Jésus? L’évangélisation? La conversion? Que nenni: l’environnement. C’est ce qui émerge du dernier billet de Sandro Magister, dont j’extrais ces quelque lignes. Le seul autorisé à parler lors du briefing d’hier était l’écologiste radical Hans Joachim Schellnhuber, l’un des inspirateurs de Laudato Si’. Petit rappel sur le personnage.

Hans Joachim Schellnhuber

La seule intervention de la journée en séance, après la présentation du projet de document final par le cardinal Cláudio Hummes et la prière de tierce, a été celle d’un célèbre scientifique du climat, l’allemand Hans Joachim Schellnhuber.
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Schellnhuber n’est pas catholique ni même croyant mais il figure parmi les préférés du pape François qui l’a nommé en 2015 membre ordinaire de l’Académie pontificale des sciences et qui a voulu qu’il soit l’un des présentateurs officiels de l’encyclique « Laudato si’ ».
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Ses thèses catastrophistes – jugées incohérentes par d’autres grands experts du climat, comme par exemple en Italie le professeur Franco Prodi – ont été parfaitement illustrées par l’allocution qu’il a prononcée pour l’occasion, étayée par des graphiques et intégralement reproduite dans le bulletin de la salle de presse du Vatican.
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Et donc, parmi les « invités spéciaux » au synode sur l’Amazonie, aux côtés de l’ex-secrétaire de l’ONU Ban Ki-Moon et de l’éco-économiste malthusien Jeffrey D. Sachs, c’est précisément Schellnhuber que le pape François a voulu voir figurer.
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C’est à lui – et à lui seul – qu’on a donné le micro en séance au moment crucial : tout de suite après la remise aux pères synodaux du projet de document final et juste avant qu’ils ne se répartissent dans les douze cercles linguistiques pour en discuter et proposer des amendements. Encore une fois, comme si la défense de la nature était la raison d’être de l’Église en Amazonie et dans le monde.
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www.diakonos.be/settimo-cielo

Rappel

Le 18 juin 2015, c’était lui qui menait le débat à la Salle de Presse du Saint-Siège pour présenter Laudato Si’. J’avais traduit à l’époque un article du blog Rorate Caeli, qui avait mené son enquête sur l’ « expert » de François: sa participation comme invité du pape (et pas comme figurant!) au Synode sur l’Amazonie justifie de le re-publier (cf. Un écolo radical pour présenter Laudato Si’ )

Père de l’«objectif deux degrés» (ndt: d’augmentation de la température globale) pour conjurer le réchauffement climatique, le Prof. Schellnhuber est directeur-fondateur de l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact climatique en Allemagne (qui est financé par le gouvernement allemand), président du Conseil consultatif allemand sur le changement mondial (WBGU), et membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur les changements climatiques (GIEC). Il était l’un des experts (aux côtés de Jeffrey Sachs) choisis par l’Académie pontificale des Sciences et l’Académie pontificale des Sciences sociales pour écrire la déclaration conjointe sur le changement climatique publiée en Avril de cette année, intitulé «Le changement climatique et le bien commun: un énoncé du problème et la demande de solutions transformantes». On trouvera ICI une description d’un monde « zéro-carbone » dans l’appel final du document; la version publiée semble avoir été retirée du site Web officiel de l’Académie pontificale des Sciences, mais à notre connaissance n’a jamais été rétractée.

Pour reprendre le New York Times du 13 mars 2009, Schellnhuber est «connu pour sa position agressive sur la politique climatique» et s’est rendu célèbre en déclarant en 2009 que la «capacité de chargement» (carrying capacity) de la Terre est inférieure à un milliard de personnes:

Un scientifique connu pour son attitude agressive sur la politique climatique a fait jeudi une prédiction apocalyptique.
Hans Joachim Schellnhuber, directeur de l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact climatique en Allemagne, a déclaré que si l’accumulation de gaz de serre et ses conséquences faisaient augmenter les températures mondiales de 9 degrés Fahrenheit – bien en dessous de la limite supérieure indiquée par les scientifiques du fait du réchauffement de la planète – la population de la Terre serait dévastée.
(…)
«De manière très cynique, c’est un triomphe pour la science, car, enfin, nous avons établi quelque chose – à savoir les estimations pour la carrying capacity de la planète, nommément en dessous de 1 milliard de personnes», a dit le Dr Schellnhuber, qui conseille la chancelière allemande Angela Merkel sur la politique climatique et est professeur invité à Oxford.
A cette température, «il n’y aurait plus de fluctuations, nous pouvons en être assez sûrs» a dit le Dr Schellnhuber, exerçant son sens caractéristique de l’humour noir à la session plénière de clôture de conférence internationale sur le changement climatique à Copenhague.

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New York Times (13 mars 2009)

Il est également connu pour son vigoureux plaidoyer en faveur d’une désindustrialisation rapide afin de conjurer le réchauffement climatique.
Un article de 2009 cite ces propos:

Avec un réchauffement de quatre degrés, il ferait plus chaud qu’il n’a jamais fait au cours des dernières 30 millions d’années, et cela pourrait se produire dès 2060-2070.
La réalité politique doit être ancrée dans la réalité physique ou elle est complètement inutile.

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www.ipsnews.net/2009/10/climate-change-four-degrees-of-devastation

Schellnhuber a récemment débriefé les responsables américains de l’administration de Barack Obama, mais selon lui, ils lui ont reproché que ses résultats n’étaient «pas ancrés dans la réalité politique» et que «le Sénat [US] ne serait jamais d’accord».
Il leur avait dit que les Etats-Unis devaient réduire leurs émissions de carbone des 20 tonnes actuelles par habitant, à zéro en 2020, pour avoir une chance de stabiliser le climat autour de +2°C.
Les émissions de la Chine devraient culminer en 2020 et ensuite descendre vers zéro d’ici 2035 sur la base des connaissances scientifiques actuelles, a-t-il ajouté.

Last, but not the least, il est un défenseur d’une très réelle forme de « gouvernement mondial », également au nom de la lutte contre la crise climatique. Ses idées sont énoncées dans « Expanding the Democracy Universe« , où, entre autres choses, il parle de son rêve d’une Constitution de la Planète, un Conseil mondial élu par le peuple du monde entier, et une Cour planétaire ayant juridiction sur le monde entier et avec le pouvoir de sanctionner les violations de la « Constitution de la Planète ».


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