Riccardo Cascioli revient sur la lettre, plus ignorée que contestée, de Mgr Vigano au Président des Etats-Unis (*), et le tweet en réponse de ce dernier. L’archevêque « lit » les événements actuels – crise-Covid, émeutes raciales – selon une clé eschatologique (et nullement complotiste): la lutte entre les enfants des ténèbres et les enfants de la lumière. La suite de cette année électorale aux USA, avec l’objectif d’empêcher par tous les moyens la réélection de Trump risque de connaître un crescendo douloureux dans ce sens.

(*) Traduite en français par Jeanne Smits: Une lettre de Mgr Carlo Maria Viganò à Donald Trump

(…) Nous devrons nous attendre à des mois encore plus difficiles avant les prochaines élections présidentielles américaines. L’ordre est clair: le président qui retire les fonds aux organisations pro-avortement, qui défend la liberté religieuse, qui s’oppose à la dictature des LGBT, qui conteste l’idéologie mondiale, qui s’oppose au Nouvel Ordre Mondial, ne doit pas être réélu. Par tous les moyens.

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R. Cascioli

Trump et Viganò : un dialogue qui lit l’actualité dans une clé biblique

Riccardo Cascioli
La NBQ
12 juin 2020
Ma traduction

Avec un tweet, le président américain Trump accueille avec enthousiasme la lettre de l’archevêque Carlo Maria Viganò, qui parle d’une bataille furieuse entre les enfants des ténèbres et les enfants de la lumière. Une lecture de la chronique actuelle qui va dans le sens des prophéties de saint Jean-Paul II et des jugements de Benoît XVI. Viganò note qu’à ce stade, le président Trump est la seule autorité internationale capable de tenir tête à un pouvoir mondial liberticide, qui a profité de la crise du Covid et fomente des révoltes aux États-Unis. Des temps encore plus difficiles se préparent.

« Je suis très honoré par l’incroyable lettre que m’a envoyée l’archevêque Viganò. J’espère que tout le monde, religieux ou non, la lira ».
Ainsi, l’autre soir, le président américain Donald Trump a tweeté en réponse à la lettre ouverte d’encouragement que lui a envoyée le 6 juin dernier Mgr Carlo Maria Viganò, ex-nonce apostolique aux États-Unis et désormais connu pour le célèbre Mémoire sur l’affaire McCarrick.

Il est évident que la nouvelle de cette attention réciproque entre le président américain et Mgr Viganò a fait la joie de ceux qui se démènent pour prouver l’existence d’un complot international – né de la droite américaine – contre le pape François. Et qui, paradoxalement, raillent comme complotistes ceux qui dénoncent l’existence d’un projet de Nouvel Ordre Mondial qui menace la liberté des personnes et des peuples.
Et en effet, le site internet du Corriere della Sera a immédiatement pris le train en marche pour relancer la théorie habituelle de la conspiration – ourdie par « un réseau en odeur de schisme ».

En réalité, l’échange même entre Viganò et Trump montre qu’il ne s’agit pas d’une obscure intrigue mais d’une lecture originale des événements de cette période, une lecture « biblique », comme la définit Mg Viganò. En effet, il utilise la catégorie du combat entre « les enfants de la lumière et les enfants des ténèbres », des camps qui « sont établis selon la séparation nette entre la postérité de la Femme et celle du serpent ». Et les enfants des ténèbres, même s’ils sont minoritaires, ont un pouvoir considérable entre leurs mains, étant donné qu' »ils occupent souvent des positions stratégiques dans l’État, dans la politique, dans l’économie et aussi dans les médias ».

Ténèbres contre lumière, une clé d’interprétation de l’histoire décrite très clairement dans l’Évangile de Jean, que Mgr Viganò utilise pour juger l’actualité de ces jours et, plus généralement, ce qui se passe dans le monde. L’ex-nonce aux États-Unis s’arrête sur deux faits : la gestion de l’urgence Covid et les émeutes qui ont éclaté aux États-Unis, qui font partie d’une « campagne féroce » contre Trump et sont une façon de justifier d’autres actions répressives possibles. Quant au Covid, Viganò dédigne du doigt la gestion de la crise:

« Nous découvrirons probablement qu’au sein de cette colossale opération d’ingénierie sociale se trouvent des personnes qui ont décidé du sort de l’humanité, s’arrogeant le droit d’agir contre la volonté des citoyens et celle de leurs représentants dans les gouvernements des nations ». De la même manière, les désordres qui, en parfaite synchronie, ont été fomentés aux États-Unis comme en Europe et derrière lesquels « se cachent à nouveau ceux qui, dans la dissolution de l’ordre social, espèrent construire un monde sans liberté ».

La lettre de Mgr Viganò fait écho au document – qu’il cite d’ailleurs – dont lui-même s’était fait promoteur le 8 mai dernier, un Appel à l’Eglise et au monde [cf. Un « appel pour la liberté » revigorant à l’initiative de Mgr Vigano. Avec une fausse note.] pour réagir à « l’Ennemi Invisible » qui profite de certaines crises – comme celle du coronavirus – pour mettre en œuvre son programme liberticide et une sorte de gouvernement mondial dominé par la pensée unique. Cet appel a été signé par des dizaines de prélats et d’universitaires : parmi eux, les signatures de l’ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Gerhard L. Müller, et de l’évêque kazakh Athanasius Schneider.

Dans sa lettre au président des États-Unis, Mgr Viganò voit comment cet ennemi invisible se concentre aujourd’hui sur l’objectif d’éliminer Trump, empêchant sa réélection de toutes les manières possibles (et on pourrait dire, en paraphrasant le regretté cardinal Carlo Caffarra, que seul un aveugle aujourd’hui ne verrait pas cette campagne féroce et mensongère contre le président américain). « Pour la première fois », écrit Viganò,

« les États-Unis ont en vous un président qui défend courageusement le droit à la vie, qui n’a pas honte de dénoncer les persécutions des chrétiens dans le monde, qui parle de Jésus-Christ et du droit des citoyens à la liberté de culte ».

Viganò constate avec réalisme qu’aujourd’hui le président Trump est la seule autorité au monde qui s’oppose de toutes ses forces à ce pouvoir négatif auquel, malheureusement, de nombreux pasteurs, qui renient « leurs engagements devant Dieu », sont eux aussi « asservis ». Et pour lui et la nation américaine, Viganò promet des prières « en cette heure dramatique et décisive pour toute l’humanité », espérant en même temps que « le bien se réveille du sommeil et n’accepte pas d’être trompé par une minorité de gens malhonnêtes aux fins inavouables ».

Il y a beaucoup d’ironie dans les tons et les arguments utilisés par Mgr Viganò et on peut dire beaucoup de choses sur le fait de savoir si c’est ou non le rôle d’un évêque de prendre des initiatives qui ont une saveur « politique ». Mais il est clair qu’il décrit dans le présent ce que saint Jean-Paul II avait prophétisé lorsqu’il a dit qu’au troisième millénaire, aurait lieu la bataille décisive entre Dieu et Satan autour de l’homme, car ne pouvant pas attaquer Dieu directement, Satan essaie de frapper le sommet de la Création, celui qui est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. La vie et la famille seraient donc les principaux objectifs de cette bataille.

C’est exactement ce qui se passe. Et la dimension spirituelle, eschatologique de ce choc a également été reprise par le pape Benoît XVI dans son dernier discours à la Curie romaine le 21 décembre 2012, lorsqu’il a rappelé que l’idéologie de genre représente la subversion de l’ordre établi dans la Création : « Dieu a créé l’homme, homme et femme il les créa ».

À la lumière des paroles de saint Jean-Paul II et de Benoît XVI, on peut également mieux comprendre la gravité de l’affaiblissement de la position de l’Église précisément sur les thèmes de la vie et de la famille.

Il n’y a donc pas de quoi ironiser, qu’on le veuille ou non, il y a une bataille furieuse en cours et sa vraie nature est spirituelle, eschatologique. Les paroles de Viganò donneront probablement à Trump une plus grande conscience de ce qui est en jeu – comme le suggère le tweet du président -, malheureusement à un moment où une partie importante de l’Église semble avoir perdu la capacité de lire la chronique et l’histoire à la lumière du jugement final et s’est au contraire aplatie sur la pensée unique.

C’est certainement pour cette raison que nous devrons nous attendre à des mois encore plus difficiles avant les prochaines élections présidentielles américaines. L’ordre est clair: le président qui retire les fonds aux organisations pro-avortement, qui défend la liberté religieuse, qui s’oppose à la dictature des LGBT, qui conteste l’idéologie mondiale, qui s’oppose au Nouvel Ordre Mondial, ne doit pas être réélu. Par tous les moyens.

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