Tribune: les réflexions d'un lecteur attentif

Je publie très volontiers ces réflexions très argumentées sur le pontificat actuel d'un lecteur de mon site (que je remercie de sa confiance) (1er/2/2019)

A noter: l'auteur tient à signer de son nom.

 

IMPRESSIONS ET RÉFLEXIONS d’un lecteur...


...qui vient d’achever la lecture de quelque 240 pages d’articles récents trouvés sur le site ”Benoît et Moi” (http://benoit-et-moi.fr/), évoquant BERGOGLIO, son inquiétante personnalité, son passé proche, ses relations, son élection au pontificat, ses propos provocateurs, ses interventions, sa pastorale et son pontificat désastreux, marqué par une série de faits significatifs : l’année Luther, sa rencontre avec les représentants du luthéranisme international pour célébrer avec les luthériens le 500e anniversaire de la Réforme, l’accueil au Vatican d’une statue de Luther avec un fac-similé de son acte de révolte contre l’Église, l’exhortation Amoris laetitia qui a provoqué une demande d’éclaircissements nécessaires pour dissiper l’ambiguïté de ses directives, sans suite jusqu’à ce jour ; puis sont venues coup sur coup les affaires scandaleuses de pédophilie concernant les cardinaux McCARRICK d’abord, puis WUERL, compromettant le S.Siège qui les aurait couvertes de son silence ; tel est le grief qui résulte des révélations de Mgr VIGANO, ancien nonce apostolique aux U.S.A., qui affirme que BERGOGLIO était au courant.

De tous ces faits, une première impression qui s’en dégage est qu’aucun autre pape dans le cours des siècles antérieurs n’a fait l’objet d’autant de critiques virulentes, objectivement fondées. La question qui vient aussitôt à l’esprit, est celle de savoir comment s’explique son élection par un conclave dont les membres sont censés s’être préalablement informés du passé et surtout des aptitudes de l’éventuel élu.

Il est de notoriété publique aujourd’hui que l’élu doit son élection aux manœuvres occultes d’une association clandestine désormais connue sous le nom de ”mafia de S. Gall”, dont les principaux leaders sont les cardinaux allemands MARX et KASPER et le belge DANNEELS, ancien primat de Belgique ; on sait maintenant qu’ils ont travaillé dans l’ombre à l’élection de BERGOGLIO pour s’en servir, évidemment, et parvenir à leurs fins. Il est vrai que la tournure d’esprit existentialiste de BERGOGLIO était susceptible de servir leur programme pastoral, en obtenant du S.Siège la consécration de situations existentielles doctrinalement insolubles ; restait, pour y parvenir, la voie ”pastorale”...

Un document révélateur de l’esprit opportuniste de BERGOGLIO, expliquant après coup les erreurs qu’il allait commettre après son élection, est son programme électoral qu’on connaît par la relation enthousiaste que le Cardinal Jaime ORTEGA en a faite le 23 mars 2013 ; or, c’est avec ce programme, reproduit ci-après in extenso qu’il a bluffé le conclave, discrètement travaillé par ses supporters :

– Le premier point porte sur l’évangélisation : ”l’Église doit sortir d’elle-même et aller vers les périphéries”, non seulement géographiques, mais aussi existentielles qui se manifestent dans le ”mystère du péché, de la souffrance, de l’injustice et de l’ignorance, de l’absence de religion, et de toute misère ”.

– Le deuxième point dénonce une ”Église auto-référentielle” qui se regarde elle-même en une sorte de ”narcissisme théologique” qui la maintient à l’écart du monde et qui ”prétend garder Jésus-Christ à l’intérieur d’elle-même”. Le cardinal disait penser au moment où Jésus dit qu’il frappe à la porte, ajoutant penser aussi aux moments où ”Jésus frappe sur la porte depuis l’intérieur pour que nous le laissions sortir”.

– Le troisième point exprime en deux images les deux points précédents : l’une, c’est ”l’Église évangélisatrice qui sort d’elle-même”, l’autre est ”l’Église mondaine qui vit en elle-même et pour elle-même”. C’est cette double considération qui doit, selon le cardinal Bergog1io, ”éclairer les changements possibles et les réformes qu’il faut faire”. ”L’Église, quand elle est auto-référentielle, sans s’en rendre compte, croit qu’elle a sa propre lumière ; elle cesse d’être le ”mysterium lunae” (la lune qui reflète la lumière du soleil, NDLR), ce qui donne lieu à ce mal si grave qu’est la ”mondanité spirituelle” (selon de Lubac le pire mal qui puisse frapper l’Église, note le cardinal Bergoglio). C’est vivre pour se rendre gloire les uns aux autres. En simplifiant ; il y a deux images de l’Église ; l’Église évangélisatrice qui sort d’elle-même, la Dei Verbum religiose audiens et fidente proclamans, ou l’Église mondaine qui vit en elle-même, d’elle même, pour elle-même”.
Dans le dernier point, ajoute le rapporteur, celui qui était encore archevêque de Buenos Aires déclarait aux cardinaux que celui qu’il espérait voir élu serait ”un homme qui, à partir de la contemplation de Jésus-Christ et de l’adoration de Jésus-Christ aide l’Église à sortir d’elle-même vers les périphéries existentielles”. (Sources : AICA/Apic/Imedial/Figaro) Rapporté par DICI n°273 du 12.04.13.

L’idée-force du programme pastoral de BERGOGLIO est bien cela : sortir de l’Église pour aller vers les périphéries existentielles ; le programme pastoral de BERGOGLIO rejoint la préoccupation des cardinaux allemands,et la démarche pastorale de ceux-ci rejoint la conception que BERGOGLIO se fait de l’évangélisation ; quand les évêques allemands proclament dans leur manifeste du 26 février 2015 ”...la réalité de la vie représente un facteur important pour l’enseignement de l’Église (...) la question fondamentale n’est pas restreinte aux sources de la connaissance théologique issue de l’Écriture et de la Tradition, mais comprend également celle de la réalité des êtres humains et du monde...”, ils disent exactement la même chose que BERGOGLIO préconisant de sortir de l’Église (c.à.d des limites étroites de la connaissance théologique) pour aller vers les périphéries (c.à.d les réalités) existentielles ” ; cette phraséologie n’est qu’un jeu de mots ; un jeu très dangereux... Ces réalités existentielles périphériques dont la pastorale d’aujourd’hui a tant de souci, c’est qui ? c’est quoi ? ce sont les divorcés remariés qui veulent avoir accès aux sacrements, ce sont les couples de gays espérant une petite bénédiction nuptiale (et il y a des évêques pour les recevoir et les écouter favorablement), puis ce sont les clercs et religieux de tout rang hiérarchique impliqués dans la pédophilie et autres formes de dépravation ; et puis quoi encore demain ? ce sera sans doute le mariage des prêtres, l’ordination voire la consécration épiscopale de femmes.

Un exemple typique de l’inconsistance théologique aff1igeante de BERGOGLIO, c’est l’image qu’il donne d’un Christ prisonnier de l’Église, qui ”frappe sur la porte de l’intérieur pour qu’on le laisse sortir...”, ce qui veut dire que jusqu’à présent l’Église a fait preuve d’avarice spirituelle, retenant égoïstement pour elle seule ce qu’elle devait donner : la doctrine de la foi et des mœurs, et les moyens de sanctification que sont les sacrements ; donc une Église ”introvertie” ; mais avant de faire ce grief à l’Église, il faudrait que BERGOGLIO démontre, avec des faits concrets et autrement que par une référence livresque à de LUBAC (un autre jésuite) que : 1° l’Église, jusqu’à présent, n’a rien compris à l’évangélisation et 2° qu’elle refuse indûment les sacrements à qui remplit les conditions nécessaires pour les recevoir ; c’est précisément ces conditions necessa1res que BERGOGLIO ignore délibérément.

La corrélation entre le programme pastoral de BERGOGLIO et celui de l’épiscopat allemand ressort de la confrontation entre le premier et les déclarations du cardinal MARX, président de la Conférence épiscopale allemande, dans le cadre d’une interview relatée le 26 février 2015 par le quotidien allemand DIE TAGESPOST, dont voici le texte intégral en traduction, suivi d’un commentaire.

Article paru dans le quotidien DIE TAGESPOST du 26 février 2015, p.5.
(Traduction française par les soins de R. Lefebvre)

« Nous ne pouvons pas attendre»
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Les Évêques allemands se réuniront en synode en automne pour traiter non seulement du thème du mariage et de la famille, mais également d’une nouvelle compréhension de la Révélation. Franz Josef Bode et Heiner Koch sont choisis comme délégués. (communication) de Regina Einig.

Les Évêques allemands entreprennent une longue série d’entretiens sur le sujet du mariage et celui de la famille, en toute indépendance envers l’Église locale. Le Président de la Conférence épiscopale allemande, le Cardinal Heinrich Marx (Münchin-Freising) souligne en vue du synode d’automne sur la famille, les efforts des Évêques pour ”emprunter de nouveaux chemins” et ”aider à ouvrir des portes”. Dans toute l’Église, on ressentait ”une certaine attente” du côté de l’Allemagne. Il (NDLR : le Cardinal Marx) escompte que certaines questions seront abordées au synode, disait Marx mardi matin devant les journalistes à Hildesheim.

L’Archevêque de München-Freising se fie qu’après le synode une commission s’occupera des questions débattues. Les questions théologiques au sujet du mariage et de la famille, ainsi qu’au sujet de la morale sexuelle ne peuvent pas être résolues en trois semaines. ”Mon espoir est qu’il en résulte un large débat ultérieur”. Le synode devra élaborer un texte que le débat ”élargira”, et en même temps, mettre au point une position commune de principe. Dans l’enseignement, on reste dans la communauté ecclésiale (mais,sous-entendu) dans les questions particulières de la pastorale ”le synode est incompétent (litt.: ne peut) pour imposer dans le détail ce que nous avons a faire en Allemagne”. C’est pourquoi les Évêques voudraient publier après le synode une lettre pastorale sur le mariage et la famille. Les Évêques n’ont à attendre aucune permission : ”Nous ne sommes pas une succursale de Rome ; Chaque Conférence épiscopale est pastoralement responsable de son district (litt.: son cercle culturel) ; sa mission propre est de proclamer l’Évangile} nous ne pouvons pas attendre qu’un synode nous dise comment nous devons concevoir chez nous la pastorale du mariage et de la famille”.
Dans la conception que les Évêques allemands s’en font, la vie réelle (litt. la réalité de la vie) représente un facteur important pour l’enseignement de l’Église : ”nous apprenons aussi de l’enseignement de la vie”, souligne le cardinal Marx. Dans ce contexte, l’Évêque d’Osnabrück Franz-Josef Bode caractérise le synode comme ”historiquement important”. A son avis, les participants n’auront pas à débattre uniquement des questions relatives au mariage et à la famille, mais encore de la possibilité d’un changement de paradigmes (*) : la question fondamentale n’est pas restreinte aux sources de la connaissance théologique issue de l’Écriture et de la Tradition, mais comprend également celle de la ”réalité des êtres humains et du monde”. Le Président de la Conférence épiscopale allemande rappelle dans ce contexte la ”structure dialogale” de la réalité déjà mentionnée dans la Constitution conciliaire Gaudium et Spes” : ”il n’y a rien de réellement humain qui ne trouve écho dans leurs cœurs” (celui des jeunes, NDLR) ; ce dont Bode conclut : ”Le message chrétien doit trouver sa résonance chez les hommes, mais encore faut-il que les hommes trouvent une résonance chez nous”. Pour des raisons théologiques, il est important aux yeux de Bode que le sacrement devienne non seulement une représentation de l’unité mais aussi un moyen de la réaliser et par là de contribuer au salut.
Le Cardinal Marx a annoncé un document des Évêques du synode à publier dans les prochaines semaines. Mardi matin, les Pasteurs ont largement débattu des lignes essentielles du synode extra- ordinaire dans le cadre de l’assemblée plénière du printemps.
Quant à la question de savoir si la Conférence épiscopale prendra aussi des initiatives pour pousser davantage encore dans les consciences le sacrement de la confession, le Cardinal Marx répond que la confession et la réconciliation constitueraient un ”thème central”. Sous quelle forme la Conférence épiscopale voudra-t-elle revitaliser la pratique de la confession, cette question reste ouverte.

Commentaire


L’argumentation sur laquelle la Conférence épiscopale allemande s’efforce de fonder son programme d’évolution pastorale découle d’une erreur philosophique.

Pour répondre aux ”besoins” pastoraux, la Conférence propose de juxtaposer, à côté de l’enseignement de la doctrine de la foi et des mœurs, une deuxième source d’enseignement, prétendument préconisé par le Concile, qui serait l’enseignement vivant des ”réalités de la vie”, la ”réalité des êtres humains et du monde”.

L’origine de l’erreur est à rechercher dans un système philosophique connu sous le nom d’empirisme, un système de pensée et de raisonnement, en matière morale, qui s’est formé progressivement à partir du 18e siècle ; n’admettant aucune référence à une théorie spéculative, l’empirisme place son point de départ dans l’expérience, exclusivement. A ce système philosophique sont attachés les noms de :

– MERKEL, qui nie toute vérité établie a priori et considère le Droit comme un produit de l’évolution sociale en perpétuel changement et que l’expérience seule peut faire connaître.

– Herbert SPENCER (1830-1903), philosophe anglais, influencé par l’empirisme de LOCKE (1632-1704), le scepticisme de HUME (1711-1776) qui nie la possibilité de la certitude, l’utilitarisme de Jérémie BENTHAM ((1748-1832) dont le système moral place la règle des actions dans l’intérêt particulier ou général (est bien ce qui est utile), élabora un système dans lequel le comportement moral ne procède pas du raisonnement, mais obéit à une nécessité d’intégration sociale.

– Charles DARWIN (1809-1882) père de la doctrine bien connue sous le nom de ”darwinisme”, doctrine selon laquelle toute forme de société est le résultat constant d’un processus ininterrompu de transformation.

– Auguste COMTE en France (1798-1857) qui fonde sa philosophie sur une méthode à base d’observation des faits et d’expérience des êtres collectifs, employant la même méthode d’analyse qu’en biologie, science des êtres vivants ; sa théorie sociologique tend à faire prévaloir la notion d’intérêt social, et son système de règle morale consiste à favoriser l’évolution ”normale”,selon lui, de la société.

En voilà assez pour montrer que le caractère commun de tous ces systèmes de pensée qu’on englobe sous le nom d’empirisme, c’est d’une part le rejet de toute règle morale immuable découlant de la loi divine qui est elle-même immuable, et d’autre part, la consultation, par le législateur, des situations sociales établies, des besoins et aspirations psychologiques des individus composant la société. Par parenthèses, c’est ce que font les politiciens de nos États démocratiques ; les lois édictées sans référence à une norme morale ne font qu’entériner périodiquement des situations de fait établies contre la règle normative. Mais quand la loi a Dieu pour auteur, il n’y a pas de place pour la recherche de chemins nouveaux ; laisser croire qu’on trouvera le moyen ”d’ouvrir des portes” dans l’édifice doctrinal, c’est une tromperie et une imposture.

Sous quelle forme la Conférence épiscopale allemande parviendra- t-elle à ”revitaliser” la pratique de la confession ? Question embarrassante parce qu’elle est liée aux ”changements de paradigmes” envisagés par la conférence épiscopale comme moyen d’ouvrir des chemins nouveaux ; si on touche à la règle morale, il faut aussi retoucher la théologie des sacrements. Or, ce n’est pas la première fois que cette question est abordée sous forme de directive pratique pour les confesseurs. Peu après le Concile, des théologiens à la recherche d’une solution pastorale ”apaisante” des consciences, avaient trouvé ceci : puisque le pénitent n’a qu’une connaissance subjective, sujette à erreur, de la gravité des fautes avouées, et puisque d’autre part le confesseur n’a pas la connaissance exacte des dispositions d’âme du pénitent, rien n’est certain, mais il est utile de recourir au sacrement de temps à autre ”pour se remettre en question” et voir où l’on en est sur le chemin qui doit mener à la perfection…

Le refus silencieux opposé par BERGOGLIO aux demandes formulées par quatre cardinaux de Curie outre une milice de laïcs, le priant respectueusement de bien vouloir apporter à son document les éclaircissements nécessaires pour la direction des consciences, n’est étonnant qu’en apparence ; dans ce refus, il est fidèle à lui-même, il est fidèle à la ligne générale de son programme pastoral tel que le cardinal ORTEGA l’a exposé - avec son accord - le 23 mars 2015, et il est fidèle aux désirs de ses principaux électeurs ; ceux qui avaient intérêt à obtenir du ”S.Siège” des directives élastiques ont intérêt, par identité de motifs, à ce que le flou subsiste, ce qui leur permet de les interpréter et de les appliquer dans le sens souhaité. Ce n’est pas correct, c’est le moins qu’on puisse dire ; un document pastoral, qui concerne la direction des âmes, ne peut pas être moins clair et moins précis qu’un code de roulage qui concerne la direction des véhicules sur la route ; que dirait-on d’un code de roulage qui laisserait à l’automobiliste une marge d’interprétation lui permettant de décider à son gré de rouler à droite ou à gauche ? La sauvegarde des âmes vaut-elle moins que la sécurité routière ? Le refus de BERGOGLIO d’admettre que son document pastoral est ambigu est l’indice de son esprit partisan ; on ne voit pas d’autre explication. Donans donanti...

Après avoir esquissé le profil des cardinaux allemands, il convient d’esquisser celui du cardinal belge Godfried DANNEELS, leur comparse. Le site consulté relevait le 11.09.2018 que l’épithète de McCARRICK belge commençait à circuler ; ce qui est vrai, et d’ailleurs scandaleusement connu, c’est qu’il a couvert de son silence la dépravation de l’évêque d’Ypres, reconnu coupable de pédophilie sur des jeunes de sa propre famille ; toutefois la comparaison avec McCARRICK n’est pas adéquate ; on n’a pas connaissance de faits qu’on pourrait lui imputer personnellement ; il eut été plus exact de dire qu’en couvrant l’évêque d’Ypres, DANNEELS s’est mis dans la même situation que BERGOGLIO couvrant de son silence l’évêque américain.

Résultat ? Les dossiers de pédophilie dont le scandale atteint maintenant les niveaux élevés de la Hiérarchie en éclaboussant l’Église, ont créé un climat d’exaspération qui devait fatalement provoquer des réactions telles que celle de Mgr VIGANO, ancien nonce apostolique aux U.S.A… Dans l’espoir de se dédouaner, BERGOGLIO n’a pas trouvé d’autre riposte que de comparer ses détracteurs (qu’il ne nomme pas) à une meute de chiens sauvages (homélie du 6 septembre dernier, rapportée par Zenit). Ce n’est certainement pas l’Esprit Saint qui lui a inspiré cette comparaison ; la législation mosaïque et l’Apocalypse de S. Jean avaient déjà, bien avant lui, fait usage d’une analogie semblable, mais dans une optique toute différente : dehors les chiens !

On lit, en effet, dans l’Apocalypse de S.Jean, qui fait partie des Livres saints reconnus par l’Église : ” Dehors les chiens, les magiciens, les impudiques, les meurtriers, les idolâtres et quiconque aime le mensonge et s’y adonne ! C’est moi, Jésus, qui ai envoyé mon ange vous attester ces choses ” (Apoc. XXII,15). Or, à la différence des évangiles qui sont des relations de paroles, enseignements et actions de N.S., et à la différence des Actes des Apôtres qui sont des ”reportages”, c’est ici le Christ qui parle en personne ; dès les premiers mots du Prologue, l’écrivain sacré précise qu’il tient de J.C. lui-mène ce qu’il se dispose à écrire : ” Révélation de Jésus-Christ, que Dieu lui a confiée pour découvrir à ses serviteurs les événements qui doivent arriver bientôt ; et qu’il a fait connaître, en l’envoyant par son ange, à Jean son serviteur, qui a attesté la parole de Dieu et le témoignage de Jésus-Christ en tout ce qu’il a vu. Heureux celui qui...etc ”.


Pour connaître le sens et la portée de ce substantif qualificatif extrêmement méprisant utilisé par le Christ lui-même, il faut remonter dans le temps jusqu’à la législation contenue dans le Deutéronome, 5e et dernier Livre du Pentateuque que la tradition attribue à Moïse : ” Il n’y aura point de prostituée (sacrée : c’est un ajout dans la traduction du chanoine Crampon révisée par le P. Bonsirven) parmi les filles d’Israël, et il n’y aura point de prostitué (sacré) parmi les fils d’Israël ; tu n’apporteras pas dans la maison de Yahweh, ton Dieu, le salaire d’une prostituée ni le salaire d’un chien...car l’un et l’autre sont en abomination à Yahweh, ton Dieu (Deut., XXII,18-l9). Ce qui lui est en abomination, ce n’est pas tant le bénéfice pécuniaire du prostitué qu’on ne peut pas verser au trésor du temple parce que c’est de l’argent sale, c’est le prostitué lui-même ; encore faut-il remarquer que seul le prostitué masculin est appelé ”chien”, tandis que la prostituée n’encourt pas la qualification de ”chienne”, la raison de cette discrimination étant apparemment que la prostitution masculine est contre nature. Autre remarque : les prostitués sacrés d’autrefois n’étaient pas des lévites ; eut-ce été le cas, l’écrivain sacré l’aurait dit.

Comment la prostitution sacrée s’est-elle introduite en Israël dans l’Ancien Testament, et quelle fut son origine ? On apprend par le Ier Livre des Rois (XIV, 21-24) qu’au temps du règne de Roboam, roi de Juda de 931 à 914 av. J.C., fils aîné de Salomon, que : ” Juda fit ce qui est mal aux yeux de Yahweh et, par le péché qu’ils commirent, ils excitèrent sa jalousie plus que ne l’avaient fait leurs pères ; ils bâtirent, eux aussi, des hauts lieux, des pierres dressées et des aschérahs sur toute colline élevée et sous tout arbre vert ; il y eut même de la prostitution masculine dans le pays ; ils agirent selon toutes les abominations des nations que Yahweh avait chassées devant les enfants d’Israël ”. Josias, 16e successeur de Salomon sur le trône de Juda, roi de Juda de 640 à 609 av. J.C., s’employant à ramener son peuple à Dieu, dut recourir aux grands moyens pour extirper l’idolâtrie et purifier le culte et, entre autres mesures radicales employées, il détruisit les maisons des prostitués sacrés installés dans la maison de Yahweh (II Rois, XXIII, 4-7). Par ces récits, on apprend que la prostitution sacrée est un phénomène lié à l’abandon de la foi et à la contamination avec le monde et ses abominations. C’est pareil aujourd’hui, l’Église n’y échappe pas ; c’est le fruit de l’ouverture au monde voulue par les artisans du Concile ; on l’a dit cent fois, en vain. A noter que ce n'est pas du nouveau dans l'histoire des temps modernes : le 16e siècle fut marqué par la grande crise religieuse de la foi qui a produit le grand Schisme d'Occident, et, parallèlement, par ce qu'on a appelé la Renaissance ; celle-ci, amorcée en Italie au 15e siècle, puis s'est étendue dans toute l'Europe au 16e, était un vaste mouvement intellectuel de retour à l’Antiquité, dans ce qu'elle avait de meilleur, l'architecture et la littérature, et ce qu'elle avait de pire : les philosophies païennes, la mythologie, l'épicurisme et l'immoralité sous toutes ses formes ; l' « humanisme » qui les résume, c'est le culte de l'homme et de toutes les valeurs humaines telles que le paganisme les concevait avant le christianisme.

Ceux qui souhaitent ouvertement aujourd’hui le départ de BERGOGLIO n’ont pas tort, loin de là, mais ce n’est pas tant sa personne qu’il faut considérer, c’est surtout, au-delà de sa personne, ce qu’il représente et qu’il traduit concrètement dans ses propos et ses actes : une conception radicalement fausse de l’évangélisation qui donne la primauté à la pastorale, une pastorale opportuniste, déconnectée de la doctrine de la foi et des mœurs ; on en arrive ainsi à tolérer la dépravation dans les rangs de la Hiérarchie

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Dans la lignée des papes qui couvre près de deux mille ans, BERGOGLIO occupe une place très particulière. Au cours de l’histoire, il y eut dans l’Église des pontifes insignifiants ; il y eut de saints papes surtout dans les premiers siècles marqués par les persécutions sanglantes ; il y eut aussi par la suite des papes scandaleux ; en remontant dans le temps, on trouve notamment JULES III (1487-1555) pape de 1550 à 1555 ; sa liaison avec un mignon est connue, mais du point de vue doctrinal on ne peut rien lui reprocher ; il continua le Concile de Trente, de la 13e session (11 oct. 1551) jusqu’à sa mort ; en remontant plus haut, on trouve ALEXANDRE VI, pape de 1493 à 1503, qui a laissé le souvenir de ses débauches, mais son bullaire, du point de vue doctrinal, est impeccable ; plus loin encore dans le temps, on trouve au Xe siècle ce qu’on a appelé la pornocratie pontificale, époque particulièrement troublée au cours de laquelle, de 906 à 966 la papauté fut dominée politiquement par des femmes ambitieuses et débauchées ; les onze papes qui se succédèrent au cours de ces 60 ans furent des individus insignifiants et indignes de la papauté, surtout JEAN XII, le dernier de cette lignée ; mais les historiens disent que leurs actes religieux furent d’une parfaite orthodoxie.

Le cas de BERGOGLIO est tout différent ; il y a d’une part son silence étrange couvrant des situations désormais connues par des scandales homosexuels devenus publics et par les dossiers de pédophilie ; mais il y a aussi, et c’est infiniment plus grave, parce que la doctrine et la discipline sacramentelle de l’Église est en cause, tout au moins indirectement, la pastorale ambiguë d’Amoris laetitia qu’il refuse de clarifier malgré les demandes formées en premier lieu par quatre cardinaux sous forme de ”dubia” et ensuite par une association de laïcs ; son silence persistant, le maintien persistant de l’ambiguïté ont pour effet d’introduire dans l’Église le principe du libre examen protestant ; ce principe ayant pris racine dans la pastorale, plus rien ne s’opposera à ce qu’il devienne la règle de pensée et de conduite, et par ce biais, l’infaillibilité pontificale est appelée à s’effacer, à devenir une notion ”dépassée”, liée à des conciles ne répondant plus aux nécessités pastorales d’aujourd’hui.

Sous ce rapport, le manifeste de l’épiscopat allemand de février 2015 est particulièrement éclairant ; en voici, pour mémoire, les lignes de force :

– à l’occasion de leur prochain synode, les Évêques allemands aborderont une ”nouvelle compréhension de la Révélation”...

– il s’agit d’emprunter de nouveaux chemins...d’ouvrir des portes...

– pour cela, les Évêques n’ont à attendre aucune permission...ils ne sont pas une succursale de Rome...

– chaque Conférence épiscopale est pastoralement responsable de son district...

– les Évêques allemands ne doivent pas attendre qu’un synode leur dise comment ils doivent concevoir chez eux la pastorale du mariage et de la famille...

– aux ”paradigmes” anciens il faudra en substituer de nouveaux...

– les sources de la pastorale ne sont pas limitées à la connaissance théologique issue de l’Écriture sainte et de la Tradition...il en est une troisième, tirée de la ”réalité des êtres humains et du monde” et de ”l’enseignement de la vie”...

– comment la Conférence épiscopale revitalisera-t-elle la pratique de la confession...cette question reste ouverte !

Tout le programme des progressistes est là : il faut faire sauter les barrières !

C’est l’œuvre des groupes de pression qui travaillent clandestinement à l’intérieur de l’Église pour la faire ”évoluer” ; entendons : la mettre au diapason de l’esprit moderne, de ses aspirations, de ses exigences, persuadés qu’ils sont - mais faussement - que l’adaptation au monde est pour l’Église une nécessité vitale ; l’un de ces groupes de pression est ce qu’on a appelé la ”mafia de S. Gall” ; or, qu’est-ce qu’une mafia ? une association secrète exerçant sa domination par le racket et la loi du silence ; et qu’est-ce que le racket ? c’est l’extorsion par le chantage ; le chantage au schisme est une forme de racket ; dans le cas de l’épiscopat allemand, c’est flagrant ; c’est l’esprit du manifeste de février 2015.

Cette attitude frondeuse, inimaginable il y a 60 ans, est le fruit de la collégialité, telle qu'elle est pratiquée depuis le Concile Vatican II, nonobstant la « Nota previa explicativa » qui a précisé la notion orthodoxe de collégialité.

Roger LEFEBVRE, avocat Honoraire

Note


(*) paradigme : mot ”type” proposé comme modèle, exemple. Ainsi, dans le discours du Cardinal Marx, les mots correspondants aux notions de mariage, de famille, de morale sexuelle, deviennent de simples exemples, des modèles permettant de ”modeler” de nouvelles notions qu’il suffira de substituer aux notions définies dans la Doctrine ; on retrouve ici la vieille erreur connue sous le nom de ”nominalisme”.

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