Sortie en Italie d’un livre signé Nico Spuntoni (l’un des chroniqueurs de La NBQ) sur les relations privilégiées que Benoît XVI avait su tisser, avant tout sur le plan spirituel et humain, mais aussi géopolitique, avec le monde orthodoxe (mais aussi la Russie de Poutine), et qui ont culminé avec la rencontre de François avec le Patriarche de Moscou Cyrille le 13 février 2016: un succès tout au bénéfice de l’Eglise, mais dont à l’époque le mérite avait été entièrement attribué au même François. Il est bon qu’un livre tente de rétablir la vérité des faits…

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Nico Spuntoni « Vaticano e Russia nell’era Ratzinger » (Vatican et Russie à l’ère Ratzinger)

Quatrième de couverture (sur le site de l’éditeur)

La rencontre historique entre le Pape François et le Patriarche Kirill en 2016 à l’aéroport de La Havane aurait été impossible sans les pas en avant accomplis sous le pontificat de Benoît XVI. Immédiatement après son élection, le pape Ratzinger a montré qu’il avait un regard privilégié sur la Russie et son Eglise orthodoxe. L’amélioration du dialogue entre les deux Églises a été facilitée par l’estime que les représentants les plus influents du Patriarcat de Moscou avaient déjà pour la figure intellectuelle de Joseph Ratzinger. Une vision commune de l’Europe et une sensibilité liturgique très proche ont permis à Benoît XVI ce que n’a pas réussi, malgré de nombreux efforts en ce sens, on prédécesseur. Ce rapprochement a également facilité l’établissement de relations diplomatiques complètes entre la Fédération de Russie et le Saint-Siège. Cet ouvrage reconstruit les passages de l’évolution des relations russo-vaticanes dans les années où Joseph Ratzinger fut d’abord Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, puis pontife régnant et enfin pape émérite, en utilisant aussi les témoignages de certains des acteurs directs de cet important chemin pour l’Eglise catholique.


Benoît XVI, la Russie et l’orthodoxie: un livre raconte une particularité du pontificat

Marco Mancini
ACI Stampa
3 décembre 2019
Ma traduction

« Quand j’ai quitté la Russie en 2010, la perception de l’Église catholique était bien meilleure qu’à mon arrivée en 2003. Le pontificat de Benoît XVI a sans aucun doute contribué à l’établissement du climat positif actuel entre le Patriarcat de Moscou et l’Eglise de Rome ».

C’est ce qu’écrit l’archevêque Antonio Mennini, ancien Nonce apostolique auprès de la Fédération de Russie, dans la préface du livre « Vatican et Russie à l’ère Ratzinger » du journaliste Nico Spuntoni.

Selon le Nonce, parmi les différents facteurs qui ont contribué à créer un climat positif entre l’orthodoxie russe et le catholicisme romain, il y a aussi la publication de l’encyclique Caritas in veritate. A Benoît XVI – conclut Monseigneur Mennini –  » l’importance géopolitique de la Russie sur la scène internationale n’a pas échappé et il avait à cœur cet œcuménisme d’amour qui a permis d’établir un esprit de compréhension entre deux Églises sœurs ».

Le livre de Spuntoni, riche en informations historiques, est structuré selon trois axes principaux.

Le premier chapitre est une sorte de rétrospective des relations entre la Russie et le cardinal Joseph Ratzinger, surtout à une époque où le futur Pape dirigeait la Congrégation pour la doctrine de la foi. Le traitement consacré à ce que l’auteur appelle le « fil direct entre Fatima et la Russie » est d’un intérêt considérable.

Le deuxième pilier du volume retrace la période du pontificat de Ratzinger et l’évolution de l’Église orthodoxe russe. Parmi les points de rencontre, Spuntoni souligne en particulier la « sensibilité commune dans la liturgie » et analyse ensuite la voie parallèle de l’activité diplomatique et du chemin oecuménique. Il faut rappeler, en effet, que c’est le Pape Benoît XVI qui établira la Nonciature apostolique dans la Fédération de Russie en décembre 2009 et établira ainsi des relations diplomatiques complètes. Sur le front oecuménique, les relations entre Rome et Moscou s’améliorent considérablement. Commentant l’élection du Pape Benoît XVI, le Patriarche Alexis II déclare qu’il existe des possibilités de « rapprochement mutuel et aussi [une] coïncidence des positions orthodoxes et catholiques sur les nombreux problèmes qui affligent le monde aujourd’hui ». Non négligeable, la présence du futur Patriarche de Moscou Cyrille à la messe du début du pontificat du nouveau Pontife Romain.

Le troisième et dernier volet du livre analyse l’héritage laissé par Benoît XVI dans les relations entre le Vatican et Moscou. Spuntoni rapporte la déclaration de Cyrille – Patriarche élu de Moscou en 2009 – à la démission du Pape Benoît XVI. Et les paroles du Patriarche sont d’une profondeur incroyable:

« Au moment où l’idéologie de la permissivité et du relativisme moral tente de déloger les valeurs morales de la vie des gens, vous avez courageusement élevé la voix pour défendre les idéaux de l’Evangile, la haute dignité de l’homme et sa vocation à la libération du péché. Dans les années de votre ministère, la relation entre nos Églises a reçu une impulsion positive, (…) pour le témoignage commun du Christ crucifié et ressuscité dans le monde moderne (…) Bonne santé, longue vie et aide d’en haut dans la prière et les œuvres théologiques ».

Le livre se termine par le récit de la rencontre historique entre François et Cyrille. Un face à face attendu depuis des siècles et à la réalisation duquel Benoît XVI a contribué d’une manière, probablement, décisive.

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