Un article paru le 31 mars sur l’édition anglaise – puis retiré, face à la bronca populaire – comptabilise les effets bénéfiques de la pandémie sur la planète. Rien qui puisse surprendre, d’autres y ont pensé (ce qui rendrait presque crédible une théorie du complot à ce sujet). Le regrettable, c’est que ce soit les convictions de ceux qui mènent la barque de Pierre en ce moment. L’édito de Riccardo Cascioli.

Le titre et l’illustration de Vatican News

Coronavirus et écologie, Vatican News ne trompe personne

Riccardo Cascioli
La NBQ
2 avril 2020
Ma traduction

L’article publié puis retiré de l’édition anglaise de Vatican News, qui considérait les effets bénéfiques du coronavirus sur la Terre, n’était pas un simple accident. L’auteur de l’article est un jeune jésuite nigérian qui n’a fait que résumer ce qu’il a entendu prêcher dans sa Compagnie et au Vatican pendant des années.

Non, il ne s’agissait pas seulement d’une bévue journalistique comme cela peut arriver à n’importe qui, dûe à la hâte, au manque de vérification, au manque de compétence du rédacteur en chef, etc. Non, la publication dans l’édition anglaise de Vatican News du 30 mars (*) de l’article du père jésuite Benoît Mayaki, qui fait l’éloge du bien que le coronavirus fait à la Terre, est bien plus qu’une bévue: c’est la conséquence logique de la dérive écologique inspirée par ce pontificat.

Le fait que l’article ait ensuite été retiré le lendemain, en raison des nombreuses et vives protestations, n’enlève rien au fait que ce que le père Mayaki a écrit est parfaitement cohérent avec l’écologisme tellement à la mode dans l’Église aujourd’hui: de la référence à l’encyclique Laudato Si’ (Mayaki lui-même l’explique), à la prière à la Pachamama; du panthéisme exalté dans les conclusions du Synode sur l’Amazone, aux salutations continuelles à la Terre Mère qui nous viennent de si nombreux prélats.

Que dit le père Mayaki dans l’article incriminé? En bref, il affirme que bien que le monde soit à juste titre préoccupé par le coronavirus, il faut considérer que l’arrêt des activités humaines a apporté de grands bénéfices à la Terre, qui a ainsi la possibilité de guérir. Comme preuve de cette thèse, il invente un peu ou cite au hasard des articles de journaux: il parle du retour des poissons et des cygnes à Venise, de l’air devenu sain à Hong Kong, de la réduction de la concentration de dioxyde d’azote dans le ciel chinois, liée (on ne sait pas comment) aux émissions de dioxyde de carbone; du grand bien pour l’air de l’arrêt des déplacements: les avions, les bateaux et les voitures (surtout les premiers).

Tout cela pour pouvoir dire que nous devons tirer la leçon et nous convertir à la durabilité. Qu’est-ce que cela signifie ? Au vu des exemples donnés, on a l’impression que « rester tous à la maison » est un mot d’ordre qui devrait durer beaucoup plus longtemps que l’infection au Covid-19. Ce n’est pas un hasard si le père Mayaki finit par citer l’encyclique Laudato Si’, là où elle dénonce les effets dévastateurs de l’activité humaine sur la planète : « Nous n’avons jamais maltraité et offensé notre maison commune comme au cours des deux derniers siècles » (n°53).

On comprend le scandale qu’a provoqué un tel article alors que dans de nombreux pays, on procède à un décompte des morts, mais il faut admettre que la thèse est loin d’être nouvelle au Vatican. D’ailleurs, le père Mayaki n’est pas un expert en la matière, dont les thèses ont parfois et malheureusement trouvé place dans Vatican News; c’est plutôt un jeune prêtre nigérian, ordonné il y a à peine deux ans et qui, depuis un mois et demi, est le rédacteur en chef de l’édition anglaise de Vatican News. Autrement dit, c’est le jeune enthousiaste typique qui a écrit simplement ce qu’il a appris avant tout dans la Compagnie de Jésus, qui depuis dix ans a placé l’écologie au centre de son apostolat. C’est en 2010 que l’écologie a été ajoutée au nom du Secrétariat jésuite pour la justice sociale ; et un an plus tard, le groupe de travail international créé à cet effet a publié un document – « Recomposer un monde brisé » – dans lequel on retrouve tous les clichés de l’écologisme, y compris l’indigénisme, sans parler de la question du changement climatique.

C’est une approche que l’on retrouve dans ce pontificat, qui alimente Laudato Si’, et qui se retrouve totalement dans les contenus qui ont caractérisé le Synode sur l’Amazonie. Le pauvre père Mayaki n’a fait que respirer cette mentalité à pleins poumons et l’a ingénument déclinée dans l’actualité. Il a juste choisi le mauvais moment ; s’il avait attendu quelques mois, quand l’urgence était passée, il aurait été salué comme un grand penseur.

Du reste, des énormités encore plus explicite ont été dites et écrites ces dernières semaines par Leonardo Boff, ex-prêtre et théologien de la libération, frappé par la foudre sur le chemin de l’écologisme et recruté par le pape François comme l’inspirateur de Laudato Si‘. Dans un article récent pour le site « A terra è redonda » – traduit en italien par Il Faro di Roma – il a soutenu que le coronavirus est « une représaille de Gaia pour les offenses que nous lui infligeons continuellement ». Gaia, comme on le sait, est la déesse grecque qui personnifie la Terre et qui a été repêchée par le scientifique James Lovelock pour indiquer la théorie de la Terre comme superorganisme vivant. Et plus récemment encore, le 26 mars, sur Religiondigital [site espagnol ultra progressiste et ultra bergoglien dirigé par le prêtre défroqué José Maria Vidal déjà souvent rencontré dans ces pages grâce à Carlota, ndt], Boff commençait en ces termes:

« L’actuelle pandémie de coronavirus représente une occasion unique pour nous de repenser la façon dont nous habitons la Maison commune, la façon dont nous produisons, consommons et nous nous rapportons à la nature ».

Et même le cardinal autrichien Christoph Schönborn, très estimé par le pape François, s’est exprimé sur la même longueur d’onde dans une interview télévisée le 22 mars.

Mais quelle punition de Dieu, a expliqué Schönborn, le vrai péché est celui de l’écologie :

« Faut-il vraiment prendre l’avion pour aller faire du shopping à Londres? Est-il vraiment nécessaire de partir en vacances aux Maldives pour Noël? Est-il vraiment nécessaire de naviguer avec 4 000 personnes à bord d’un navire qui pollue les mers de façon dramatique? Avons-nous vraiment besoin de 200 000 avions qui volent dans le ciel chaque jour? ».

On peut se demander: quel rapport avec le Covid-19 ? Et voici la réponse de l’archevêque de Vienne :

« Peut-être Dieu veut-il nous rappeler qu’il nous a confié la création et ne nous l’a pas donnée pour la dévaster ».

Alors pourquoi s’indigner de l’article du pauvre père Mayaki ? Il n’a fait que réécrire, comme un bon écolier, ce qu’on lui enseigne en permanence et qui est très apprécié au Vatican s’il est écrit par des gens comme Boff, Schönborn et d’autres. A tel point que l’article du père Mayaki a non seulement été publié, mais aussi tweeté par Vatican News, et n’a finalement été retiré qu’au bout de presque une journée.

C’est pourquoi les mots avec lesquels Sœur Bernadette Reis, la représentante en langue anglaise au sein de la Commission éditoriale des médias du Vatican, a voulu justifier le retrait de l’article du site semblent vraiment ridicules :

« Cela ne reflète pas la ligne éditoriale sur ce sujet, comme en témoignent les centaines d’articles et d’interviews publiés ces jours-ci sur notre portail dans toutes les langues ».

Et il est aussi un peu hypocrite de s’excuser auprès de lecteurs qui se sont sentis « blessés dans leur sensibilité ». Si les excuses étaient sincères, au Vatican, ils devraient commencer à réfléchir sérieusement à l’écologie qu’ils ont embrassée en tant que nouvelle religion.


Ndt

(*) Vatican News a été pris la main dans le sac, si j’ose dire. Plusieurs sites ont pris la précaution de faire des captures d’écran.
Et j’en ai même trouvé un qui recopié l’article (à lire, car c’est vraiment un morceau d’anthologie):

La pandémie de coronavirus est un problème de santé mondial. Presque tous les pays ont adopté une forme ou une autre de mesure de précaution contre la propagation du virus Covid-19. Dans de nombreux endroits, les frontières sont fermées, les lieux de travail sont fermés, les voyages aériens internationaux sont restreints et les gens sont priés de rester à l’intérieur.

La réduction de l’activité humaine a un effet bénéfique imprévu : la Terre se guérit elle-même.

En Italie, les poissons sont retournés dans les canaux de Venise. La diminution du tourisme et du transport par eau a permis aux eaux troubles de se déposer. Des oiseaux migrateurs, dont des cygnes, ont été aperçus en train de glisser sur les voies d’eau de la ville.

La Chine, le plus grand émetteur de carbone au monde, a maintenant une diminution significative de la concentration de dioxyde d’azote dans l’air. La NASA attribue cette baisse au déclin des activités économiques et industrielles lors de l’épidémie de coronavirus.

Hong Kong, une ville qui a lutté contre la pollution atmosphérique, a vu la qualité de son air s’améliorer. Les principaux polluants atmosphériques ont diminué de près d’un tiers entre janvier et février de cette année.

La réduction globale des déplacements aériens, terrestres et maritimes est bénéfique pour la planète, car les émissions de carbone devraient diminuer. Le transport aérien représente à lui seul plus de deux pour cent des émissions mondiales de carbone.

La réaction rapide de nombreux pays face à la pandémie de coronavirus montre à quel point il est possible de faire plus pour la planète.

Certains pays se préparent déjà à relancer leur économie après la pandémie. Beaucoup y voient une occasion d’envisager des options durables.

Dans son encyclique de 2015 sur les soins de notre maison commune (Laudato si’), le pape François souligne l’urgence de prendre soin de la terre. Déplorant l’effet de l’activité humaine sur la planète, il déclare : « Jamais nous n’avons autant blessé et maltraité notre maison commune qu’au cours des deux cents dernières années ».

« L’humanité a encore la capacité de travailler ensemble pour construire notre maison commune… Vraiment, beaucoup peut être fait. »

.

Vatican News (traduction automatique)
Mots Clés :
Share This