Les raisons de réorganisation pour justifier le congé donné au secrétaire sont fantaisistes, et il n’est pas non plus vrai que la détérioration de la santé de Benoît XVI soit en cause. C’est Franca Giansoldati, vaticaniste bien informée et surtout proche de François (son parti-pris bergoglien ne fait aucun doute) – qu’elle a déjà interviewée -, qui l’affirme, bien qu’en y mettant les formes. Difficile, cette fois, de disqualifier sa parole en l’imputant à la malveillance envers le Pape.


Le Vatican a manifestement essayé de minimiser l’importance du problème

Franca Giansoldati
6 février 2020
www.ilgazzettino.it
Ma traduction

Franca Giansoldati et le Pape

L’AFFAIRE

Le Vatican a évidemment essayé de dédramatiser, en jouant au pompier pour éteindre un nouvel incendie, mais la version officielle selon laquelle Mgr Georg Gänswein a été licencié pour une « redistribution normale du travail interne » n’a convaincu personne. La vérité est que leurs rapports étaient à leur plus bas historique. Cette fois, le pape François aurait été en colère contre Gänswein pour la façon dont il a géré l’imbroglio du livre écrit par le pape émérite et le cardinal Robert Sarah. Le livre intitulé « Du plus profond de nos cœurs » contient un appel dramatique à s’opposer à l’abolition du célibat ecclésiastique, qui a fini par mettre les deux papes en opposition. Comme s’ils étaient éternellement opposés, distants, antagonistes et prêts à se battre en duel à distance, l’un à Sainte Marthe et l’autre au monastère Mater Ecclesiae.

INVITATION À UNE PAUSE

Chose qui ne correspond pas à la vérité [??]. Le fait est que le chef de la préfecture de la Maison Pontificale et secrétaire particulier de Ratzinger aurait été invité à prendre une pause suffisamment longue et à ne pas se faire voir pendant un certain temps du côté de Sainte Marthe. Le journal allemand Die Tagespost, très proche des milieux catholiques ratzingerien, a écrit et confirmé que le pape lui avait « accordé » une permission pour une durée indéterminée de la fonction de préfet. Quelque chose d’assez inhabituel pour cette figure institutionnelle qui est l’équivalent d’un ministère de l’Intérieur. En fait, au cours des trois dernières semaines, depuis que la bombe a explosé, on a vu Gänswein de moins en moins à l’œuvre, jusqu’à ce qu’il disparaisse complètement. Il n’était pas présent lors des audiences dans la salle Paul VI, ni, en tant que préfet, pour accueillir le vice-président américain Pence quand il a rendu visite au Pape. Une sorte de desaparecido. Même dans son bureau, au premier étage du Palais Apostolique, on ne l’a pas beaucoup vu.

Au départ, la rumeur avait circulé qu’il avait attrapé une mauvaise grippe, chose fréquente en ce moment, mais il a ensuite été repéré avec le pape émérite à la grotte de Lourdes, au sommet de la colline du Vatican.

Une autre voix a insisté sur le fait que la collaboration moindre avec François était à mettre sur le compte de la santé de plus en plus fragile du pape émérite qui nécessiterait plus d’attention. Mais même cette version a perdu de sa consistance car Ratzinger, bien qu’il ait désormais un filet de voix, est lucide et va plutôt bien pour son âge avancé.

Ce qui a fait mûrir la décision d’éloigner Gänswein, c’est donc la maxi omelette liée au livre qui a fait se quereller tout le monde, y compris le cardinal Sarah, qui s’est même présenté à François avec tous les documents de l’éditeur et les lettres prouvant que les accords éditoriaux étaient clairs pour tout le monde, en particulier pour le monastère Mater Ecclesiae.

ÉMÉRITES

Bref, après la figure du Pape Émérite, on trouve désormais à la curie également un préfet émérite qui fait apparaître un nouveau problème de gestion du pontificat. La façon dont les choses se sont déroulées est telle que la prochaine tête à abattre pourrait être celle du cardinal ultra-conservateur (!!) Sarah, préfet de la Congrégation du culte divin. Mais cela reste peu probable étant donné qu’il ne lui reste que quelques mois pour atteindre l’âge de la retraite. Par contre, il sera probablement difficile pour François de renouveler son mandat comme il l’a fait avec d’autres cardinaux de la curie.

En tout cas, le livre de Sarah et Ratzinger anticipe la rédaction de l’exhortation apostolique sur l’Amazonie, dans laquelle François devra s’exprimer pour ou contre l’institution des viri probati: des hommes de foi éprouvée, même mariés, qui auraient des fonctions sacerdotales. Pratiquement la brèche pour les prêtres mariés. La frange ultra-conservatrice (!!) de l’Église qui a conduit une partie des évêques américains à menacer de schisme est alarmée mais le texte du pape François (à ce qu’il semble, après quelques corrections) ne fera pas d’ouvertures. Il ne semble pas y avoir l’ombre de prêtres mariés.


Franca Giansoldati

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