin. Du don d'amour du Christ vient donc notre responsabilité particulière en tant que chrétiens dans la construction d'une société solidaire, juste et fraternelle. Surtout à notre époque où la mondialisation nous rend plus dépendants les uns des autres, le christianisme peut et doit faire en sorte que cette unité ne soit pas construite sans Dieu, c'est-à-dire sans le véritable amour, ce qui ferait place à la confusion à l'individualisme, à l'oppression de tous contre tous. L'Evangile a toujours visé l'unité de la famille humaine, une unité qui n'est pas imposée de l'extérieur, ni par des intérêts idéologiques ou économiques, mais par un sens de responsabilités les uns envers les autres, parce que nous nous reconnaissons membres du même corps, le Corps du Christ, parce que nous avons appris et apprenons sans cesse du Sacrement de l'autel que le partage, l'amour, sont la voie de la vraie justice.

Revenons à présent à l'acte de Jésus lors de la Dernière Cène.
Qu'est-il arrivé alors?
Quand il a dit: "Ceci est mon corps qui est donné pour vous, ceci est mon sang versé pour vous et pour la multitude", que se passe-t-il?
Jésus, dans ce geste anticipe l'événement du Calvaire. Il accepte par amour toute la passion, avec sa douleur et sa violence, jusqu'à la mort sur la croix; en l'acceptant de cette façon, il la transforme en un acte de donation. Telle est la transformation dont le monde a le plus besoin, parce qu'elle le rachète de l'intérieur, elle s'ouvre aux dimensions du royaume des cieux. Mais ce renouveau du monde, Dieu veut le réaliser à travers le chemin même suivi par le Christ, ce chemin qui est lui-même. Il n'y a rien de magique dans le christianisme. Il n'y a pas de raccourcis, mais tout passe par la logique humble et patiente du grain de blé qui se rompt pour donner la vie, la logique de la foi qui déplace les montagnes avec la force douce de Dieu; c'est pourquoi Dieu veut continuer à renouveler l'humanité, l'histoire et le cosmos, à travers cette chaîne de transformations, dont l'Eucharistie est le sacrement. Grâce au pain et au vin consacrés, où sont réellement présents son Corps et son Sang, le Christ nous transforme, nous assimilant à Lui: il nous implique dans son œuvre rédemptrice, nous rendant capable, par la grâce de l'Esprit Saint, de vivre selon sa logique du don, comme des grains de blé unis avec Lui et en Lui. Ainsi sont semés et arrivent à maturité dans les sillons de l'histoire, l'unité et la paix qui sont le but vers lequel nous tendons, selon le plan de Dieu

Sans illusions, sans utopies idéologiques, nous parcourons les routes du monde, portant en nous le Corps du Seigneur, comme la Vierge Marie dans le mystère de la Visitation. Avec l'humilité de nous savoir de simples grains, nous conservons la ferme certitude que l'amour de Dieu, incarné dans le Christ est plus fort que le mal, la violence et la mort. Nous savons que Dieu prépare pour tous les peuples de nouveaux cieux et une terre nouvelle où règnent la paix et la justice - et dans la foi, nous entrevoyons le monde nouveau, qui est notre véritable patrie. Ce soir aussi, tandis que le soleil se couche sur notre chère ville de Rome, nous nous mettons en chemin: avec nous, il y a Jésus dans l'Eucharistie, le Christ Ressuscité, qui a dit: "Je suis avec vous pour toujours jusqu'à la fin du monde"( Mt 28,20).
Merci, Seigneur Jésus! Merci pour Ta fidélité, qui soutient notre espérance. Reste avec nous, parce que le soir tombe. "Bon Pasteur, vrai pain, ô Jésus, aie pitié de nous: nourris-nous, défends-nous, conduis-nous à la béatitude éternelle dans la terre des vivants".

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