Je reprends mutatis mutandis le titre d’un énième article (*) italien, à propos de l’image de Benoît XVI véhiculée par le film « Les Deux Papes ». Une vidéo (devenue « virale », comme l’on dit, sur les réseaux sociaux) le montre le visage déformé par la colère, en train de frapper la main d’une femme asiatique, qui n’avait eu que le malheur de le tirer par le bras pour attirer son attention. Certains commentateurs ont le toupet de comparer avec l’agression dont Benoît XVI avait été victime il y a 10 ans, le soir de Noël…

Benoît XVI, (82 ans à l’époque) avait été jeté à terre par une folle, de plus récidiviste (et pas du tout une fan), s’était immédiatement relevé, avait souri, et avait repris avec une maîtrise de soi incroyable le cours de la célébration. On trouvera ici une « couverture de cette nuit de Noël agitée: benoit-et-moi.fr/2009

31/12/2019
Capture d’écran, 31/12/2019

Compte-rendu (mi-figue mi-raisin) ici, avec ce titre: « Les images incroyables du Pape François, en colère, dégageant sa main retenue par une fidèle« .
Notons que ce n’est pas la première fois que François se laisse aller publiquement à la colère contre un fidèle trop enthousiaste. Cela lui était déjà arrivé le 16 février 2016, lors de son voyage au Mexique:

16/2/2016

Antonio Socci a relevé quelques commentaires ironiques sur les réseaux sociaux.

L'AUTOGOL DELL'ATTOREOggi Bergoglio ha detto che da come trattiamo le donne "comprendiamo il nostro livello di umanità…

Gepostet von Antonio Socci pagina ufficiale am Mittwoch, 1. Januar 2020

La colère de Bergoglio commentée sur Twitter.
De « Urbi et Orbi » à « botte da orbi » (Jeu de mot intraduisible, « botte da orbi » signifie « passage à tabac », « raclée »)…
L’acteur marque un but contre son camp


(*) Annexe

Les deux Papes, énième attaque contre Benoît XVI

Le vrai Benoît XVI n’est pas différent de celui de Netflix: il est son exact opposé

Regardez la grande nouveauté, « Les deux papes » de Netflix: Benoît XVI présenté comme un pasteur grincheux, encore retranché sur des conceptions doctrinales clivantes et excluantes, incapable d’affronter la question des prêtres pédophiles, la foi vacillante (« Je n’entends plus la voix de Dieu »), disons carrément, plus dans le coup; le tout en antithèse évidente d’un Jorge Mario Bergoglio bon, miséricordieux, clairement saint. Et, surtout, prêt à entraîner l’Église vers l’Évangile longtemps trahi (« Le carnaval est terminé », lui font-ils dire, dès son élection au poste de pape, pour motiver son rejet de la pourpre traditionnelle) [ce sont effectivement des mots qu’on a prêtés au Pape, sans être démentis officiellement, mais seulement par les habituels bénit-oui-oui, qui se sont imposés par la suite: avec le recul, et ce qu’on sait aujourd’hui de lui, il a bien pu les prononcer!!].

Le fait que le pape François jouisse de la faveur inconditionnelle des médias n’est pas nouveau – Eugenio Scalfari l’exalte, chacun de ses gestes est salué comme une « ouverture », etc. -, et il reste à espérer que cela évangélisera à nouveau l’Occident déchristianisé, même si pour l’instant les signes en ce sens sont hélas rares. On se demande cependant pourquoi, des années après son renoncement, on attaque à nouveau la figure de Benoît XVI avec un film où le pape allemand est diabolisé alors que son successeur argentin est presque divinisé. Cui prodest? La question, à ce stade, se pose spontanément.

Le sentiment est que Benoît XVI, qui reste extrêmement aimé des fidèles, gêne encore. Une énorme gêne pour la culture dominante dont Netflix est la servante. Autrement, on ne s’expliquerait pas comment il est possible qu’un homme d’une telle douceur – tous ceux qui ont rencontré Ratzinger le décrivent ainsi – soit encore présenté comme un inquisiteur. Tellement inquisiteur qu’il a consacré sa première encyclique à l’amour, avec des références explicites à l’eros ; tellement méchant qu’il en a ramené beaucoup à l’Eglise (« Je l’ai aimé tout de suite. La première fois que je l’ai vu, j’ai senti quelque chose au fond de moi et je me suis beaucoup rapproché de la foi », a dit par exemple l’auteur-compositeur-interprète Franco Califano).

La tentative netflixienne de faire passer le Pape Benoît XVI pour un homme fermé, incapable d’un dialogue harmonieux avec le futur Pape François, est méprisable. Une tentative qui ne fonctionne qu’avec ceux qui ne savent pas que Ratzinger a même dialogué avec des géants de la pensée laïque comme Jürgen Habermas, enchantant des philosophes non-catholiques comme Constanzo Preve (« Ratzinger est un philosophe de premier ordre »).

Bref, même avec le respect dû à un acteur comme Anthony Hopkins, qui s’est prêté à une interprétation crédible comme une pièce de trois euros, le vrai Benoît XVI n’est pas différent de celui de Netflix: il est son exact opposé. Et il mérite d’être redécouvert et remercié, pour tout ce qu’il a été et est, en opposition à ses infatigables détracteurs.

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