Les religieux engagés politiquement à gauche dont la suspension a divinis décrétée par ses prédécesseurs a été levée par la miséricorde bergoglienne ne manquent pas. Indiquant bien où vont les préférences du Pape qui n’aime pas les rigides. Exemples en Italie (et ailleurs) par Nico Spuntoni.

« L’Honorable » don Malandri

Que de « miséricorde » pour les prêtres rouges jamais repentis

Nico Spuntoni
La NBQ
20 septembre 2019
Ma traduction

L’ex-député Eugenio Melandri rejoint la liste des prêtres engagés politiquement à gauche qui ont obtenu la levée de la suspension a divinis. Cardenal, Brockmann et en Italie Della Sala : en plus du « pardon » papal, ils ont en commun le manque de volonté de se repentir des faits qui ont conduit à la sanction canonique.

L’Onorevole [titre de courtoisie des députés] dit à nouveau la messe. Eugenio Melandri, ex-eurodéputé de Démocratie Prolétarienne et élu à la Chambre des députés en 1992 pour Refondation communiste, a annoncé qu’il avait été incardiné dans le diocèse de Bologne. Né à Brisighella, dans cette région de Ravenne qui a donné naissance au cardinal progressiste Silvestrini [cf. Mort à 95 ans du cardinal Silvestrini], l’ex-missionnaire savérien [membre de la Pia Società di San Francesco Saverio (saint François Xavier) per le Missioni estere] a été suspendu a divinis puis réduit à l’état laïc à cause de sa décision de se présenter dans le parti de Mario Capanna. Sa réhabilitation était déjà dans l’air il y a un an après sa rencontre avec le Pape François au Vatican. Bergoglio, selon la version rapportée par Melandri lui-même, en écoutant son histoire, lui aurait dit « tu as bien fait ».

Sur la figure du Souverain Pontife argentin, l’ex-missionnaire, interviewé par le « Quotidiano Nazionale », a confié: « Je ne peux pas dire qu’il a influencé mon retour au sacerdoce, mais le climat qu’il a créé ces dernières années dans l’Église aide à dénouer des situations comme la mienne« .

En fait, la réintégration de l’ex- « aumônier de Refondation communiste » n’est que la dernière en date d’un « prêtre rouge » survenue sous le pontificat actuel. Avant lui, Ernesto Cardenal, prêtre-poète nicaraguayen, suspendu a divinis en 1985 à cause de son militantisme sandiniste, avait été « pardonné ».

C’est Saint Jean Paul II qui avait voulu ces sanctions canoniques pour lui et son frère Fernando qui avaient accepté d’occuper le poste de ministre dans le gouvernement de Daniel Ortega. La suspension a divinis est intervenue après le reproche public retentissant que le pape polonais, dès son arrivée, avait adressée au ministre de la Culture sandiniste de l’époque à l’aéroport de Managua en 1984.
A l’instar de Melandri, qui a confirmé au journaliste qui l’a interviewé qu’il ne voulait pas renier son expérience politique, Cardenal, à 90 ans passés, n’a jamais dit qu’il regrettait sa longue activité marxiste.

Miguel d’Escoto Brockmann est un autre ex-religieux qui a occupé des postes ministériels dans le gouvernement sandiniste et a donc été suspendu a divinis par Wojtyla. Avant son décès en 2017, il avait lui aussi obtenu la révocation de la sanction canonique comme « acte de miséricorde » en 2014 [voir entre autre à ce sujet sur « Benoit-et-moi »: Le Pape qu’ils attendaient]. Comme Cardenal, d’Escoto Brockmann fut l’un des protagonistes de la saison de la Théologie de la Libération « excommunié » par les deux Instructions de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, « Libertatis nuntius » et « Libertatis conscientia« .
L’ex-ministre nicaraguayen des Affaires étrangères, lauréat du Prix Lénine pour la paix décerné par l’URSS, après avoir reçu la grâce papale de François, n’a pas ménagé la mémoire de saint Jean Paul II, l’accusant d’avoir commis un « abus d’autorité » en le sanctionnant 30 ans auparavant [voir A peine pardonné, le P. D’Escoto tape sur Wojtyla].

En Italie, la réhabilitation de personnalités de la gauche radicale internationale aussi connues a fait exulter « Il Manifesto« , qui continue à se déclarer, sous l’en-tête, « quotidien communiste ».
La liste des « prêtres de barricades » pleinement réintégrés au cours des six dernières années comprend également le nom de don Vitaliano Della Sala, ex-curé de Sant’Angelo a Scala, dans la province d’Avellino. L’activisme du prêtre dans le mouvement No Global et sa participation à la World Gay Pride lui valurent en 2005 la suspension a divinis pour six mois, par l’abbé-évêque de Montevergine, et l’interdiction de la paroisse d’Irpinia. Depuis février dernier, pourtant, Della Sala célèbre à nouveau à Sant’Angelo a Scala et a été nommé directeur adjoint de la Caritas diocésaine d’Avellino et curé de la paroisse de Mercogliano. Son nom est revenu sur le devant de la scène nationale quelques jours seulement après sa dernière réhabilitation pour avoir fait chanter dans l’église avant la messe la chanson de Mahmood « Soldi » [Selon wikipedia, la chanson, qui a remporté le Prix du Festival de San Remo « irrite l’extrême-droite » de… Matteo Salvini. Il représentait cette année l’Italie à l’Eurovision, où il a terminé 2ème. La vidéo de cet épisode est devenue virale et a fait parler pendant des jours.

Eugenio Melandri rejoint donc la liste des prêtres engagés politiquement à gauche qui ont obtenu la levée de la suspension a divinis.
Ces personnalités, outre le « pardon » pontifical, ont aussi un autre élément en commun: l’absence de volonté de repentir pour les faits qui avaient conduit à la sanction canonique précédemment imposée.

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