Un lecteur m’adresse un message qui sort de l’ordinaire, et que je me réjouis de partager avec mes autres lecteurs. Mon correspondant revient sur l’interview de Mgr Sorondo à Diane Montagna, dans laquelle le goujat (chose d’autant plus impardonnable pour un homme d’église) intime à la journaliste l’ordre (ou quasiment) de ne pas être fanatique à propos de la religion. Ce qui a rappelé à mon lecteur un épisode du procès des martyres de Compiègne à la Révolution Française, raconté par Jean-Paul 1er.

Les martyres de Compiègne

Je souhaite vous faire partager une réflexion qui m’est venue en lisant l’échange entre Mgr Sorondo et Mme Diane Montagna.
Cet échange se terminant par:

MS : S’il vous plaît, Madame, comprenez les idées catholiques et ne soyez pas fanatique, ne soyez pas fanatique.
DM : D’accord…
MS : Si vous continuez à me parler, ne soyez pas fanatique. Essayez de faire appel à la raison.
DM : Je le fais. D’accord. Je vous remercie beaucoup.
*

(Source et traduction: leblogdejeannesmits.blogspot.com/2020/02/communion-pour-le-president-argentin.html )

Le terme «fanatique» me rappelle toujours un épisode du procès des martyres de Compiègne à la Révolution Française, épisode raconté en quelques mots par le Pape Jean-Paul Ier:

Cette année est celle du 30ème anniversaire de la mort de Georges Bernanos, grand écrivain catholique. Une de ses oeuvres les plus connues est Dialogue des Carmélites. Elle a été publiée une année après sa mort, écrite pour le théâtre d’après l’oeuvre de Gertrude von Le Fort, écrivain allemand. Ce « Dialogue » a été joué au théâtre, puis mis en musique et projeté sur les écrans du monde entier. Très connu, le fait cependant était historique. Pie X, en 1906, ici à Rome, avait béatifié les seize Carmélites de Compiègne martyres pendant la révolution française. Au cours du procès on entendit la condamnation : « à mort pour fanatisme ». L’une d’elles dans sa simplicité demanda : « Monsieur le Juge, s’il vous plaît, qu’est-ce que cela veut dire fanatisme ? » Le juge répondit : « c’est votre sotte appartenance à la religion ». — « Oh, mes soeurs ! — dit encore la religieuse — vous avez entendu, on nous condamne pour notre attachement à la foi. Quelle félicité de mourir pour Jésus-Christ ! » On les fait sortir de la prison de la Conciergerie et monter sur la charrette fatale. Durant le parcours elles chantent des hymnes religieux. Arrivées sur l’estrade de la guillotine, l’une après l’autre elles s’agenouillent devant la Prieure, pour renouveler leur voeu d’obéissance. Ensuite elles entonnent le Veni Creator. Le chant cependant devient de plus en plus faible, à mesure que les têtes des pauvres soeurs tombent une à une sous la guillotine. Soeur Thérèse de Saint Augustin, la Prieure, reste la dernière et ses ultimes paroles furent celles-ci : « L’amour sera toujours victorieux, l’amour peut tout ». Voilà la parole juste, la violence ne peut pas tout, mais l’amour peut tout.

*

(Source: www.clerus.org/bibliaclerusonline/fr/gmk.htm#u )

Le rapprochement entre ces deux épisodes est certes soumis à beaucoup de réserves, mais pourtant… Lorsque j’entend Mgr Sorondo dire «fanatique», j’ai l’impression d’entendre le juge du tribunal révolutionnaire ajouter «Arrêtez avec votre stupide religion! C’est une insulte à la raison humaine»; et le «d’accord» me semble un lointain écho au renouvellement du vœu d’obéissance des carmélites à Jésus-Christ…

VB

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