Parmi les artisans de l’ombre du prochain synode, un théologien allemand octogénaire, Paulo Suess, très apprécié du Pape, et très imprégné par l’idéologie marxiste. Tour d’horizon d’AM Valli (*)

(*) Voir aussi l’article de Maike Hickson sur LifeSiteNews.

Paulo Suess et le Pape, 4 avril 2014

Les racines du Synode sur l’Amazonie et la charge des octogénaires

Aldo Maria Valli
12 septembre 2019
Ma traduction

On sait que parmi les inspirateurs du prochain synode amazonien (6-27 octobre) se trouve Leonardo Boff , 81 ans; l’ex-prêtre qui fut l’un des fondateurs de la théologie de la libération, et un grand ami de Bergoglio, a affirmé avoir aidé le pape à écrire l’encyclique écologique Laudato sì’.

Mais Boff n’est pas seul. Un autre idéologue du prochain synode, également âgé de 81 ans, est moins connu, mais pas moins important, Paulo Suess.

Allemand de Cologne, lui aussi, comme Boff, né en 1938, après des études à Bruxelles, Münster, Louvain et Munich (où il a obtenu son doctorat en théologie avec une thèse sur le catholicisme populaire au Brésil avec l’ultra-progressiste Johann Baptist Metz) Suess s’installa en Amérique du Sud et devint professeur d’études missionnaires à Sao Paulo, ainsi que membre de Amerindia, un groupe qui promeut la théologie de libération.

Avec Boff et d’autres, Suess a longtemps travaillé à influencer les évêques latino-américains dans le sens de la théologie de la libération, si bien qu’il a contribué directement au document final de la cinquième Conférence générale des évêques d’Amérique latine et des Caraïbes, qui se tint à Aparecida en 2007 et qui vit le cardinal Jorge Mario Bergoglio dans le rôle de président de la commission chargée de rédiger les conclusions de la rencontre.

Suess a été impliqué dès le début dans la préparation du synode amazonien, si bien qu’en avril 2014, il a eu une audience avec le Pape François en compagnie de l’évêque Erwin Kräutler (né en 1939), lui aussi allemand, lui aussi employé par François comme inspirateur et auteur de Laudato Si‘, lui aussi engagé depuis des années du côté de la théologie de libération comme missionnaire en Amazonie brésilienne, et connu à la fois pour être favorable à l’ordination de prêtres mariés et de diaconesses, et pour avoir déclaré avec fierté: « De toute ma vie, je n’ai jamais baptisé un indigène et je n’ai pas l’intention de le faire ».

« Faites des propositions audacieuses », fut l’exhortation que le Pape Bergoglio adressait en 2014 à Suess et Kräutler. Et les deux, qui pendant des décennies ont travaillé côte à côte au Brésil, en particulier au CIMI (le Conseil Indigène Missionnaire) et au REPAM (le Réseau Ecclésial Panamazzonique, à son tour impliqué par François dans la préparation du synode) n’ont pas fait marche arrière.

« Marcher ensemble » est une expression chère à Suess [et au Pape!!], tout comme « renforcer les indigènes dans leur identité », mais la véritable « proposition audacieuse » réside dans « une nouvelle compréhension de la révélation de Dieu ». Dans quel sens ? Dans le sens d' »historiciser le concept de Révélation », afin de « découvrir la Révélation de Dieu parmi ces peuples indigènes ».

C’est là qu’on voit clairement l’influence de Suess sur le document de travail du Synode panamazéen, dans lequel la région amazonienne est décrite et présentée comme « une source particulière de la révélation de Dieu ». Cette déclaration a suscité de nombreuses critiques, tant de la part de simples fidèles que de hauts prélats, comme le cardinal Walter Brandmüller.

« Plusieurs sources progressistes – écrit Maike Hickson – disent que l’évêque Erwin Kräutler est l’auteur du document de travail du Synode. Et sachant bien comment cet évêque a travaillé pendant des décennies en contact étroit avec Paulo Suess, nous pouvons mieux voir l’influence de ce dernier », surtout sous le profil théorique, « car si Kräutler est plus enclin à l’activisme, Suess est le penseur ».

Le nom de Suess, cependant, contrairement à celui de Kräutler, ne figure pas officiellement parmi ceux qui ont collaboré à l’élaboration du document de travail.

« La raison probable de cette omission est que Suess a été appelé par le Vatican à être l’un des experts et des conseillers membres du conseil pré-synodal et non du conseil lui-même, composé principalement de cardinaux et d’évêques. Suess était cependant déjà présent lors de la première réunion du conseil pré-synodal en avril 2018. Pourtant, il apparaît rarement officiellement comme une personne impliquée dans le Synode ».

(Maike Hickson)

LifeSiteNews a donc contacté Suess pour lui demander des explications, mais le théologien a dit qu’il préférait ne pas répondre.

Une des raisons pour lesquelles Suess reste dans l’ombre est probablement lié au fait qu’il a ouvertement fait des reproches à Benoît XVI en 2007 pour son discours aux évêques d’Aparecida. Au Pape, qui soulignait dans ce discours les conséquences positives de l’oeuvre d’évangélisation menée en Amérique du Sud par les catholiques européens, Suess répliqua que Benoît XVI n’était pas en mesure de comprendre « la réalité des Indiens d’ici », et que ses déclarations étaient donc « fausses et indéfendables », comme il l’a dit à l’agence Reuters.

Selon Suess, l’idée de Benoît XVI selon laquelle les cultures indigènes ont accueilli l’Église catholique et son message de foi est historiquement infondée, anthropologiquement inacceptable et caractérisée par un providentialisme de type fondamentaliste. En réalité, soutient Suess, le débarquement des Européens il y a cinq cents ans fut quelque chose que les autochtones ne devraient certainement pas célébrer, car pour les cultures indigènes, cela signifia exploitation et destruction. D’où l’idée que les catholiques n’ont pas le droit de faire du prosélytisme parmi les Indiens, mais qu’une nouvelle pastorale doit être développée. Du point de vue de l’intégration, il faut passer à la reconnaissance des aspects spécifiques des cultures indigènes, si bien que l’action missionnaire n’a rien à voir avec la conversion. « Nous n’avons pas le droit de faire du prosélytisme, de déprécier la religion des autres ou d’encourager la conversion, » dit Suess. « Le peuple lui-même doit décider quelle est la meilleure religion pour ce moment historique. Une sorte d' »autodétermination religieuse » qui, selon Suess, trouve son fondement dans Nostra aetate du Concile Vatican II.

L’affirmation, chère à François, que l’Église, au lieu de continuer à essayer d’imposer un visage européen aux peuples amazoniens, doit découvrir son propre « visage amazonien », est également typique de Suess.

En 2014, Suess dit que, pour lui, les indigènes sont comme des « agents révolutionnaires en Amérique du Sud ». Une perspective typiquement marxiste, dans laquelle l’indigène remplace le travailleur.

Et les termes que le théologien utilise lorsqu’il parle d’objectifs sont marxistes. Dans une interview publiée sur le site officiel du synode, il affirme:

« En fin de compte, nous voulons construire une nouvelle société, parce que cette société capitaliste, ce système de meurtre, ne fonctionne pas, comme l’affirme le Pape François. Comment pouvons-nous être annonceurs de la vie ? Nous devons changer la société. Avec qui le ferons-nous? Avec les peuples amazoniens, avec les peuples indigènes, avec les jeunes. Sommes-nous disposés à construire une société moins inégale? Voilà pourquoi nous devons renforcer les nouveaux parcours ».

Suess, selon lequel le Pape François est un représentant de la théologie de la libération, ne s’est jamais caché d’être en faveur du sacerdoce féminin et des diaconesses, et à cause de ces positions en 2001, on lui a retiré le cours de troisième cycle en études missionnaires au Département Théologique Pontifical de l’Université Nossa Senhora da Assunção à Sao Paulo.

« Mais aujourd’hui – écrit Maike Hickson – sous le pape François, beaucoup de choses ont changé. Suess a participé à toutes les réunions préparatoires du synode amazonien à Rome, Quito et Bogota et ailleurs, afin de pouvoir rassembler les résultats de ces rencontres dans l’Instrumentum laboris« .

Suess et Kräutler « ont en outre contribué à établir un lien direct avec la Conférence épiscopale allemande qui, au fil des ans, a fait don au CIMI, par l’intermédiaire de l’une de ses organisations humanitaires, de quelque 22 millions d’euros et a soutenu Amerindia avec 100 000 euros ».

Les évêques allemands sont également de généreux sponsors du REPAM par l’intermédiaire de l’agence Adveniat et Suess les a régulièrement impliqués dans la collecte de fonds. En outre, le théologien Markus Büker, de l’organisation Misereor, expert en « justice sociale et en développement durable », a consacré sa thèse de doctorat au travail de Suess et a collaboré avec lui dans le groupe Amerindia, également en vue d’Aparecida.

Oubliées, les anciennes restrictions, Suess est maintenant une star dans le firmament bergoglien. Selon lui, François est comme un oiseau qui, avec son élection, s’est « libéré de sa cage et a apporté à Rome la théologie sud-américaine ».

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