George Weigel répond à l’un des plus actifs parmi les »papistes » d’Outre-Atlantique, et l’un des théologiens (laïcs) de référence de François, Massimo Faggioli, qui, dans la Croix International, s’est livré à un plaidoyer pour la synodalité pour le moins imprudent compte tenu de l’abondance des contre-exemples: les faits sont sous les yeux de quiconque a suivi, même de loin, les manipulations lourdes des derniers synodes – sur la famille, les jeunes et l’Amazonie.

A propos de Faggioli (pour le situer…)

George Weigel, et Massimo Faggioli

La propagande sur la « synodalité » qui sert de couverture rhétorique pour l’imposition de l’agenda catholique progressiste à toute l’Église n’est pas une amélioration(…); c’est une mascarade, derrière laquelle se trouve un agenda.

George Weigel



La synodalité « mascarade »

George Weigel
First Things
13 novembre 2019
Ma traduction

Lors du Synode des évêques de 2001, le cardinal Francis George de Chicago, qui avait subi au fil des ans de nombreux discours synodaux et de discussions en petits groupes, a fait une observation tranchante : « Jésus-Christ ne voulait pas que son Église soit gouvernée par un comité. »

Certes.

Les mécanismes de consultation qui existent dans l’Église – des conseils paroissiaux aux conseils pastoraux diocésains en passant par le Synode des évêques – existent pour renforcer la gouvernance de l’Église par ses pasteurs: prêtres dans leurs paroisses, évêques dans leurs diocèses, évêque de Rome en termes d’Église universelle. Les Synodes de 2014, 2015, 2018 et 2019, toutefois, suggèrent que le modèle de comité déploré par le Cardinal George s’est transformé en quelque chose de pire encore: le modèle de la mascarade, dans lequel un « processus synodal » de « marcher ensemble » fournit une couverture pour effectuer de sérieux changements dans la compréhension et la pratique catholique pour lesquels il n’y a que peu, ou pas, de mandat doctrinal, théologique ou pastoral.

Dans le document final du récent synode amazonien (traduction « non officielle » de Zenit), ce modèle de mascarade a été décrit dans un langage farci de clichés :

Pour marcher ensemble, l’Église d’aujourd’hui a besoin d’une conversion à l’expérience synodale. Il est nécessaire de renforcer une culture du dialogue, de l’écoute réciproque, du discernement spirituel, du consensus et de la communion pour trouver des espaces et des modes de décision commune et répondre aux défis pastoraux. De cette manière, la coresponsabilité dans la vie de l’Église sera encouragée dans un esprit de service. Il est urgent de cheminer, de proposer et d’assumer les responsabilités pour surmonter le cléricalisme et les impositions arbitraires. La synodalité est une dimension constitutive de l’Église. On ne peut pas être Église sans reconnaître un exercice efficace du sensus fidei de tout le Peuple de Dieu (n. 88).

Si l’on laisse de côté la question de savoir comment mesurer et encore moins « exercer » le sensus fidei de 1,2 milliard de catholiques, que signifie ce charabia? Les confusions sur ce front ont été amplifiées par un célébrant éminent du culte de la synodalité, dont la prose analyse mais dont la compréhension de la réalité des récents synodes semble déficiente. C’est ainsi que Massimo Faggioli, de Villanova, écrivant dans La Croix International, a récemment fait plusieurs affirmations sur la synodalité, dont aucune ne résiste à ce que les tribunaux appelleraient un « contrôle strict » par ceux qui étaient présents à Rome lors des derniers synodes:

  • « François a transformé les synodes en événements réels ».

Balivernes. Les synodes dirigés par le Cardinal Lorenzo Baldisseri, choisi par le Saint-Père comme secrétaire général du Synode des évêques, ont été au moins aussi orchestrés que leurs prédécesseurs. Et après un sérieux rejet de la manipulation du Synode-2014 par le secrétariat général du Synode, les synodes de 2015 et 2018, ainsi que le récent synode régional amazonien, ont veillé à ce que les voix qui auraient pu perturber les projets des responsables synodaux ne soient pas en évidence parmi les invités.

Les synodes dirigés par le Cardinal Lorenzo Baldisseri, choisi par le Saint-Père comme secrétaire général du Synode des évêques, ont été au moins aussi orchestrés que leurs prédécesseurs. Et après un sérieux rejet de la manipulation du Synode-2014 par le secrétariat général du Synode, les synodes de 2015 et 2018, ainsi que le récent synode régional amazonien, ont veillé à ce que les voix qui auraient pu perturber les projets des responsables synodaux ne soient pas en évidence parmi les invités.

  • « Ils [les récents synodes] ont été précédés d’une sérieuse consultation des fidèles au niveau local. »

Vraiment? Pouvez-vous, cher ami lecteur, nommer quelqu’un dans votre cercle d’amis catholiques qui a été sérieusement consulté sur les questions des synodes de 2014 et 2015 (la nature du mariage et la discipline sacramentelle)? Certains responsables de la pastorale juvénile, parmi les plus évangéliquement performants des États-Unis ont été visiblement absents des préparatifs du Synode 2018. Selon plusieurs spin-doctors du Synode amazonien, 87000 personnes ont été consultées avant l’élaboration du document de travail du Synode. Mais comment une Église locale incapable de nous dire combien il y a de catholiques en Amazonie peut-elle compter de façon crédible le nombre précis de personnes « consultées » (et encore moins nous dire si ces personnes sont bien catéchisées)? Et comment se fait-il que 87000 Amazoniens parlent avec des accents catholiques allemands progressistes, mettant en évidence des « questions » qui peuvent être agitées dans les Biergärten de Munich mais qui semblent un peu éloignées des défis pastoraux réels de la forêt tropicale brésilienne ?

  • « Les véritables rencontres du Synode à Rome ont été marqués par une authentique liberté d’expression ».

Ça, j’en suis sûr, ce serait une nouvelle pour les évêques africains qui ont été mis en garde contre le fait de s’associer avec des évêques américains au Synode 2012-2018, tout comme pour les membres des comités de rédaction du rapport final au Synode 2015 et au Synode 2018, qui se sont plaints de la manipulation du processus par le secrétariat général du Synode.

Une consultation et une collaboration sérieuses sont essentielles pour un leadership pastoral efficace, y compris celui de l’évêque de Rome. Mais en plus de 50 ans d’existence, personne n’a encore trouvé comment faire fonctionner le Synode des évêques. La propagande sur la « synodalité » qui sert de couverture rhétorique pour l’imposition de l’agenda catholique progressiste à toute l’Église n’est pas une amélioration par rapport à ce bilan; c’est une mascarade, derrière laquelle se trouve un agenda.

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