Les médias grand public ne cachent pas leur aigreur, mais les 7 juges de la Haute Cour australienne ont jugé sereinement sans s’occuper de la rumeur publique. Le cardinal Pell est enfin sorti de 404 jours de cauchemar. Et il pourra célébrer la messe pascale!

Le cardinal quitte ce matin la prison de Brisbane

Justice, enfin.
Le cardinal Pell absous et libéré

Nico Spuntoni
7 avril 2020
La Nbq

Après 404 jours de détention injuste, les portes de la prison de Barwon se sont enfin ouvertes ce matin à 4h30 en Italie [et en France] pour le cardinal George Pell, deux heures et demie après le jugement des juges de la Haute Cour de Brisbane. « L’unique base pour une guérison durable est la vérité », a-t-il déclaré.

Il y a un juge à Brisbane. En fait, il y en a sept. Le verdict de la Haute Cour a été unanime : la peine de six ans pour abus sexuel a été annulée et Pell a été acquitté de toutes les charges. Le cardinal est retourné à la liberté après 404 jours d’emprisonnement – on peut le dire à ce stade – injuste. La sentence a été prononcée dans la salle d’audience 5 du Commonwealth Law Courts Building à Brisbane, alors qu’il était à peine deux heures du matin en Italie.

Pell était à 1 800 km de l’endroit où les sept juges de la Haute Cour ont mis le mot fin à l’une des affaires judiciaires les plus suivies par les Australiens. Dans sa cellule de la prison de Barwon, où il y a quelques jours seulement trois détenus ont été hospitalisés après une rixe qui s’est mal terminée, le cardinal a attendu la décision, en se confiant à la prière. « La Haute Cour – a-t-il été expliqué dans une note publiée par le tribunal – a estimé que le jury, agissant rationnellement sur la base de toutes les preuves, aurait dû avoir un doute sur la culpabilité du requérant pour chacun des crimes pour lesquels il a été condamné, et a ordonné l’annulation des peines et l’enregistrement de l’acquittement ».

L’argument de la défense a donc gagné sur tous les tableaux en se concentrant sur le principe du « au-delà de tout doute raisonnable« . Le verdict prononcé en août dernier – à la majorité (2-1) – par la Cour d’appel de Victoria, qui avait confirmé la sentence de première instance, a été annulé. Dans la note officielle, il a d’ailleurs été souligné que la véracité des témoignages de ceux qui avaient relaté les habitudes du cardinal après la mission qui ont rendu le crime temporellement et physiquement impossible n’avait pas été démentie.

S’il y a un homme à qui Pell devrait être reconnaissant de l’issue de cette page noire de la justice australienne, c’est sans aucun doute Mark Weinberg, le juge qui – bien qu’il ait été mis en minorité l’été dernier par ses collègues Ferguson et Maxwell – avec son opinion dissidente, et le rapport détaillé qui l’accompagnait, a réussi à ouvrir une faille dans l’affaire qui a permis à la défense de présenter le recours à la Cour suprême.

La décision unanime des sept juges intervient en dépit du climat hostile que les médias ont continué à alimenter ces dernières semaines à l’encontre du cardinal, avec des menaces de nouvelles poursuites civiles lancées par les victimes présumées à travers les médias les plus mal disposés à son égard.

Une heure après avoir lu le verdict, le cardinal a publié une déclaration officielle dans laquelle il a de nouveau clamé son innocence et déclaré avoir subi une « grave injustice ». L’ancien trésorier du Vatican a déclaré qu’il n’en voulait pas à son accusateur, affirmant qu’il y avait déjà assez de « douleur et d’amertume ». « La seule base pour une guérison durable », a ajouté le cardinal, « est la vérité et la seule base pour la justice est la vérité, car la justice signifie la vérité pour tous ».

Il n’a pas manqué de remercier ses avocats qui ont pu « faire prévaloir la justice », ses soutiens dans le monde entier qui l’ont accompagné par la prière, ses collaborateurs et sa famille pour tout ce qu’ils ont dû souffrir avec lui. L’ancien archevêque de Sydney a conclu sa déclaration en révélant qu’il priait pour les patients atteints de coronavirus et les médecins en première ligne dans les hôpitaux.

Deux heures et demie après avoir lu la sentence, à 4h30, heure italienne, le cardinal a quitté définitivement la prison de Barwon dans une voiture noire.
George Pell, 78 ans et 404 jours d’emprisonnement injuste derrière lui, est maintenant un homme libre, acquitté de la charge la plus honteuse pour un prêtre. Et il pourra même célébrer à nouveau l’Eucharistie après plus d’un an.

Nico Spuntoni

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