Hier, l’opération « Friday for future » lancée sous le haut patronnage de Mademoiselle Thunberg a rencontré un grand succès en Italie (*), où il y a eu de grandes manifs de jeunes ; Riccardo Cascioli en fait un compte rendu détaillé. Les adultes semblent avoir perdu la tête (et les dirigeants rient sous cape). Mais la palme de l’insanité revient à Avvenire, le quotidien de la Conférence épiscopale italienne – très inspiré par François…

(*) et curieusement, a trouvé peu d’écho en France, trop éloignée du Vatican, sans doute…

Il y a même une interview de la diva

Des écoles aux évêques, c’était la grève de la raison.

Riccardo Cascioli
La NBQ
28 septembre 2019
Ma traduction

Comment osez-vous?
Greta, le nouveau maître à penser des jeunes

Les manifestations étudiantes pour le climat, qui ont eu lieu hier dans toute l’Italie, ont été une sorte de théâtre de l’absurde, dans lequel des jeunes manipulés par des adultes sans scrupules sont salués comme révolutionnaires. Personne ne pose de questions, par exemple sur le phénomène Greta: comment est-il possible que le leader d’une révolution soit accueilli triomphalement dans les palais habités par les « méchants » contre lesquels elle se révolte? Mais hier, le summum du délire a été atteint par le quotidien épiscopal Avvenire, qui a recoloré en vert son site Internet consacré à la « révolution verte ».

Proviseurs qui déclarent « l’état d’urgence climatique »; enseignants invités à marquer comme absents les élèves qui sont allés à l’école plutôt qu’à la manifestation à l’occasion de la grève mondiale pour le climat; dizaines de milliers d’élèves dans les rues pour crier des slogans insensés ou pour célébrer les funérailles improbables d’un glacier. La grande grève étudiante d’hier, le Friday for Future sous le signe de Greta Thunberg, a aussi été une sorte de théâtre de l’absurde, auquel le nouveau ministre de l’Éducation, Lorenzo Fioramonti, a apporté une contribution de taille en encourageant les étudiants à sécher les cours.

Hier, nous avons assisté à l’apogée d’une hystérie collective sur le changement climatique, qui démontre surtout que depuis un certain temps, nous assistons à la grève de la raison. Une grève qui nous empêche de reconnaître et d’étudier la réalité, qui est beaucoup plus complexe que les quatre slogans appris comme des perroquets par les journaux et les prétendus intellectuels; une grève qui nous empêche de nous poser des questions fondamentales même en présence de contradictions évidentes.

Pensons au phénomène Greta, une fille atteinte d’un syndrome (syndrome d’Asperger) qui a fait d’elle une victime facile d’adultes sans scrupules, qui l’utilisent pour imposer de façon obsessionnelle des mots d’ordre faisant partie d’un programme politique. Une gamine – nous l’avons vu dans le discours hallucinant du lundi 23 septembre devant le public du Sommet de l’ONU sur le climat – remontée à bloc et « lancée » comme une bombe en mondovision pour déclencher et faire exploser la colère de jeunes qui ont grandi dans un vide d’idéaux et de sens. Un mécanisme guère différent de ceux qui utilisent des enfants kamikazes ou des enfants soldats. Et au lieu de dénoncer les adultes responsables de cette exploitation honteuse d’une gamine vulnérable, il nous faut lire les éditoriaux de sociologues et d’intellectuels qui exaltent la révolte de très jeunes contre les adultes.

Vraiment? Mais est-il possible que personne ne se soit demandé comment il se fait que la leader présumée d’un mouvement de révolte soit invitée avec tous les honneurs dans le Palais même où se réunissent tous les « méchants » contre qui elle se révolte? En seulement dix mois, Greta a été invitée à tous les grands sommets mondiaux et aux plus importantes manifestations institutionnelles: elle a commencé le 4 décembre 2018 à Katowice (Pologne) pour la Cop 24, la conférence internationale annuelle sur le climat; le 25 janvier 2019, elle a pris la parole à Davos, au plus célèbre Forum économique mondial; le 16 avril, elle était à Strasbourg pour étriller les parlementaires européens; deux jours plus tard, au Palazzo Madama, [siège du] Sénat italien (jour où elle a également été encensée par le Président de la République Mattarella et le Pape François) ; infatigable, le 22 avril, elle a pris la parole à Londres pour célébrer la Journée mondiale de la Terre; le 19 septembre, elle a mis le feu à la cendre au Congrès américain (évidemment contre le président Trump, et en rencontrant l’ex-président Obama); enfin, le discours déjà mentionné du 23 septembre devant l’ONU. Et ce n’est certainement pas fini.

Donc, comment est-il possible que la leader d’une révolution soit accueillie avec tous les honneurs par les puissants de ce monde contre lequel elle se révolte ; et eux, en adoration, ravis d’être insultés et traités comme des criminels (au moins tant qu’on ne donne pas de nom, à part Trump)? Il ne vient à personne le doute qu’il s’agit d’un spectacle bien orchestré par ces mêmes adultes insultés, dont Greta et les adolescents du monde entier sont en fait victimes à leur insu?

Le mouvement écologique, qui domine dans les agences des Nations Unies et l’Union européenne, et qui a en fait remplacé l’Internationale socialiste, a pour objectif la décroissance du monde industrialisé. Mais personne n’a envie de passer du bien-être à la pauvreté, alors il faut créer une situation d’urgence, le sentiment que la planète se termine. Ce n’est qu’ainsi qu’il sera possible d’accepter des lois et des restrictions qui, en temps normal, créeraient une révolte générationnelle. Ainsi, les jeunes qui, hier, encombraient les rues des grandes villes accepteront avec joie – et convaincus d’être révolutionnaires – de manger des insectes au lieu de steaks de bœuf succulents; de réduire les voyages et les expériences à l’étranger (et gare à ceux qui prennent l’avion, qui pollue tant); de se déplacer avec des bouteilles métalliques bien peu pratiques au lieu d’utiliser des bouteilles en plastique (qui sont aujourd’hui totalement recyclables) ; de souffrir du froid en hiver (à bas le chauffage) et de mourir de chaleur en été (les climatiseurs sont terribles pour le changement climatique); d’utiliser les vélos et les transports publics qui mettent deux fois plus de temps pour aller à l’école ou au travail; de payer beaucoup d’impôts supplémentaires pour financer la transition énergétique; de réduire la démocratie au nom de la sauvegarde de la planète; de mourir le plus vite possible une fois que l’on n’est plus utile, pour éviter tout excédent d’émissions polluantes qu’une personne âgée et malade entraîne. Et ce n’est qu’une partie de ce qui nous attend.

Seuls des adultes décérébrés, sans la moindre proposition, peuvent être d’accord avec une folie de ce genre. Et à cet égard, une mention spéciale pour le quotidien des évêques italiens, Avvenire, qui a atteint hier le sommet inégalé du délire, avec un site web redessiné en vert et qui fait l’éloge de la « révolution verte ». Oubliant, entre autres, que la seule véritable « Révolution verte » est celle qui, au milieu du siècle dernier, a permis de multiplier la productivité agricole en tirant des centaines de millions de personnes de la faim. De sorte que depuis les années 1970, il n’y a pas eu de véritables famines dans le monde.

A côté de l’en-tête se trouve la photo du Pape François avec Greta, indiquant qui sont les deux leaders du mouvement environnemental international. Une image qui vaut plus que cent commentaires. Nous devons en déduire que pour les évêques italiens, l’expérience de l’Église et le message de Greta coïncident et que, jusqu’à présent, nous avons eu tort de croire que Jésus s’est incarné pour sauver l’homme du péché; non, en réalité il voulait le salut de la planète et la réduction des émissions de CO2, nous disent les évêques, devenus imbattables en termes de grève de la raison. Après avoir fait passer pour des bienfaiteurs de l’humanité les trafiquants internationaux d’êtres humains, aujourd’hui, ils font passer pour « maîtres de vie » des adolescents victimes de la violence d’adultes imprégnés d’idéologie; des adolescents qu’il faudrait au contraire arracher à leurs mains.

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