Lors de l’audience générale, tenue, pour raison de coronavirus, dans la bibliothèque du Palais apostolique, le Pape confirme l’inquiétante collusion du Saint-Siège et des mouvements mondialistes qui soutiennent l’idéologie écologiste la plus radicale, allant jusqu’à évoquer (de façon à peine subliminale) une vengeance de la Terre. L’édito de Riccardo Cascioli.

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L’AG du 22 avril (© Vatican Media )

Nous avons failli à protéger la terre, notre maison-jardin, et à protéger nos frères. Nous avons péché contre la terre, contre notre prochain et, en définitive, contre le Créateur, le Père bon qui pourvoit pour chacun et veut que nous vivions ensemble en communion et dans la prospérité. Et comment la terre réagit-elle ? Il y a un dicton espagnol qui est très clair sur ce point et qui dit ceci : «Dieu pardonne toujours ; nous, les hommes, nous pardonnons, parfois oui, parfois non ; la terre ne pardonne jamais». La terre ne pardonne pas : si nous avons détérioré la terre, la réponse sera terrible.
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Pape François (fr.zenit.org/articles/catechese-vaincre-les-defis-mondiaux-ensemble-et-avec-les-plus-fragiles/)

Le Vatican se voue à l’écologisme anti-humain

Riccardo Cascioli
La NBQ
23 avril 2020
Ma traduction

Hier, grande implication des médias du Vatican et du Pape pour la célébration de la 50e Journée de la Terre, consacrée à l’encyclique Laudato Si’. Un événement qui marque la fusion définitive entre le Saint-Siège et les lobbies écologiques du monde entier, malgré le fait que les forces à l’origine de la Journée de la Terre soient les héritières des Sociétés Eugéniques.

Ce qui a été vécu hier au Vatican pourrait être archivé comme une nouvelle grande manifestation de la pensée écologique qui est la marque de ce pontificat. Ce qui serait déjà assez grave, mais ce qui s’est passé hier est bien plus, c’est la fusion définitive de la pensée et de l’action entre le Saint-Siège et les lobbies écologistes mondiaux.

Hier, on célébrait en effet la 50e Journée de la Terre, un anniversaire important, rond comme on dit, qui tombe à un moment très particulier, en raison de la fameuse pandémie en cours. Devant éviter les rassemblements, l’accent a été mis sur un marathon multimédia de 12 heures, avec le titre significatif de #OnepeopleOneplanet, auquel ont participé les médias du Vatican (Vatican News au premier rang) et TV2000 (la chaîne de la Conférence épiscopale italienne).

Et ce n’est pas tout: comme cela tombait un mercredi, le pape François a consacré son audience à la Journée de la Terre, interrompant pour l’occasion le cycle de catéchèses qu’il mène. Si c’est la définition inédite et contestable des « péchés contre la terre » qui a fait les titres, plus significatif encore est l’horizon religieux qu’il a proposé, se référant, sans le mentionner, à l’hypothèse Gaia (la déesse grecque de la terre): l’idée de la terre comme un organisme vivant qui réagit aux agressions, voire se venge.

Un des motifs de l’attention du Pape et des médias du Vatican est aussi le fait que la Journée de la Terre a été consacrée à l’encyclique Laudato Si’, dont on célèbre le cinquième anniversaire. Et c’est là que la question devient intéressante, car elle complète le processus d’intégration entre un certain catho-écologisme, promu par le Pape lui-même, et les mouvements qui soutiennent la Journée de la Terre.

Oui, car il est intéressant de savoir comment est né le Jour de la Terre et ce qu’il est réellement.

Vatican News le définit comme un mouvement né d’en bas qui, à la suite d’un accident pétrolier en mer, a décidé d’unir toutes les forces qui protestaient déjà contre la dégradation de l’environnement. C’est le 22 avril 1970 qu’aurait eu lieu la première grande manifestation pour la défense de l’environnement avec la participation de 20 millions d’Américains. Un mouvement spontané, né « d’en bas », comme le Pape voudrait ( il l’a dit hier) le poursuivre aujourd’hui au niveau mondial.

Dommage que les choses soient bien différentes. S’il est vrai qu’aux États-Unis plusieurs mouvements environnementalistes étaient déjà très actifs, réagissant surtout à la forte pollution atmosphérique des grandes villes américaines, leur convergence dans un moment politique de fort impact a été une opération « d’en haut », qui a eu surtout deux protagonistes : le sénateur du Wisconsin (démocrate) Gaylord Nelson [auquel Vanity Fair consacre aujourd’hui un papier] et le milliardaire Hugh Moore. Le premier était un écologiste convaincu, une sorte d’ancêtre d’Al Gore, l’autre avait toujours eu à cœur d’orienter la politique américaine vers le contrôle des naissances.

C’est Hugh Moore lui-même, déjà dans les années 1950, qui a inventé l’image de la « bombe démographique », qui est ensuite devenue universellement célèbre grâce au livre que le biologiste Paul Ehrlich a écrit en 1968 [La Bombe P]. Et c’est encore Hugh Moore qui a inventé le slogan qui donnera la perspective définitive à la Journée de la Terre: « La population pollue« . C’est ainsi qu’ont fusionné le mouvement écologiste et le mouvement pour le contrôle des naissances, tous deux héritiers des Sociétés Eugéniques nées aux Etats-Unis à la fin du XIXe siècle.


Depuis lors, les mouvements antinatalistes et écologistes – du Sierra Club au Worldwatch Institute, de Planned Parenthood à Zero Population Growth – ont parlé le même langage, et ces mouvements se sont évidemment développés grâce au financement généreux des grandes fondations américaines [Gates?].

Au cours de ces 50 années, les forces qui sont derrière la Journée de la Terre non seulement n’ont pas édulcoré leur identité, mais se sont énormément développées, occupant des postes clés dans de nombreux gouvernements – à commencer par les États-Unis – et ont pris le contrôle des agences des Nations unies, prenant ainsi une dimension mondiale.

Et ces dernières années, malheureusement, ils ont de fait occupé le Vatican, comme nous l’avons dénoncé à maintes reprises. Lorsqu’ils parlent de la défense de l’environnement, ces gens n’ont pas du tout à l’esprit le soin de la Création d’un point de vue chrétien; au contraire, ils ont l’idée que l’homme est le véritable ennemi de la terre et que sa présence doit donc être limitée: à la fois quantitativement (contrôle des naissances, surtout dans les pays pauvres) et qualitativement (frein à la croissance économique, jusqu’à la théorisation de ce qu’on appelle la « décroissance heureuse » [!!! ça mériterait un hashtag, en temps de pandémie, ndt]). Mais ce sont aussi les piliers des politiques environnementales mondiales développées depuis les années 1990 et qui constituent également le contexte culturel des accords internationaux sur le changement climatique.

Ainsi, si la première Journée de la Terre a marqué la fusion des différents courants eugéniques, la 50e Journée de la Terre, avec la célébration de l’encyclique Laudato Si’ et la participation enthousiaste du Vatican, marque une autre fusion historique : celle entre ce mouvement mondial et le Saint-Siège, seule force qui, au tournant des XXe et XXIe siècles, s’est opposée, au nom de la défense de la dignité humaine, à cet alignement de la pensée. En d’autres termes, nous assistons à la reddition de l’Église au pouvoir du monde.

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