Les tradis ne sont pas tous dans l’opposition à Benoît XVI, il y en a même qui l’ont toujours défendu et qui continuent à le défendre, qui ont suivi son magistère (lorsqu’il était pape) et qui écoutent sa parole (maintenant qu’il ne l’est plus). Il y en a sans doute aussi en France, mais en Italie, on est sûrs de les trouver dans La Bussola. L’un d’eux signait en 2016 un texte réjouissant d’auto-dérision. A ne pas manquer .

Un cathosaure? (Gargouille de la cathédrale d’Ulm)

Il y avait autrefois (et il y a encore) le cathosaure

Tommaso Scandroglio
La NBQ
9 septembre 2016
Ma traduction

Quelqu’un a-t-il vu le cathosaure? C’est un héritage de l’ère glaciaire pré-conciliaire et il est en voie d’extinction. Ce survivant catholique à la modernité a une structure physico-doctrinale très simple: il croit en un Dieu unique, il prie avec le chapelet, jeûne, se confesse, communie et est monogame…

Il finira bientôt au Musée des sciences religieuses. Nous voulons parler du cathosaure. Il existe encore quelques spécimens, mais – à quelques exceptions près – ils sont élevés en captivité. Enfermés dans des espaces étroits et ne pouvant plus se déplacer librement dans un environnement sain, doctrinalement sain, dans ces prairies vertes qui, au Crétacé, étaient constamment ensoleillées de vérité et où les brumes de doute et de confrontation n’existaient pas. C’est totalement vrai: les mutations climatiques sont une tragédie.

Le cathosaure, héritage de l’ère glaciaire préconciliaire, est en voie d’extinction. Le problème est lié à l’écosystème dans lequel il vit aujourd’hui. Trop de poisons chimiques – pensons aux diverses pilules abortives et contraceptives – manque de femmes et d’hommes adaptés à leur rôle, proies constantes de diverses espèces batardées comme le cathodem (« démocrate chrétien ») et la cathoprog lesquels furent atteints en plein par les météorites du modernisme, mais ont survécu, bien qu’avec d’importantes mutations génétiques dans l’orthodoxie.

Le cathosaure, au contraire, s’adapte mal à l’ère post-moderne. Depuis le Crétacé, il a toujours été monogame et on essaie par tous les moyens de l’entraîner à la promiscuité; il est sexuellement sédentaire et, au contraire, on essaie de le pousser à une sexualité nomade; il s’accouple toujours avec un membre de son espèce de sexe différent et il s’énerve beaucoup si une personne du même sexe lui fait des clins d’œil lascifs; il a l’habitude de procréer, sinon il ne serait pas là; il dialogue, mais il conserve sa voix et ne meugle pas pour plaire aux vaches.

Il est à juste titre accusé d’être primitif, car tant sa structure physico-doctrinale que son comportement sont simples, basiques: il croit toujours en un Dieu unique et pense que toutes les autres espèces de croyants – juifs et musulmans inclus – devraient aussi se convertir à ce Dieu unique; il croit inébranlablement qu’après la mort il y a des récompenses et des punitions pour tous (ffaire de tombeaux égyptiens, commente quelque spécialiste éclairé); il répète de manière obsessionnelle – selon les éthologues religieux tels que Vito Mancuso et Alberto Melloni – des conduites stéréotypées, telles que prier, parfois en utilisant le chapelet comme l’homme de pierre utilisait le couteau en silex, aller à la messe le dimanche, jeûner à certains moments non par manque de nourriture mais par amour, se soumettre à des rites étranges qui, selon les paléontologues les plus accrédités, étaient des rites plus magiques que raisonnables: asperger d’eau la tête d’un nouveau-né, oindre d’huile des enfants, s’agenouiller devant un membre de son espèce avec une étole violette sur les épaules pour confesser l’inconfessable, manger du pain en croyant qu’il est Dieu, et ainsi de suite.

En bref, le cathosaure est une anomalie évolutive selon la théorie darwinienne, un fossile vivant qui contredit toutes les lois pastorales récemment promulguées, une sorte de coelacanthe religieux, une chose bizarre qui n’est bonne que pour un Super Quark [allusion à une série de vulgarisation scientifique diffusée sur le télévision italienne] théologique. Il ne devrait pas exister et, en fait, ils font tout pour l’éliminer, l’écraser comme le moustique Zika, ou si tout va bien – comme nous l’avons dit plus haut – ils essaient de l’enfermer dans une réserve protégée.

L’élimination du cathosaure est nécessaire car, les infectiologues du Vatican en sont certains, le cathosaure peut être porteur de maladies. L’orthodoxie récurrente, le catholicisme dans sa forme intégrale qui peut évoluer vers un bon sens métastatique, le jugement juste qui provoque des occlusions à des appareils stupides, la chronicité et l’irréversibilité du lien conjugal, la nécrose des tissus mous de systèmes complexes tels que les conseils pastoraux et les facultés de théologie de l’Europe du Nord, l’hilarité compulsive et les démangeaisons cutanées au seul contact du papier de la presse catholique (pas toute), les allergies et les éruptions biliaires après l’ingestion des deux premières lignes de certains plans pastoraux, la liturgiophobie envers les célébrations les plus répandues, la photosensibilité aux photos d’Augias [Corrado Augias, agnostique notoire et entre autre éditorialiste à Repubblica] et de Saviano [Roberto Saviano, auteur de Gomorra].

Mais il arrive que le cathosaure se laisse aller à la tendresse, lui si peu à sa place aujourd’hui, avec ces mains jointes et ces genoux pliés devant le Tabernacle; avec ce « oui, oui, non, non » qui, pour les sémiologues theo-prog apparaissent comme puériles, typiques des enfants qui commencent à faire des syllabes; avec ce tronc de croyances qu’il appelle « vérités révélées » et qu’il trimbale toujours comme la couverture de Linus [revue mensuelle italienne de bandes dessinés]; avec cette épouse qui ne change jamais. Le cathosaure reste cependant une espèce en voie de disparition. D’où une proposition. Adoptez vous aussi un cathosaure. Soutenez La Bussola.

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