Il a suffi d’une photo représentant Benoît XVI assis à côté de Mgr Melina, l’une des figures emblématiques de l’Institut JP II pour la famille, récemment congédié, pour que se déclenche l’habituelle campagne visant à discréditer les « ennemis » de François et par la même occasion, à attaquer le Pape émérite (donnant le ‘la’ avant les probables réactions sur les réseaux sociaux…). Exemple emblématique avec l’article de Vatican Insider

Voir aussi:

Côté « opposition à François », Antonio Socci ne s’y est pas trompé, avec ce post d’hier soir sur sa page Facebook.

MI PARE MOLTO CHIARO…https://www.acistampa.com/story/il-papa-emerito-riceve-in-udienza-monsignor-livio-melina-11995

Gepostet von Antonio Socci pagina ufficiale am Montag, 5. August 2019
Cela me semble très clair…

Et côté « fans de François », Vatican Insider, le portail « religieux » de La Stampa, fondé par Andrea Tornielli (que François a nommé directeur éditorial du Dicastère pour la communication en décembre dernier), proclame son hostilité, mais il n’est pas le seul (quoique le premier) à le faire.

Les tentatives d’instrumentaliser le Pape Emérite continuent.
La visite de Mgr Melina utilisée contre le Pape François


Témoin cette manchette d’un quotidien en ligne « Il Faro di Roma« , prologue à un article qui commence en ces termes (notons l’allusion insultante et même diffamatoire au cardinal Caffarra, qui ne peut plus se défendre sur cette terre, et l’intention claire de jeter l’opprobre sur le média responsable de la publication, qui – horresco referens – serait proche des neocon!!! Une technique éprouvée, devenue hélas habituelle chez ceux qui prétendent « défendre » le Pape):

L’affaire de l’Institut théologique Jean Paul II réformé par le Pape François afin qu’il ne continue pas à produire des fournées d’ayatollah dans les programmes d’études de son fondateur, le cardinal Carlo Caffarra, qui assimilait la masturbation au meurtre, voire aux massacres étant donné le nombre d’enfants potentiels éliminés par les adolescents, a eu une queue empoisonnée dans la tentative d’instrumentaliser le fait que  » le 1er août dernier, le Pape Benoît XVI a voulu recevoir en audience privée le professeur Livio Melina ». « Après une long entretien sur les événements récents à l’Institut pontifical Jean-Paul II, Ratzinger a donné sa bénédiction, manifestant sa solidarité personnelle et assurant sa proximité dans la prière « , dit Aci Stampa, une agence dont la propriété est très proche des « raisons » des néoconservateurs..

Mais l’article de Salvatore Cernuzio dans Vatican Insider est tout aussi venimeux (et tout aussi insultant par endroits), parlant du « vieux Ratzinger » (!!), citant sans autre précision « l’entourage de Ratzinger », et s’en prenant de façon à peine voilée à Georg Gänswein.
Dérogeant à la règle que je m’étais fixée, je le publie malgré tout, comme un document, pour aider à comprendre l’ambiance empoisonnée qui règne en ce moment au Vatican, plus particulièrement dans le contexte des « deux papes »; et la rage que suscite chez certains le fait que Benoît XVI soit encore en vie, et ne renonce pas à faire entendre sa voix, fût-ce à travers de simples photos.

Notons aussi que la Fondation Vaticane Joseph Ratzinger-Benoît XVI (dirigée par le Père Lombardi) qui se vante de couvrir toutes les activités du Pape Émérite à travers photos et reportages, ne fait aucune mention de la rencontre. Le même silence que celui qu’elle avait observé lors de la publication des fameuses « Notes » de Benoît XVI à propos de la pédophilie dans l’Eglise.


La photo opportunity de Melina avec Benoît XVI

Salvatore Cernuzio
Vatican Insider
5 août 2019
Ma traduction


L’homme-symbole de l’institut fondé par Wojtyla, dont la charge n’a pas été renouvelée, reçu en audience par le Pape émérite qui lui a manifesté sa « solidarité ». Une nouvelle diffusée par un journal proche de l’entourage de Ratzinger en opposition à Bergoglio

Dans le brouhaha estival sur les « purges » présumées à l’Institut Pontifical Jean-Paul II, voilà que Benoît XVI lui-même émerge.
Le 1er août dernier, le Pape émérite a reçu en audience privée Mgr Livio Melina, l’homme-symbole de l’Institut fondé par Jean-Paul II en 1981, jusqu’à présent professeur de la chaire de Théologie morale fondamentale, dont le poste n’a pas été renouvelé dans la réorganisation de l’Institut,. Une destitution qui a suscité de fortes polémiques de la part des élèves et des enseignants.

La nouvelle de l’audience a été donnée aujourd’hui par le site ACI Prensa (en espagnol, ndt), appartenant au groupe américain EWTN, en contact étroit avec l’entourage de Joseph Ratzinger, qui a joué à plusieurs reprises le rôle de caisse de résonance des courants dissidents contre le pape François (voir le cas de l’ex-nonce Viganò).
L’édition italienne du site, ACI Stampa (dirigée par Angela Ambrogetti, ndt), plus équilibrée et plus précise dans les chroniques du Vatican, se contente de rapporter une note abrégée dans laquelle elle explique que: « Le 1er août 2019, le Pape émérite Benoît XVI a voulu recevoir en audience privée le Professeur Livio Melina. Après une longue discussion sur les événements récents à l’Institut pontifical Jean-Paul II, il a accordé sa bénédiction, manifestant sa solidarité personnelle et assurant sa proximité dans la prière ».
La page en espagnol, en revanche, retrace les événements houleux des dernières semaines ayant impliqué l’Institut et accorde une large place aux déclarations de Juan José José Pérez-Soba, théologien espagnol, dans lesquelles celui-ci souligne « la relation profonde entre Benoît XVI et la fondation de son prédécesseur dans le pontificat, ainsi qu’avec Mgr Livio Melina, qui a été destitué ». Suivent toutes les occasions où Benoît XVI a parlé ou écrit en faveur de l’Institut, entre lettres, messages et audiences, citées chronologiquement.

Une opération qui semble vouloir mettre en évidence la énième fracture entre le Pape émérite et le Pape régnant. Une de ces manœuvres médiatiques auxquels on a déjà assisté dans les moments « chauds » du pontificat de Jorge Mario Bergoglio: le double Synode sur la famille, la publication d’Amoris laetitia, le sommet sur les abus; toutes occasions qui ont suscité des controverses intra-ecclésiales dans lesquelles on a tenté d’impliquer le Pape Emérite (du groupe des Cardinaux accourant à Mater Ecclesiae à la publication des « Notes« ) comme s’il était un juge en Appel contre les décisions de son successeur jugées dangereuses pour le futur de l’Eglise. Un moyen aussi de confirmer l’existence de cette « dyarchie » dont les proches de Ratzinger ont parlé plusieurs fois en public [suivez mon regard: c’est ici Mgr Gänswein qui est visé].

Ce cas, avec la photo opportunity (!!!) du vieux (anziano, sic!!!) Ratzinger et de Melina souriant, accompagné de la lettre de Pérez-Soba, semble s’inscrire dans la même veine pour relancer un message bien précis: sous Benoît XVI, l’Institut dédié aux études sur le mariage et la famille jouissait d’une bonne santé et surtout de l’estime du Pape, tandis qu’avec François il a été frappé dans son « essence ». C’est ce qu’écrivaient ces derniers jours les journaux conservateurs italiens et internationaux, toujours dans l’opposition au Pape argentin, certains allant jusqu’à définir la série de changements et de destitutions – dont quelques-unes de nature physiologique étant donné l’âge des personnes concernées – comme une « gifle » à la mémoire et à l’héritage de Jean-Paul II, et montrant du doigt le directeur actuel Pierangelo Sequeri et le grand chancelier, Mgr Vincenzo Paglia comme les artisans du grand nettoyage.

Certes, on ne peut ignorer le mécontentement suscité au sein de l’Institut pontifical par l’approbation des Statuts et la sortie de la scène de Melina et de l’autre « pilier », le Père José Noriega ainsi que Stanislaw Grigyel, philosophe polonais, ami de Karol Wojtyla. La lettre signée par plus de 150 étudiants – qui ont créé un site web pour se tenir constamment à jour sur les événements de l’Institut -, en donne la preuve.

Il est cependant excessif, du moins dans l’analyse détaillée de la réalité des faits, de parler d’ « épuration », de « purges papales », de « sac de Rome« , de « règlement de comptes ». « Informations déformées et factieuses » , disent les dirigeants de l’Institut Jean-Paul II dans le communiqué du 29 juillet dernier. De plus, selon la lettre envoyée par Mgr Melina à Avvenire, personne dans l’Institut ne s’est jamais opposé au Souverain Pontife: donc à quoi bon des purges ? « A aucun des professeurs licenciés, le grand chancelier, Mgr Vincenzo Paglia n’a pu fournir comme motif de la mesure de prétendues attaques contre le pape François », peut-on lire dans la lettre publiée dans le quotidien de la Conférence épiscopale italienne le 2 août.

Il n’y a peut-être pas eu d’attaques « déloyales », mais on ne peut nier que depuis quelques années, dans l’opinion publique, l’Institut Jean-Paul II s’est présenté comme une sorte de « petit fort » contre le « nouveau cours de l’Église » en défense des valeurs menacées par le Synode sur la famille et par l’exhortation apostolique de François Amoris laetitia. Peut-être parce que, bien qu’ils aient toujours été prudents dans leurs déclarations publiques et qu’ils aient rarement donné des interviews, il n’était pas rare d’entendre de la bouche des étudiants et des professeurs des plaintes contre « une Église qui regarde vers le bas », « une morale qui s’effrite », « un pontificat dévastateur ».

Ou peut-être parce qu’il y a eu des occasions où ont retenti entre les murs de l’Institut des paroles critiques: par exemple lors de l’inauguration de l’année académique 2015-2016, le 27 octobre 2015, quand le cardinal australien George Pell, alors préfet du Secrétariat à l’économie, lors d’un exposé sur le thème « Foi, famille et finances aujourd’hui » introduit par Mgr Melina, s’en était pris aux résultats et aux positions émergées du Synode sur la famille qui venait tout juste de s’achever, les qualifiant de « cheval de Troie d’une attaque contre la belle doctrine de l’Église sur la conscience ». Des mots chaleureusement applaudis par les personnes présentes dans la salle.

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