Dans son style savoureux et inimitable, Rino Cammilleri s’amuse de la croix pectorale du néo-cardinal Czerny, SJ, (électeur, en plus!) que François a nommé secrétaire spécial du synode pour l’Amazonie et qui a assisté au rite païen en l’église Santa Maria de Transpontina. Dans ce synode verrouillé où les bulletins quotidiens ennuyeux comme des articles de la Pravda se succèdent dans l’indifférence totale des médias (et des fidèles), les anecdotes et les signes risquent de laisser plus de traces que les débats.


La croix du cardinal, [à propos] de « griffes » et de démagogie

Rino Camilleri
La NBQ
17 octobre 2019

La croix de bois du néo-cardinal Czerny : du geste symbolique au geste démagogique, il n’y a qu’un pas, et ce pas a été fait. À quand l’excommunication latae sententiae pour les fidèles qui ne prennent pas un musulman à la maison et l’entretiennent toute leur vie de leur poche?

Sûr que ct’ordre des jésuites vit une seconde jeunesse depuis que l’un d’eux est devenu Pape. Et même, une troisième, pour ceux qui se souviennent de l’époque des Jésuites de Palerme et de leur passion politique à l’époque du maire Orlando dans les années 80 [allusion probable: en 1985, le Père Bartolomeo Sorge, SJ, a fait partie du Conseil municipal de Palerme sous le maire de gauche Leolucca Orlando – NDT]. La new entry (sic!) cardinalice Michael Czerny, par exemple, est lui aussi jésuite. D’origine tchèque, il est l’un des deux conseillers du Souverain Pontife sur la question des migrants (l’autre est le Polonais Konrad Krajewski; en entendant polonais, on pense immédiatement à Wojtyla, mais non, Krajewski est celui qui est allé remettre l’électricité dans l’immeuble romain okkupato).

Eh, la foi se nourrit de gestes : c’est ainsi que s’impose le neue kurs vatican. Le Polonais a remis la lumière aux squatters? Et le Tchèque se lance dans l’art. Connaissez-vous le bateau en bronze rempli de migrants grandeur nature placé devant l’église Saint-Pierre? Personne n’a osé, depuis l’époque du Bernin. Mais le vent est comme l’Esprit: il souffle où il veut. Et il faut être attentif, voire discerner les signes des temps. Nouveaux.

La vaticaniste de « Il Messaggero » (7 octobre 19), Franca Giansoldati, a écrit que l’artiste auteur de la barge en bronze, un Canadien, est un ami du cardinal tchèque, qui serait à l’origine de cette belle pensée.

En bois, pas en or, la croix du cardinal des migrants est hyper-griffée…
Il Messaggero

Ami des artistes, avec une prédilection pour les sculpteurs, le cardinal jésuite compte également parmi ses amis Domenico Pellegrino, un Sicilien coté dont les œuvres ont été exposées à la Biennale de Venise. Eh bien, Pellegrino lui a fait une croix pectorale en bois, oui, mais pas n’importe quel bois, que sais-je, amandier ou olivier de Sicile. Non, dit la Vaticaniste du « Messaggero« , c’est du « bois pourri ».

En fait, elle provient d’un des bateaux chargés de migrants africains qui ont fait naufrage en Méditerranée. Eh bien, c’est peut-être un bateau libyen qui s’est échoué et a été mis à la casse, en effet il est peu probable que l’artiste ait plongé. Mais le fait est que c’est le « signe » qui compte. Pas d’or, pas de pierres précieuses, donc pauvre (« l’Église pauvre pour les pauvres »). Mais griffée, mince alors! il s’agit d’un prince de l’Eglise, il ne peut pas se mettre n’importe quelle croix autour du cou. L’obsession pro-migrant qui, depuis des années, martèle les crétins du peuple chrétien, elle vient du Vatican ou bien elle est entièrement jésuite ?

Oui, parce qu’à ce stade la question se pose spontanément. En fait, du geste symbolique au geste démagogique, il n’y a qu’un pas, et ce pas a été fait, aussi bien en grand (l’énorme bateau de bronze rempli de figures migrantes et surmonté d’ailes d’ange: comment je te béatifie l’immigré) qu’en détail (la croix en bois pourrie). À quand l’excommunication latae sententiae pour les fidèles qui ne prennent pas un musulman à la maison et l’entretiennent toute leur vie de leur poche?

Eh, tôt ou tard, il faudra prendre l’exemple de ces catholiques allemands qui, fatigués de payer l’impôt ecclésiastique, claquent la porte. Apparemment que ces derniers temps, ils étaient 200 mille à partir.

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