C’est la dernière trouvaille (en fait, elle n’est pas nouvelle, ce qui l’est, c’est qu’elle dispose aujourd’hui d’une tribune planétaire) des plus extrémistes participants au Synode: un rite amazonien. Luisella Scrosati évente leurs arguments. Et en passant, dévoile le pot aux roses à propos des statuettes amazoniennes « sacrées » vénérées au Vatican jusque devant le Pape avant de finir dans le Tibre: c’étaient des « objets d’artisanat local » (made in China?)


Rite amazonien, excuse pour fragmenter le catholicisme

Luisella Scrosatti
La NBQ
25 octobre 2019
Ma traduction

Rite Amazonien? Pourquoi donc pas un rite bantou ou pygmée, jusqu’à une fragmentation complète du rite romain? Les paraliturgies de ces derniers jours révèlent la tromperie d’un rituel construit autour d’une table et qu’on fait passer pour amazonien. Comme l’a admis l’organisatrice des rituels de Traspontina, sans le savoir, elle a confirmé le caractère idolâtre – de laboratoire – de l’opération.

Non seulement les prêtres mariés et les diaconesses. Plusieurs cercles mineurs ont également réclamé un « rite amazonien »; l’expression a été utilisée, entre guillemets, par le cercle B italien, le cercle A portugais, le cercle E espagnol. Mais même là où l’expression n’apparaît pas, l’idée est la même: « élaborer sa propre liturgie » (Cercle B portugais), ou encore « promouvoir et vivre une liturgie inculturée (…) avec ses propres signes et symboles ».

Entendre parler de rite amazonien devrait faire naître une certaine inquiétude. A un niveau plus immédiat, il faut au moins s’inquiéter du fait qu’un rite amazonien pourrait signifier un rite bantou demain, et un rite pygmée ou indonésien, après-demain, jusqu’à atteindre une fragmentation complète du rite romain.

En écoutant les discours prononcés lors des points-presse de ces journées, ainsi qu’en prêtant attention aux para-liturgies exotiques, nous n’avons pas vraiment eu le sentiment qu’on soulignait des aspects menacés du dogme. Et il ne nous a pas non plus semblé que la proposition d’un rite amazonien ait été motivée par le désir de mieux exprimer dans ces régions l’unité catholique qui respire avec deux poumons.

Exemple numéro un.

Mme María del Mar Bosch, l’une des responsables des « moments de prière » qui accompagnent le présent Synode, a enfin révélé le mystère des statues qui ont plongé récemment dans le Tibre:

« C’est une femme enceinte, que nous avons utilisée comme signe personnifié de notre terre amazonienne et de la maison commune au sens large – elle est un symbole d’une abondance qui porte en elle la vie, et des dangers qui la menacent ».

Elle a ensuite exclu qu’il s’agisse d’objets liés à des éléments culturels des populations amazoniennes:

« Ce sont des objets d’artisanat local, des objets de décoration typiques qui – même s’ils ont été conçus autrefois dans une intention de ce type – ne sont pas communément perçus comme des objets de culte ni compris et proposés par nous autrement que ceux que nous avons exposés ».

it.aleteia.org

Cette précision a suffi pour imputer la faute à ceux qui ont parlé d’idolâtrie: ce n’étaient pas des idoles, donc les rites associés à ces objets n’étaient pas idolâtres [ndt: c’était quand même bien imité!].
Pour moi, au contraire, la clarification suggère exactement le contraire. Car l’idolâtrie n’est pas seulement le culte de statues qui ont une carte d’identité précise, en termes d’histoire des religions; idole, c’est tout ce que l’homme met au centre de la vie, à la place de Dieu, et devant lequel il se prosterne en adoration. Or, personnifier la terre amazonienne ou la Terre en général, penser à un « rituel » qui place ces personnifications au centre, qui prévoit la prosternation devant ces personnifications, c’est quoi, sinon un acte idolâtre? On nous dit: il ne s’agissait pas de rituels d’idolâtrie indigène. C’est vrai, mais il s’agissait de rituels d’idolâtres allogènes, créés autour d’une table par une ‘équipe‘ (en français dans le texte) qui exprimaient l’adoration de la personnification de la Terre. Ne serait-ce pas de l’idolâtrie ?

Exemple numéro deux.

Le samedi 12 octobre, dans l’église de Santa Maria in Transpontina, a été célébrée la « Missa da Terra sem males« . Dans ce cas également, nous sommes confrontés à une invention de toutes pièces, cette fois de l’évêque Pedro Casaldáliga Plà; le néo-cardinal Czerny, qui semble n’avoir rien eu à objecter, était présent à cette célébration. Cette « Messe » a été conçue pour les « martyrs » de l’Amazonie, ou plutôt, pour les martyrs « que nous, chrétiens, avons faits », selon l’explication de Casaldáliga. Vous pouvez visionner le « Propre » de cette Messe : la trame réside dans le mea culpa continu de nous chrétiens, et la chaîne dans l’innocence naturelle des peuples indigènes que nous avons souillée. Par exemple, voici un bref extrait du Memória Penitencial. Un chanteur, représentant les indigènes, chante:

« J’ai vécu dans une nudité non contaminée / jouant, plantant, aimant / engendrant, naissant, croissant / une pure nudité de la Vie »

et le chœur lui répond :

« Et nous t’avons recouvert / d’habits de malice / Nous violions tes filles / Nous t’avons donné comme morale / notre hypocrisie ».

Amen.

Exemple numéro trois.

Lors du point-presse du 9 octobre, Mgr Erwin Kräutler a clairement affirmé qu’il n’y a pas d’autre moyen de résoudre le problème du manque de prêtres que l’ordination d’hommes mariés. La raison ? « Les peuples autochtones ne comprennent pas le célibat, et ils le disent ouvertement ». S’ils ne le comprennent pas, enlevons-le. Un ministère pastoral qui semble suivre une étrange maxime: ce que vous connaissez et aimez déjà, annoncez-le-nous, et ce que vous ne connaissez pas et n’aimez pas, nous n’avons pas l’intention de vous l’annoncer.

Essayons de tirer les fils du discours. Qu’ont en commun ces trois exemples d' »inculturation » ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que la personne et l’enseignement de Jésus-Christ sont évacués d’un haussement d’épaule. Saint Paul a écrit : « Au nom de Jésus, que chaque genou fléchisse » (Ph 2, 10)? Et on le plie devant la terre amazonienne. Saint Paul a écrit : « Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Rom. 3, 23)? Et nous célébrons au contraire la caractère immaculé originel des peuples amazoniens. Jésus a dit, parlant de ceux qui sont devenus eunuques pour le royaume des cieux: « Qui peut comprendre, qu’il comprenne » (Mt 19, 12)? Mais nous disons que nous devons suivre ceux qui ne comprennent pas.

Le cœur du discours est que toutes ces personnes, parmi lesquelles se trouvent des évêques et des cardinaux, sont extrêmement convaincues que l’évangélisation doit se faire selon nos idées; et par conséquent la liturgie elle aussi doit se faire autour d’une table, selon ces idées, collégiales et synodales autant qu’on veut, mais toujours selon nos idées. En pratique, la liturgie n’est plus une chose dans laquelle nous devons entrer, pour apprendre à adorer le Seigneur, mais c’est la liturgie qui doit entrer dans nos cages mentales.

Alors, pouvons-nous au moins nourrir le doute que ce n’est pas le climat idéal pour penser à un rite amazonien ?

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