L'Italie des festivals d'été

ou la fête patronale de la gauche. On peut facilement remplacer "l'Italie" par "La France" (encore que chez nous, les festivals peuvent prendre une forme différente, cf. Avignon, mais c'est toujours la gauche qui pavoise). Un article réjouissant de Marcello Veneziani (oui, encore lui!), et qui pourrait être drôle si les symptômes qu'il décrit ici de notre effondrement culturel et de notre capitulation face au politiquement correct n'étaient si dramatiques (10/7/2019)

>>> Dans le même esprit, et du même auteur, dans ces pages: L'imbécile global au pouvoir (25/6/2017)

La fête patronale de la gauche


Marcello Veneziani
9 juillet 2019
www.marcelloveneziani.com
Ma traduction

* * *
Cette année encore, dans toute l'Italie, va se dérouler la fête itinérante de la Gauche. Elle durera tout l'été et portera en procession la Sainte Trinité, qui cette année a le double visage de Carola [ndt: la commandante du SeaWatch] et Greta [la spécialiste suédoise du réchauffement de la planète!!], et au milieu la face noire du Migrant. Je fais référence à ce circuit de fêtes patronales sub-politiques que sont les festivals du livre, du cinéma, du théâtre, de la musique et de la pensée, et qui sont en fait la version estivale et live des talk-shows télévisés des trois autres saisons. Certains pourraient croire qu'enfin avec l'été s'interrompt cette ennuyeuse rengaine, ce scénario immuable de lieux communs, belles âmes et méchants racistes, qu'ils entendent tous les soirs à la télévision pendant neuf mois, et qu'ils vont pouvoir sortir, en short et tongs - entre la mer et le soleil la vie change. Mais non. Une compagnie itinérante composée d'écrivains, de faiseurs d'opinion, de journalistes, de penseurs, de prêtres de débarquement [des migrants], d'acteurs et de musiciens, dirigée par un collectif d'entrepreneurs culturels à sens unique, occupe les places et les panneaux publicitaires, "hégémonise" l'été italien dans une sorte de Festival de l'Unità [L'Humanité version italienne] du nouveau PCI, Polititically Correct International [jeu de mots avec Parti Communiste Italien].

Le thème est toujours le même: Vive l'accueil et les ONG, à mort le racisme et Salvini, en avant les forces étrangères et leurs impresarios, ouvrez les ports et les frontières, comme nous aimons les enfants de la mer ou de l'éprouvette, tandis que les rares nés de mères italiennes, nous ne pouvons plus les supporter. Vive les mères porteuses pour les couples homosexuels, à bas la famille; vive les religions des autres, à bas la nôtre, à l'exclusion du Pape, longue vie aux autres peuples, à bas le nôtre, vive les Roms, à bas les pauvres de chez nous, vive l'idéologie No Border, à bas patrie, frontières, lois et traditions.

Mais n'êtes-vous pas las, après le carrousel monotone des menées quotidiennes sur vidéo, de vous farcir les mêmes voix en direct sur la place, dans les rues, sous vos fenêtres? Il n'y a pas de concert d'été sans le même message au peuple tatoué des estivants et des baigneurs. Et honte à vous de vous baigner alors qu'il y a des gens qui essaient de débarquer en Italie mais l'Ogre les rejette, bien qu'ayant tout le monde contre lui, en Europe, en Afrique, dans les Palais, au Tribunal, en mer, dans la presse, dans les airs et partout. On fait un pacte ? Pour chaque migrant que nous accueillons, l'un d'eux s'en va en Afrique.

Si vous cherchez la gauche, n'allez pas dans les cachettes désertes du Pd, ne cherchez pas les cendres dispersées dans le vent de Renzi, ni la voix d'outre-tombe du dernier quidam qui a pris sa place. Cherchez-le plutôt dans cet espèce de cirque Togni [célèbre cirque italien] de l'Été militant, généralement sponsorisé par les administrations locales ou sous-traité à des associations et coopératives toutes affiliées à la Sainte Gauche unie.
Ce circuit de manifestations a subi au fil des ans une dérive raciale qui n'existait pas auparavant: si autrefois la prévalence des Compagnons de lutte et d'idéologie était écrasante, aujourd'hui l'épuration du dissident ethnique est capillaire et la condamnation à mort civile de ceux qui ne font pas partie de l'Honorable Société des Auteurs et Impresarios de la gauche estampillée de rouge est sans appel. Les plus fourbes invitent une paire de martiens réputés "de droite", mais ils étudient le temps, le lieu, le contexte, la contre-programmation, le silence-de-la-presse pour les neutraliser, afin qu'ils puissent dire aux administrations de centre-droit: mais nous sommes pluralistes, nous avons invité les 2 ‰ d'auteurs de droite, et même des Salviniens. Nous sommes réglos.

Mais peut-on aller dans la rue pour voir exactement le même spectacle que vous voyez à la télévision, les mêmes connards animés qui disent les mêmes choses mais en direct? Ces festivals sont la version idéologiquement progressiste des fêtes patronales, la relation avec les auteurs est la même qu'avec les statues des saints, la signature de dédicaces l'équivalent des ex voto (...). Voici la version canicule de l'Intellectuel Collectif de passage, le Parti No Border version poulpes frits, peut-être avec un certificat de béatification obtenu à la télévision dans les sanctuaires les plus connus, chez Fazio, Gruber, Formigli [animateurs de télé célèbres], etc.

Quand ce sont les maires et les organisateurs de centre-droit qui organisent les festivals, ils finissent dans le silence, ignorés par la Belle Presse, même quand ils ont du succès en termes de public et de qualité. Ignorés ou vénéneusement expédiés en quatre lignes, dans la tentative de les couler, de les discréditer, de jeter des ombres ou de toute façon de les sous-estimer; tandis que vous voyez des pages entières émues et élogieuses sur les festivals du bon bord (...)

Au nom du ciel, malgré l'utilisation idéologico-mafieuse de certains festivals, malgré le risque de les réduire à des cours d'été d'endoctrinement factieux, les rendez-vous consacrés à la culture ou à ce qu'on fait passer comme tel sont les bienvenus. Mais quand vous voyez qu'à la place du livre, il y a la sempiternelle prédication du PCI et que pour nous parler de livres, il y a des chanteurs, des acteurs, des comédiens et des histrions variés, alors on a envie de dire: mais quel festival du livre, il faudrait la mer pour les jeter par le fond.

MV, La Verità, 9 juillet 2019

Tous droits réservés.
La reproduction, uniquement partielle, des articles de ce site doit mentionner le nom "Benoît et moi" et renvoyer à l'article d'origine par un lien.