C’est Nico Spuntoni qui nous donne de ses nouvelles sur la Bussola. Il a enfin pu célébrer la messe – celle de Pâques, une circonstance particulièrement significative en ces temps où les catholiques en sont privés. Des amis ont envoyé des photos de lui au Séminaire de la banlieue de Sidney où il récupère sereinement de ses 400 jours de captivité injuste. En attendant, des questions commencent à émerger dans son pays sur le gigantesque fiasco judiciaire dont il a été le protagoniste.

Images La NBQ


La Pâque de Pell, l’homme de Dieu qui a l’Italie à cœur

Nico Spuntoni
14 avril 2020
La NBQ
Ma traduction

Après 404 jours de détention injuste, le cardinal Pell a pu célébrer la Sainte Messe. D’après les photos envoyées par ses amis à la NBQ, il semble serein. Sa première pensée publique, en tant qu’homme libre, fut pour l’Italie, tant pour les morts de Covid que pour les vivants : « Appuyez-vous sur Dieu. Et maintenant, on espère que son cas aidera à faire la lumière sur les failles de la justice australienne.

La liberté est arrivée à l’occasion de la plus ancienne et de la plus importante fête du christianisme. Après plus d’un an d’emprisonnement injuste, le cardinal George Pell a passé sa première Pâque d’homme libre au séminaire du Bon Pasteur à Homebush. Dans ce bâtiment, situé dans la banlieue ouest de Sydney, il avait déjà vécu après son retour en Australie pour affronter l’odyssée judiciaire qui s’est terminée il y a une semaine.

Grande fut la joie de célébrer à nouveau la Sainte Messe, bien qu’à un moment où tant de fidèles à travers le monde sont privés de la possibilité d’y participer personnellement. Ceux qui vivent cette situation douloureuse peuvent se rendre compte de la souffrance ressentie par ce prélat de près de quatre-vingts ans, détenu à l’isolement suite à trois condamnations injustifiées, contraint de ne pas pouvoir célébrer pendant plus de 400 jours. Le cardinal a perdu du poids, mais il va bien. Et il est – en partie, étant donné l’urgence du Coronavirus – revenu à la normale même pour les petits gestes de la vie ordinaire, comme la première coupe de cheveux après sa libération.

La NBQ publie quelques photos envoyées par ses amis qui le représentent à l’intérieur du séminaire de Homebush: comme on peut le voir, il a un regard serein et a pu remettre sa soutane filetée de cardinal.

Une fois libéré, la première pensée publique de l’ancien archevêque de Sydney a été pour l’Italie. Pell a réalisé un message vidéo en italien, publié par la suite par News Mediaset, dans lequel il avoue avoir beaucoup réfléchi à ce qui se passait dans son « pays d’adoption » pendant sa période de détention. Des paroles touchantes pour les morts causées par l’épidémie et une invitation aux vivants, à puiser « une force et un réconfort nouveaux dans le Seigneur ressuscité » car il « est proche de tous ceux qui souffrent, de ceux qui sont malades et qui souffrent, de ceux qui ont été faussement accusés, et en particulier de ceux qui sont seuls ». « Appuyez-vous sur lui. Approchez-vous de lui. Pour le Seigneur, il n’existe pas de distanciation sociale », a déclaré l’ancien trésorier du Vatican dans son italien encore bon.

Comme il l’avait fait pendant son emprisonnement, y compris durant les fêtes pascales, le cardinal s’est révélé être une plume infatigable et a écrit un message de vœux publié par The Australian [traduction en italien sur la NBQ].

Après l’interview accordée à Ed Condon pour le magazine en ligne Catholic News Agency, le cardinal apparaîtra en vidéo dans une interview exclusive accordée à Andrew Bolt, journaliste de Sky News Australia et chroniqueur pour le Herald Sun. Bolt a été l’un des soutiens les plus actifs de l’innocence de Pell, auteur d’enquêtes qui ont contribué à faire la lumière sur les nombreuses failles du système judiciaire auprès de l’opinion publique internationale. Les déclarations de Pell suscitent une grande curiosité: en Australie, en effet, les journalistes et les leaders d’opinion qui ont vigoureusement contesté les condamnations antérieures soulèvent la question de la fiabilité du système judiciaire national à la lumière de l’injustice flagrante dont le cardinal a été victime. Comme l’a dit le cardinal en réponse au premier gardien de prison qu’il a rencontré après l’annonce de son acquittement, le verdict de la Haute Cour n’était pas un miracle mais seulement la justice.

Dans le Pays océanique, l’enquête menée par la police de Victoria – dans le passé pas exempte de scandales – qui avait jusqu’à présent accusé Pell de 26 crimes contre neuf personnes – est à présent dans le collimateur d’une partie de la presse. Toutes accusations tombées dans le vide, comme le rappelle Bolt dans un éditorial où il pointe du doigt Graham Ashton, le commissaire en chef, qui a été le protagoniste d’annonces répétées – des mises en accusation contre le cardinal, qui se sont révélées plus tard être des flops.

Le pardon du prélat à son accusateur anonyme ne doit pas se transformer en un coup d’éponge en mesure d’effacer les fautes de tout cet appareil d’investigation-judiciaire qui n’a pas fonctionné et qui a fait perdre sa liberté à un innocent pendant plus d’un an: c’est le sens des nombreux appels lancés ces jours-ci par des signatures prestigieuses comme, par exemple, Paul Kelly et Miranda Devine. Cette dernière, en particulier, le jour de la condamnation en première instance, avait été victime d’une très violente campagne de haine sur les médias sociaux parce qu’elle n’avait pas voulu renier son soutien à la cause d’un innocent. Et qui sait si des éléments intéressants sur les responsabilités des grands perdants de ce qui a été rebaptisé « l’affaire Dreyfus australienne » sortiront des centaines de documents Word écrits par l’ancien trésorier du Vatican pendant son séjour en prison et qui pourraient bientôt se retrouver dans un livre.

Mots Clés :
Share This