Les médias du monde entier (NYT en tête, et ses épigones habituels, tous chassant en meute) se sont déchaînés contre le Président Trump, à la suite de propos qu’on lui prête mais qu’il n’a jamais prononcés, sur l’opportunité d’injecter des « désinfectants » pour traiter les patients atteints par le covid-19. Une opération (méprisable) purement politique venant de ceux qui mènent par ailleurs une chasse impitoyable aux fake news qui, selon eux, « pulluleraient sur les réseaux sociaux »


Le procès médiatique de Trump et Johnson, présumés sorciers…

Stefano Magni
26 avril 2020
La NBQ
Ma traduction

(SOPA IMAGES / LIGHTROCKET)

Donald Trump est attaqué par les médias du monde entier pour avoir conseillé aux Américains, comme remède contre le coronavirus, de… s’injecter du désinfectant? A-t-il vraiment dit quelque chose d’aussi énorme?

Au début du briefing, le Dr Bill Bryant, directeur du secteur Science et Technologie au ministère de la sécurité intérieure, a décrit les résultats d’une nouvelle recherche du gouvernement montrant que le coronavirus n’a pas survécu à une longue exposition au soleil, à des températures plus élevées et à des conditions plus humides. Il a ajouté que les désinfectants ont également été efficaces contre le virus. Commentant ce que Bryant venait de dire, Trump a ajouté quelques mots de son cru [ceux qui maîtrisent l’anglais parlé peuvent écouter ici: www.youtube.com/watch?v=33QdTOyXz3w], demandant au directeur s’il était possible de faire quelque chose comme cela au corps humain, comme utiliser de fortes doses de lumière ou injecter l’équivalent d’un désinfectant. « Il serait intéressant de le tester », a-t-il dit, en soulignant qu’il s’agissait d’hypothèses médicales et non de suggestions. A aucun moment durant le briefing, Trump n’a conseillé aux Américains de s’injecter ou de se faire injecter des désinfectants. Il ne leur a pas non plus conseillé de le faire à la maison. Mais la tempête parfaite s’était installée.

Les médias présents à la conférence de presse, suivis à leur tour par ceux qui n’étaient pas présents puis par ceux de l’étranger, ont immédiatement saisi l’opportunité pour accuser Trump d’être un président anti-scientifique. Pendant deux jours, ils ont fait la une des journaux en faisant croire que Trump avait vraiment conseillé aux gens de s’injecter des désinfectants. À tel point que des médecins, pas seulement aux États-Unis, et même des fabricants des désinfectants les plus populaires, sont intervenus pour publier des notes explicatives et des conseils. Reckitt Benckiser, propriétaire des marques de désinfectants Lysol, Dettol, Vanish et Cillit Bang, par exemple, a publié le même jour une note pour rappeler à tous ses clients que ses produits ne peuvent être pris « par injection, ingestion ou toute autre méthode ».

Comme si c’était nécessaire, la Maison Blanche a publié une déclaration indiquant que les médias avaient relancé les phrases de Trump complètement hors contexte, comme pour susciter intentionnellement un malentendu. Le lendemain, Trump est intervenu directement en conférence de presse [cf. youtu.be/1bX8kEHTbug]. Quand le journaliste de Reuters, James Mason, a demandé au président de clarifier s’il encourageait les américains à ingérer des désinfectants, il a répondu »Non, bien sûr que non » (…)

C’est déjà la deuxième fois depuis le début de l’urgence coronavirus en Amérique que les médias accusent Trump de suggérer des méthodes dangereuses. La première fois, le mois dernier, Trump a parlé de l’hydroxychloroquine comme d’un possible remède peu coûteux. A cette époque aussi, des critiques de médecins avaient été immédiatement publiées, largement amplifiées par les médias, car les médicaments à base d’hydroxychloroquine n’avaient pas encore été officiellement approuvés par l’agence américaine des médicaments. Et à la suite de l’avis contraire des médecins, des histoires de réactions incroyables, comme celle du couple américain qui avait mal fini (le mari mort, la femme à l’hôpital) pour avoir ingéré le nettoyant de leur aquarium, qui contenait de la chloroquine: Trump était évidemment, et même de façon pas vraiment subliminale, accusé d’être l’instigateur moral de ce suicide. Il faut dire que les médicaments à base d’hydroxychloroquine sont actuellement utilisés dans les hôpitaux aux États-Unis (bien que le débat sur son autorisation soit long) et sont actuellement prescrits par les médecins italiens, comme un remède possible contre le coronavirus. Il n’y avait donc rien de vraiment anti-scientifique dans ces déclarations. Mais l’important était de susciter un tollé.

Trump n’est pas le premier dirigeant politique à tomber sous le coup de cette accusation d’être anti-scientifique. En Europe, le même traitement avait été réservé à Boris Johnson qui, exposant son plan de lutte contre l’épidémie de Covid-19 (qu’il a lui-même contracté), avait prononcé une phrase réaliste: « Préparez-vous à perdre prématurément beaucoup de vos proches. Les dirigeants britanniques l’ont toujours dit, même avant une guerre, comme l’a fait Churchill lorsqu’il a prononcé son célèbre discours de présentation de son gouvernement aux Communes: ‘Je n’ai rien à offrir que du sang, du travail, des larmes et de la sueur’. Nous avons devant nous une épreuve des plus graves ». Si tout le monde a compris ce que Churchill disait (la guerre ne sera pas une promenade de santé), Johnson a été mal compris et on lui a attribué le désir de sacrifier délibérément les Anglais. Le premier ministre conservateur britannique a été accusé de vouloir obtenir l’immunité de groupe par des moyens naturels, c’est-à-dire en rendant malade (et en faisant preuve de patience pour les morts) 60 % et plus de la population. Dommage que Johnson n’ait jamais dit cela. L’immunité collective est l’une des théories développées par l’Imperial College, mais elle n’est jamais devenue une stratégie nationale. Johnson s’est opposé aux formes les plus dures de confinement, suivant des politiques initialement plus proches de celles des Pays-Bas et de la Suède (qui, étrangement, n’ont pas fait l’objet d’un chœur de critiques aussi unanimes), mais en sécurisant toujours les couches les plus faibles de la population, en premier lieu les personnes âgées et immunodéprimées.

Plutôt que de vouloir faire l’exégèse des discours des dirigeants conservateurs, il s’agit ici de comprendre pourquoi les médias les plus puissants du monde, tels que le New York Times, CNN, la BBC et, à notre petite échelle, également le Corriere et Repubblica [sans parler des français!!!], déforment les propos de Trump et Johnson de manière aussi grossière et répétée. C’est justement en période d’urgence sanitaire, alors que des commissions, des groupes de travail et des mesures ad hoc sont lancés pour supprimer les fausses nouvelles concernant le coronavirus, que les plus grands journaux et les plus influents, ceux qui devraient être les garants du professionnalisme du journalisme, se lancent dans des opérations purement politiques. Johnson est dans la ligne de mire parce qu’il est le leader qui a sorti le Royaume-Uni de l’UE, Trump, pour une infinité d’autres raisons, notamment celle d’être « anti-scientifique », une accusation qui s’est formée, il faut le rappeler, pour une toute autre question: son scepticisme sur la théorie du réchauffement climatique anthropique (alors que l’opinion scientifique correcte ne peut être exprimée que par Greta Thunberg, 16 ans).

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