L’histoire, peu médiatisée en France, de la petite Tafida (*), 5 ans, atteinte d’un anévrisme cérébral, maintenue en vie grâce à l’alimentation artificielle que les médecins anglais voulaient interrompre contre la volonté des parents, ressemble à celle du petit Alfie, et même de Vincent Lambert: mais la comparaison s’arrête là. C’est une happy end, dont on ne peut que se réjouir, bien sûr. Ah, j’oubliais, les parents de Tafida sont musulmans.

(*) L’affaire n’a eu pratiquement aucun écho en France (sauf à la rubrique « divertissement » (!!) du portail news-24).


L’information a été relayée en deux articles par le site italien Chiesa e Post Concilio:


Premier article: 4 septembre

La Haute Cour a déclaré recevable le transfert de la petite Tafida à l’hopital Gaslini.

C’est une affaire similaire à celles de Charlie Gard et Alfie Evans. Un autre cas dans lequel un hôpital veut enlever aux parents le droit de soigner et d’assister leur enfant malade dans un établissement hautement spécialisés afin de ne pas les laisser mourir avec des pratiques manifestement euthanasiques (Tafida mourrait asphyxié).
En Grande-Bretagne, on s’attendait à ce que la fillette de cinq ans d’un couple musulman se voie interrompre l’alimentation artificielle. Atteinte d’un anévrisme cérébral, Tafida avait été donnée pour incurable en Grande-Bretagne, dans un état si grave que les médecins avaient communiqué leur intention d’arrêter le traitement et la nutrition artificielle, contre la volonté de ses parents (tous deux de religion musulmane). Mais l’Italie a répondu à l’appel désespéré de la famille: l’hôpital « Gaslini » de Gênes s’est immédiatement dit disponible pour soigner l’enfant. La Cour a accepté l’instance de la famille visant à vérifier la possibilité pour Tafida de se déplacer à l’intérieur de la Communauté européenne afin d’être soignée dans d’autres hôpitaux que celui dans lequel elle est hospitalisée. C’est la première fois qu’une demande similaire est proposée et acceptée. (…) Il s’agit pour le moment d’une admission préliminaire, l’audience définitive a été renvoyée à septembre. Les parents se disent satisfaits. Le couple a décidé de s’appuyer sur l’association italienne « Giuristi per la vita », lui déléguant la gestion des relations avec les organismes, individus et associations qui s’intéressent à l’enfant, ou qui veulent lui apporter aide et assistance.


2ème article: 3 octobre

Deux poids, deux mesures dans le déclin de l’Occident chrétien

Nous en avions parlé et nous espérions nous aussi une solution positive. La Haute Cour de Londres donne son accord: la petite Tafida a le droit d’être traitée à Gaslini. Pas d’euthanasie !
Cependant, au Royaume-Uni, ils sont forts avec les faibles (cas Alfie Evans, chrétien) et faibles avec les forts (cas Tafida, musulmane). Il ne s’agit pas d’alimenter d’inutiles jérémiades, mais voilà ce que nous apprenons:

Les motifs de la décision de la Haute Cour
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Le verdict, qualifié de sensationnel par la presse britannique, a été rendu par le juge Alistair MacDonald.
Parmi les raisons invoquées par les parents de l’enfant figurait aussi leur foi islamique, contraire à un acte irrémédiable tel que celui de débrancher la prise, qui serait aussi un « péché grave » pour leur religion. Le juge a également rejeté le point de vue de l’hôpital de Londres selon lequel mettre fin à la vie de Tafida serait « dans son meilleur intérêt », car, bien qu’elle ne soit pas complètement inconsciente, l’enfant n’a aucune conscience et aucune chance de guérison. Dix ou vingt ans d' »inconscience » sont un prix digne d’être payé, alors que vingt ans de souffrance peuvent ne pas l’être », a-t-il déclaré en notant que les médecins britanniques eux-mêmes admettent que la petite ne souffre pas.

https://tg24.sky.it/mondo/2019/10/03/tafida-raqeeb-gaslini-genova.html

Évidemment, après avoir exulté pour une sentence qui sauvegarde une vie (faible et sacrée quelle que soit la croyance religieuse), on ne peut que se demander pourquoi le credo des parents du petit Alfie (avec la circonstance aggravante de l’utilisation d’une citation du Pape François [cf. benoit-et-moi]), qui exprime des convictions fondées sur des principes tout aussi solides sur la sacralité de la vie, n’a pas eu le même impact sur cette décision (**). Rappelons-nous avec quel cynisme inexorable, aux moments décisifs, le prêtre qui les a réconfortés dans ces terribles circonstances a même été brutalement chassé de l’hôpital.


(**) NDT: Rappelons-nous aussi que dans le cas de Vincent Lambert, l’appartenance religieuse des parents était même une circonstance aggravante.

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