A peine entré en fonction, le nouvel exécutif de gauche dirigé par Pedro Sanchez prend résolument position contre l’Eglise. Simultanément, un ex-ministre (de droite) du gouvernement Rajoy fait le récit d’une conversation troublante qu’il a eue avec Benoît XVI en 2015.

Pedro Sanchez

Les trois mesures (anti-chrétiennes) du gouvernement Sanchez

Luca Volontè
La NBQ
1er février 2020
Ma traduction

Le 13 janvier, le nouvel exécutif de gauche dirigé par Pedro Sanchez est entré en fonction et en quelques jours, voici trois actes contre la liberté. Tout d’abord, la lutte contre le dit pin (contrôle) parental, car selon l’exécutif « les enfants n’appartiennent pas aux parents ». Deuxièmement, l’accélération de l’euthanasie. Troisièmement, la tentative de mettre la main sur les biens de l’Église.

Même pas trois semaines se sont écoulées depuis la naissance officielle du deuxième gouvernement Sanchez le 13 janvier dernier. Et déjà, le nouvel exécutif espagnol – composé de socialistes, de communistes et de Podemos – a pris trois mesures pour bâillonner les parents, les personnes qui souffrent et l’Église. Il ne fallait rien attendre de plus, et pourtant, on est frappé par le sinistre dynamisme avec lequel le nouveau gouvernement s’est mis au travail.

Le premier « casus belli » est né de la proposition de prévoir dans le système éducatif de la région de Murcie, gouvernée par une coalition de centre-droit (Parti Populaire, Ciudadanos et soutien de Vox), que les parents soient informés des activités extrascolaires des écoles et puissent éventuellement faire valoir le droit de refuser ces activités à leurs enfants (ce qu’on appelle le pin parental, ou « contrôle parental »). La possibilité de choix, c’est-à-dire la reconnaissance des droits parentaux, a été invoquée après les dangers d’endoctrinement dans certaines écoles concernant l’éducation sexuelle et l’idéologie du « genre ». L’acceptation de la proposition par le gouvernement de Murcie, le 17 janvier, a conduit la ministre de l’Éducation, Isabel Celáa, à contester la décision devant les tribunaux: d’où la vive polémique qui enflamme les racines de la cohabitation civile espagnole.

Sanchez lui-même, dans sa première interview télévisée à la télévision publique, est allé encore plus loin contre la liberté éducative et les droits parentaux : « Des choses d’ultra-droite… une façon d’éviter les vrais problèmes, une tentative de priver la communauté éducative espagnole de son autorité ». Plus clair encore, la déjà mentionnée Celáa: « Nous ne pouvons en aucun cas penser que les enfants appartiennent à leurs parents, nous défendrons le droit des mineurs à penser différemment ». Sur la même ligne, la ministre de l’égalité, Irene Montero, qui a défini le pin parental comme une censure éducative et un fruit du machisme: « Une famille homophobe n’a pas le droit d’éduquer ses enfants avec le même esprit homophobe ».

Contrairement à ce qui ressort des déclarations de Sánchez et de ses ministres Celáa et Montero, la Constitution espagnole n’inclut pas la proclamation de [Nikolaï] Boukharine sur le communisme, en 1919, qui, au paragraphe 79, disait que « l’enfant appartient à la société ; […] le droit des parents à éduquer leurs enfants, d’un point de vue socialiste, n’a aucun fondement ». La Constitution espagnole, en revanche, stipule (art. 27.3) qu’elle reconnaît le droit des « parents de veiller à ce que leurs enfants reçoivent une formation religieuse et morale conforme à leurs convictions ». Dans un arrêt rendu par la Cour constitutionnelle en 1981, elle limite la liberté de l’enseignant, qui ne peut jamais se transformer en endoctrinement. La Cour européenne des droits de l’homme elle-même a reconnu à plusieurs reprises, en 2007 et ultérieurement, le droit à la liberté de conscience des parents dans le domaine de l’éducation, y compris dans les matières du programme scolaire. Une série de déclarations des Nations unies, dont la Déclaration universelle des droits de l’homme, confirment ce droit inaliénable des parents et de la liberté d’éducation.

La réaction violente à l’approbation du pin parental, un outil administratif visant à rendre effectifs les droits des parents, démasque le véritable objectif du gouvernement Sanchez, à savoir prendre possession des enfants des Espagnols et les endoctriner.

Face à ce danger, l’Alliance évangélique espagnole est intervenue sur le terrain avec un communiqué de dénonciation très dur, accusant le gouvernement de vouloir endoctriner ses enfants avec des dogmes idéologiques, les présentant comme de nouvelles vérités absolues.

Le 25 janvier, le cardinal Antonio Cañizares lui-même, dans sa lettre hebdomadaire, n’a pas manqué de stigmatiser les graves déclarations de Sánchez et d’autres membres de l’exécutif (« les enfants n’appartiennent pas à leurs parents »), rappelant non seulement que le droit/le devoir des parents d’éduquer leurs enfants est communément accepté, mais aussi que « seuls les systèmes dictatoriaux et les dictatures peuvent affirmer que ce droit/ce devoir appartient à l’État et que les enfants appartiennent à l’État », comme on l’a déjà vu en URSS, à Cuba ou en Chine.

Ces mêmes jours, le 29 janvier, deuxième coup du gouvernement Sanchez, la proposition confirmée de la coalition de gauche d’approuver une nouvelle loi sur l’euthanasie, avec des obligations pour les cliniques publiques et privées. L’euthanasie active, actuellement crime puni par la loi espagnole, a fait l’objet d’un accord au sein du gouvernement et aujourd’hui la majorité a demandé une approbation rapide par le Parlement. Le ministre de la santé, Salvador Illa, a fait de la loi sur l’euthanasie l’une des quatre priorités de son engagement. Il sera possible pour toutes les « personnes majeures et en pleine capacité d’agir et de décider » à condition qu’elles le fassent « de manière autonome, consciente et informée » et qu’elles soient « dans un état de maladie grave ou maladie chronique incurable ou causant des souffrances physiques et/ou psychologiques intolérables » ; ce sera toujours à la charge du service public de santé et également disponible dans des centres privés. Pour l’instant, le droit à l’objection de conscience des médecins semble être garanti, mais on verra mieux plus tard.

Un troisième signal, qui montre une intention clairement intimidatoire envers la liberté et le christianisme, est donné par la rencontre (cordiale) entre la vice-présidente du gouvernement, Carmen Calvo, et le nouveau nonce en Espagne, Mgr Bernardito Auza. Des exigences claires: que l’Église paie des impôts sur les bâtiments non destinés au culte et rende compte plus en détail de la manière dont elle dépense les fonds qu’elle reçoit à partir des déclarations fiscales des citoyens. Il est demandé à l’Église d’allouer ces fonds à des initiatives sociales ouvertes à tous, et non à d’autres projets. Il y a autre chose à l’horizon de l’exécutif, comme l’indique le programme gouvernemental signé par Sanchez et Iglesias: l’Église sera appelée à rendre des comptes et à restituer à l’État les biens enregistrés comme sa propriété par le biais de donations.

Bref, trois coups de poing dans le ventre à la tradition, au christianisme et à la civilisation juridique espagnole; trois dangers pour la dignité humaine et la liberté du pays. Suivant le raisonnement du cardinal Cañizares, trois choix de gouvernement qui indiquent pour la nation espagnole une perspective très éloignée de la démocratie libérale.


Benoît XVI: « Le diable veut détruire l’Espagne »

27 janvier 2020
www.infocatolica.com
Traduction de Carlota

Lors de la présentation du livre “La pérdida de España” (la perte de l’Espagne), d’Alberto Bárcena, professeur de l’Université “CEU-San Pablo”, l’ex-ministre de l’Intérieur espagnol, Jorge Fernández Díaz (*), a révélé une conversation qu’il a eue avec Benoît XVI le 17 juin 2015.

(InfoCatólica) Jorge Fernández Díaz a été reçu par Benoît XVI durant 55 minutes pour une audience privée en sa résidence Mater Ecclesia du Vatican.
Dans la vidéo, on peut voir (9:15′), le récit qu’il fait de cette visite au Pape émérite.

L’ex-ministre de l’Intérieur du gouvernement présidé par Mariano Rajoy a dit que c’est la première fois qu’il raconte en public sa rencontre avec Benoît XVI. Ils ont parlé entre autres choses des visites de ce dernier en Espagne alors qu’il était le Pape régnant. Jorge Fernández Díaz a expliqué au pape émérite où en était la situation en Espagne, avec le problème de la Catalogne, et lui a demandé de prier pour la nation espagnole.

« Il m’a alors interrompu avec douceur et m’a dit littéralement: ‘Le diable veut détruire l’Espagne’ « .

Comme Fernández Díaz restait sans voix, Benoît lui a expliqué que « le diable attaque plus encore les meilleurs et c’est pour cela qu’il attaque l’Espagne et veut détruire l’Espagne. Le diable sait ce qu’a fait l’Espagne tout au long de son Histoire: l’évangélisation de l’Amérique, le rôle de l’Espagne pendant la Contre-réforme, la persécution religieuse durant les années trente du XXème siècle ».

Voyant que l’ancien ministre était encore sous le choc, Benoît XVI a ajouté: « Ayez confiance, les ennemis de Dieu et de l’Église font beaucoup de bruit et sont très présents dans les médias, mais sans sortir dans les médias et sans faire de bruit il y a beaucoup de personnes qui prient. Et cette prière est très puissante ».

Le pape émérite a poursuivi: « Je vais vous dire les armes grâce auxquelles le diable sera vaincu et ne réussira pas à détruire l’Espagne: la première, l’humilité; la seconde, la prière ; la troisième, la souffrance…(et après une très courte pause)…la dévotion à la Sainte Vierge ».
Et il a ensuite ajouté: « Et comme dans l’évangile de dimanche prochain, soyez confiant. Le Seigneur agira au moment opportun ».

Jorge Fernández a expliqué ensuite que lorsque l’audience s’est terminée, il a vérifié quel était l’évangile du dimanche suivant et a vu que c’était le récit de la tempête qui met en péril la barque dans laquelle se trouvaient le Christ et ses apôtres, et le Seigneur calma la tempête.


Note de traduction:

(*) Voir la fiche wikipedia en français pour son parcours politique, comme ministre de l’intérieur (2011-2016) d’un gouvernement dit de droite (époque de Mariano Rajoy) mais aussi comme député élu en Catalogne d’un Parti Populaire (équivalent UMP/LR chez nous)
La fiche wikipedia en espagnol complète son portrait avec un paragraphe sur ses fortes convictions catholiques et un retour à la foi de son enfance, il y a une quinzaine d’années.

[Selon le site italien La Fede Quotidiana (qui reprend l’article), Jorge Fernández Díaz, né en 1950 est membre surnuméraire de l’Opus Dei].

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