Ou le deux poids deux mesures pratiqué (aussi !) en Espagne dans les mesures de confinement/déconfinement imposées par les autorités laï/ques/cistes, discriminatoires au détriment exclusif des catholiques, vu par le Père Guadalix alias l’ex-curé madrilène (*).

(*) Une petite précision (tardive!) qui s’impose, et qui rend d’autant plus précieux le travail de traduction de Carlota, avec ses indispensables notes explicatives : le Père Guadalix est extrêmement difficile à traduire  (d’ailleurs, l’intelligence artificielle y perd son latin – façon de parler !! – les logiciels de traduction automatique restituent littéralement de la bouillie) : c’est du langage parlé donc avec une ponctuation approximative, truffé de références littéraires et folkloriques, de néologismes, de termes de patois et d’idiomes… intraduisibles. Mais c’est aussi ce qui fait son charme, et il serait dommage de ne pas le savourer « dans son jus » d’autant plus qu’il représente la voix du peuple, tant laïc que religieux, le vrai, celui qu’on n’entend jamais, ici « le peuple de Dieu ».

Note préliminaire de Carlota

Le Pisuerga, dont il est question dans le billet, est une rivière espagnole qui naît au nord (Cordillère cantabrique) et rejoint le Duero (au sud). Ses crues peuvent être redoutables et notamment pour la ville de Valladolid qu’elle traverse et qui fut la capitale de rois de Castille. Il existe une expression espagnole qui pourrait se traduire par « quand le Pisuerga déborde, c’est Valladolid qui trinque« . Aussi dans le texte qui suit, l’on peut comprendre que le coronavirus a bon dos pour justifier certaines directives qui entravent la liberté religieuse en Espagne.


Le Pisuegra (sic) et Valladolid :Encore une preuve du laïcisme, et aucune réaction

Père Jorge González Guadalix
« De profesion, cura« 
10 mai 2020
www.infocatolica.com/blog/cura.php
Traduction et notes de Carlota

Ne manquez pas mon exemple de la fin. Très éclairant. Et maintenant voyons mon billet du jour.

L’affaire du Pisuegra (sic)  (ndt prononciation de la paroissienne du récit), comme le disait l’une de mes Rafaela (personnage de paroissienne récurrente des billets de l’auteur) d’un de mes villages (que l’auteur dessert comme curé rural), qui en plus de parler du Pisuegra, disait que l’on tire profit du fait que le Pisuegra passe par… ou par quelque endroit que ce soit !

En nous préparant à la phase 1 connue par nous tous comme phase 1 du dé-confinement. À Madrid (ndt province de Madrid) y compris dans mes petits villages de la “Sierra” où nous n’avons pas même eu un seul cas (de coronavirus), il nous en reste encore des jours avant le dé-confinement. Nous allons donc continuer à les vivre ces jours avec patience et résignation chrétienne, mais pas avec une joyeuse soumission.

Dans le Bulletin Officiel d’hier nous avons appris ce que l’on va exiger de nous en qui concerne les lieux de culte au cours de la phase prochaine que nous espérons atteindre quand les supposés experts le jugeront convenable, en fonction de leurs obscures conditions. Qui commande, commande et c’est à prendre ou à laisser.

Entre autres, à l’article 9, quelques questions ont retenu mon attention:

9.1.d: « On ne pourra pas utiliser les extérieurs des édifices ni la voie publique pour la célébration des actes du culte ». Bien. Attention au reste. Actes du culte: messes, processions, pèlerinages, bénédiction avec le Saint Sacrement. Ni sur la voie publique ni à l’extérieur des édifices. C’est-à-dire, que moi, votre serviteur, supposons en phase 1, je décide de bénir Braojos (ndt l’un des villages desservis par l’auteur), depuis le jardin de l’entrée du terrain de l’église, avec le Saint Sacrement dont je me suis chargé. Pas le droit. De même cela provoquerait un problème sanitaire très grave s’il y avait une procession avec la statue de la Sainte Vierge dans le village de la Serna del Monte (ndt autre village tout proche desservi par le P. JGG), en gardant les distances de sécurité.

Mais curieusement les terrasses des bars et des restaurants présentent moins de danger. Les tournages des films peuvent aussi être menés à bien dans les lieux publics. De même sont possibles les spectacles en plein air.

9.3.h: “On limitera au moindre temps possible la durée des rencontres ou célébrations”. Je ne sais pas comment on va le contrôler, peut-être que nous allons avoir dans les églises des commissaires, montre en main, qui à partir de telle minute vont sortir le carnet à souche des contraventions.

9.3.i: « Durant le déroulement des réunions ou des célébrations, on évitera: …

 4.ºL’activité des chorales”.

Par contre, dans d’autres cas, on permet :

36.1.a: « Quand il y aura différents artistes simultanément sur scène, la direction artistique fera en sorte que la distance sanitaire de sécurité soit maintenue au cours du spectacle ».

Cela aurait été facile d’écrire: « Les personnes qui font partie des chorales intervenant lors des cérémonies du culte devront garder la distance de sécurité… ».

Ce n’est pas une impression, c’est bien là ce que l’on découvre, et là j’insiste, le Bulletin Officiel en main, à savoir ce qu’on a permis aux autres, on le refuse à l’un, et pour le dire en riant, là on tire profit du Pisuegra du coranavirus, pour tomber sur Valladolid et la liberté religieuse.

Cela a déjà été difficile de digérer le fait qu’une personne puisse sortir pour le pain, le journal, faire les courses au supermarché, à la pharmacie, au dispensaire, acheter des cigarettes, mais ne puisse pas aller à la messe. Et maintenant en plus, dans les zones O (ndt zones pas encore au stade 1 du dé-confinement), l’on peut se promener, faire du sport, sortir avec les enfants… mais pas aller à la messe.

Et quand nous arriverons en phase 1? Eh bien on pourra même faire des spectacles en plein air et des artistes pourront monter à plusieurs sur scènes. Les terrasses seront ouvertes. Les commerces. Et les églises? Avec seulement un tiers de leur capacité d’accueil, et pas question de sortir dans la rue, voyons quelle idée. Ni même dans la cour de l’église pour la plus petite des cérémonies. Et en plus, bien rapides les petites cérémonies et interdites les chorales.

Nous allons obéir bien gentiment. Et si au dernier moment il y a peut-être un nouveau décret qui restreint encore plus la liberté religieuse, cela n’aura rien d’impossible. Et nous continuerons à dire amen…

En résumé pour que l’on me comprenne bien :

À Braojos, par exemple, une supposition, nous avons un festival de jotas (ndt danses traditionnelles) sur la place du village. Les artistes en scène qui gardent la distance de sécurité entre eux et les gens qui peuvent être sur la place avec leurs chaises ou debout, en prenant toutes leurs précautions, tandis que la terrasse du bar de la maison de la culture reste ouverte.

Imaginons qu’à la fin du festival, alors que les danseurs de jota quittent la scène, et que montent Monsieur le curé et deux personnes de plus, pour la célébration de la messe de la fête du jour. C’est interdit. Vrai? La même scène, les mêmes distances de sécurité, des chaises identiques… Et les jotas, oui, mais la messe, non. Tu me dis cela vraiment sérieusement ?

Tout à fait sérieusement. Et nous, on va se le supporter, on en a l’habitude.

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