L’homélie prononcée par le Pape lors de la messe célébrée pour la fête de Notre Dame de Guadalupe, le 12 décembre, n’est pas passée inaperçue. Beaucoup de commentaires se sont focalisés sur le fait que dans un article de Vatican News, les apparitions de la Sainte Vierge ont été qualifiées de « légende » (à quoi on pourrait objecter que François n’y est pour rien, même si son attitude encourage l’abandon des dévotions traditionnelles de l’Eglise). Mais dans l’homélie du Pape, on trouve plusieurs occurrences d’un mot incongru ici, qui renvoie à son obsession immigrationiste: « métissage ». Commentaire de La Verità.

Elle a voulu être métisse pour nous, elle s’est métissée…

Elle s’est métissée pour être la Mère de tous, elle s’est métissée avec l’humanité.

Pourquoi? Parce qu’elle a «métissé» Dieu.

Et c’est là le grand mystère: Marie Mère «métisse» Dieu, vrai Dieu et vrai homme, dans son Fils.

https://fr.zenit.org/articles/notre-dame-de-guadalupe-femme-mere-disciple-titres-essentiels-de-la-vierge-marie…

À présent, la Vierge de Guadalupe est une « légende ».

Giuliano Guzzo
La Verità (ma traduction de la version pdf transmise par une amie)

C’est ainsi que Vatican News, l’agence du Saint-Siège dirigée par Andrea Tornielli, qualifie l’apparition de la Vierge au Mexique en 1531. S’exprimant jeudi à Saint-Pierre à l’occasion de sa fête, le Pape François a défini la Morenita comme une « mère métisse ».
On ose espèrer que Vatican News, l’agence du Saint-Siège dont Andrea Tornielli est directeur éditorial, est peu lu au Mexique. En fait, il serait très embarrassant d’expliquer comment il est possible qu’au cours des dernières heures, sur le site d’information du Vatican, soit paru un article qui liquide comme « légende » l’histoire de Notre-Dame de Guadalupe, également connue comme Virgen morenita. Eh oui. « La légende de la Morenita« , ce sont les mots exacts de l’article, « a ses racines au seizième siècle, pendant l’épopée des conquistadors et le début de l’esclavage pour des millions d’Indiens.

Une phrase tout simplement surréaliste si l’on considère l’abondance d’informations qui caractérise ces apparitions, qui ont eu lieu du 9 au 12 décembre 1531 sur la colline de Tepeyac, au nord de Mexico, avec comme témoin l’indien Juan Diego Cuauhtlatoatzin, qui en 2002 fut proclamé saint par Jean-Paul II.

Et ce n’est pas tout. Le « tilma« , c’est-à-dire le fameux manteau du voyant sur lequel, comme on le sait, l’image – objet de dévotion mondiale – de la Vierge Marie que Joseph Ratzinger définit comme « mère et étoile de l’évangélisation en Amérique latine » est miraculeusement resté imprimée, est encore conservé aujourd’hui.
La confirmation de l’importance de la Morenita est également attestée par le sanctuaire qui lui est dédié sur le mont Tepeyac, qui n’est pas exactement un sanctuaire quelconque, étant le sanctuaire chrétien le plus visité au monde avec 20 millions de pèlerins par an. Comment l’on peut qualifier l’histoire de Notre-Dame de Guadalupe de « légende » est donc, pour le moins, obscur.

Certes, après avoir lu l’ensemble de l’article de Vatican News – consacré à la célébration eucharistique à Saint-Pierre que le Pape François a célébrée le jour même où l’Église célèbre la fête de la Bienheureuse Vierge Marie de Guadalupe, qui a eu lieu le jeudi – il ne présente aucun ton d’hostilité envers la Morenita. Il convient également de souligner que le terme « légende » lui-même, en fait, se prête à une gamme de significations qui n’ont pas nécessairement des connotations scandaleuses.
Cela n’enlève rien au fait qu’accoler à la Vierge Marie le mot « légende » peut détourner le lecteur vers le terrain magmatique de l’imagination, de la rumeur, sinon de la superstition. Ce qui serait déjà grave sur un journal catholique quelconque, mais apparaît comme une énormité sur un portail comme celui du Vatican.

Comme si cela ne suffisait pas, l’article est rendu encore plus troublant par les mots – certainement authentiques, et pas du tout « légendaires » – du Pape François qui, jeudi, réfléchissant sur la fête de la Bienheureuse Vierge Marie de Guadalupe, dans une intervention a braccio et en espagnol a défini la sainte patronne du continent sud américain « senora-mujer, madre y mestiza« , autrement dit femme, mère et métisse.
Concrètement, selon le Saint-Père, la Morenita « voulait être métisse » parce qu' »elle s’est mélangée mais pas seulement avec Juan Diego, elle est devenue métisse pour être la mère de tous, elle s’est mélangée à l’humanité. Pourquoi a-t-elle fait cela? Parce qu’elle a « métissé » Dieu et c’est là le grand mystère: Marie, mère métisse, qui a métissé Dieu, vrai Dieu et vrai homme, son Fils Jésus ».
Or, ce n’est pas la première fois que Jorge Mario Bergoglio, dans une intervention a braccio, s’autorise des expressions qui, si d’un côté elles parviennent parfois à transmettre des concepts complexes avec simplicité, de l’autre, diffusent souvent un halo d’ambiguïté. D’autant plus qu’en septembre dernier, précisément sur le concept de métissage en référence à l’Amérique latine, le pape François a accordé à Repubblica une interview qui n’avait que très peu de caractère théologique.
« Le mélange fait grandir, donne une vie nouvelle », avait dit François à cette occasion, « il développe les croisements, les mutations et confère l’originalité ». Une phrase perçue comme un éloge immigrationiste qui, curieusement, n’avait scandalisé personne. En revanche, quand en août 2005, lors de la Rencontre de Rimini, le Président du Sénat, Marcello Pera, avait exprimé son inquiétude face à l’immigration incontrôlée, à la suite de laquelle  » on devient un métis « , il fut littéralement submergé de critiques. Un signal qu’évoquer le métissage, ce n’est pas bien, sauf si c’est en termes élogieux.

D’accord, mais pour en revenir à ce que nous disions, quel rapport entre la Virgen morenita et le métissage? Les mots du Pape que nous venons de citer ne le précisent pas. En effet, affirmer que Notre Dame de Guadalupe s’est « métissée » avec le témoignage de ses apparitions a tout sauf un sens univoque. De la même façon, s’il est vrai que Jésus, pour les chrétiens, est « vrai Dieu et vrai homme », affirmer que la Vierge a « métissé » Dieu, n’a pas grand sens étant donné que la volonté d’envoyer le Christ parmi les hommes, secondée par Elle, est exclusivement du Père.
En tout cas, bien que son intervention n’ait pas vraiment été linéaire, une chose est certaine : en tant que bon Sud-Américain qui connaît bien la dévotion mariale de ses compatriotes, le pape Bergoglio ne considère certainement pas [ou ne devrait pas considérer… mais qui sait?] la Morenita comme une « légende ».

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