La consultation de la liste des invités (*) au prochain synode pour l’Amazonie, et d’autres faits récents, comme les propos du Pape dans l’avion de retour d’Afrique, nous font replonger dans l’histoire. François est en train – sans doute à son insu – de dépoussiérer des pratiques antiques. Ce qui en ferait un pape « conservateur », donc, mais dans le mauvais sens du terme. AM Valli reprend un article du site espagnol « InfoVaticana » (pas vraiment bergogliophile, malgré son nom…)

(*) Voir ici: Amazonie: un synode déjà cousu de fil blanc


Avec François un retour au césaropapisme?

Aldo Maria Valli
25 septembre 2019
Ma traduction

Avec le pontificat de François, il y a, sous de nouvelles formes, un retour au césaropapisme. Et le synode amazonien qui va commencer en est l’expression.

C’est la thèse soutenue par Carlos Esteban sur Infovaticana, et elle mérite l’attention.

Le césaropapisme (qui s’est manifesté lorsque le christianisme a été admis comme religion impériale puis, sous différentes formes, sous le Saint Empire romain, jusqu’à la naissance des monarchies nationales) se fonde sur la primauté de l’autorité civile sur celle religieuse, au point que la première (César) décide aussi des questions disciplinaires et théologiques de la seconde (Pape).

Opposé à la théocratie, où le pouvoir religieux l’emporte sur le pouvoir civil, le césaropapisme, qui a également trouvé application dans la Russie des tsars, est maintenant évoqué par Esteban à la lumière de quelques faits récents.

Lors de la conférence de presse dans l’avion de retour d’Afrique, le pape a dit :

« Les organisations internationales, quand nous les reconnaissons et que nous leur donnons la capacité de juger au niveau international — pensons au Tribunal International de La Haye ou aux Nations Unies — quand elles se prononcent, si nous sommes une unique humanité, nous devons obéir ».

Traduction officielle

Obéir est un verbe très explicite. Cela signifie que les catholiques doivent obéir aux organisations qui promeuvent habituellement l’avortement et aux politiques qui entrent en conflit avec la doctrine sociale de l’Église. Et l’autorité du pape? Et son enseignement? Et sa liberté?

Et puis il y a un deuxième fait. Qui trouvons-nous dans la liste des participants au synode pour l’Amazonie? L’ex-Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon, qui n’est ni cardinal, ni évêque, ni missionnaire. Et d’ailleurs, à y regarder de plus près, on ne sait même pas s’il est croyant ou à quelle religion il appartient, car il a toujours préféré survoler le sujet.

Alors pourquoi un ancien secrétaire général de l’ONU à un synode des évêques de l’Église catholique? Avec quel rôle? Serait-ce une reconnaissance de l’obéissance dont nous avons parlé plus haut?

Et l’économiste américain Jeffrey Sachs, avorteur convaincu? Et que dire du climatologue athée Hans J. Schellnhuber [ndt: l’un des rédacteurs (auto-)proclamés de Laudato si’, voir sur « Benoit-et-moi » Un écolo radical pour présenter Laudato Si’], considéré comme un écologiste extrémiste même par la communauté scientifique internationale? Pourquoi eux aussi à un synode des évêques catholiques? Esteban observe: aussi unanime que puisse être (et il ne l’est pas) le consensus sur la théorie du changement climatique, l’Eglise ne doit pas fonder sa prédication sur l’acceptation d’une thèse scientifique, qui ne relève pas de sa compétence.

Selon Esteban, nous sommes précisément confrontés à une sorte de retour, sous de nouvelles formes, à l’ancien césaropapisme, avec le pape qui se soumet au pouvoir civil et scientifique. A une différence près: à cette époque, César, quel qu’il fût, était chrétien, au moins nominalement, alors que les pouvoirs auxquels le pape croit aujourd’hui devoir l’obéissance sont très loin d’une vision de foi, voire lui sont hostiles.

Mais à côté du césaropapisme,on assiste à un autre retour: le « patronato regio » (patronage royal). C’est ce système par lequel, du milieu du XVe siècle jusqu’au XVIIe siècle, les pontifes romains accordèrent aux souverains d’Espagne et du Portugal des pouvoirs de plus en plus importants dans le domaine religieux sur les terres nouvellement découvertes. Et à quoi ressemble, sinon au patronage royal, la ligne adoptée par le Saint-Siège à l’égard du Parti communiste chinois lequel, sur la base des accords entre le Vatican et la Chine, a même le pouvoir de proposer au pape les évêques à nommer?

Mais là aussi, il y a une différence avec le passé: si les souverains espagnols et portugais étaient catholiques, dans le cas des dirigeants chinois, le pape a accordé de larges pouvoirs d’intervention dans les affaires de l’Église à des athées notoires.

Esteban conclut: si l’on regarde le césaropapisme et le patronage royal dépoussiérés par François, on peut dire que nous sommes face à un retour au passé et donc à un pontificat, dans un certain sens, très, mais alors très « traditionnel ». Malheureusement pas dans le meilleur sens du terme.

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