De Marcello Veneziani: des villes américaines livrées à l’émeute (en France manifs « interdites mais tolérées » et police mise en accusation), l’explosion de la folie antiraciste avec des blancs qui s’agenouillent devant des noirs en un simulacre de liturgie préfigurant ou confirmant, la naissance d’une nouvelle religion; tout cela avec en toile de fond le mantra qui va faire fureur durant tout l’été: abattre Trump.

WASHINGTON, 8 juin: des parlementaires démocrates américains rendant hommage à George Floyd avec 8mn46 de silence (Getty Images)

Poings fermés et génuflexions

Marcello Veneziani
La Verità, 12 juin 2020
Ma traduction

Si les symboles et les rituels veulent dire quelque chose et racontent la réalité plus que les actes et les mots, ces poings fermés, ces villes mises à feu et à sang par les antifas, cette parodie de religion avec génuflexion et étole arc-en-ciel autour du cou et les minutes de pénitence à genoux, veulent dire qu’une nouvelle religion fanatique et un nouveau communisme sont en train d’émerger en Occident. Une religion qui va au-delà des intentions de ceux qui l’embrassent: pour beaucoup de ceux qui s’agenouillaient devant la caméra et simulaient un rituel religieux, il y avait un objectif plus bas: écraser sous un genou, l’Ennemi, la Bête, Donald Trump. Toute une mise en scène mondiale car les élections approchent. On déverse sur Trump l’assassinat brutal de quelqu’un qui n’y est pour rien, un meurtre comme tant d’autres commis par les policiers américains, sous des administrations démocrates et républicaines. Tout autant, il faut le dire, que ceux dont la police américaine est victime, à cause de la criminalité. Parce que l’Amérique reste une société violente, parfois sauvage, sous la croûte de progrès, technologie, gras et boîtes de conserve. S’agenouiller pour une seule victime, alors que chaque jour la criminalité de droit commun, les persécutions religieuses et les dictatures en tuent des milliers, n’est que de la mauvaise foi.

Mais une religion est en train de se former dans les sociétés occidentales autour du catéchisme politiquement correct. Cette religion est le support moral de quelque chose de colossal qui se passe de nos jours, au-dessus de nos têtes et sous nos yeux. Ce que l’on a appelé pendant des années « Pensée unique » est en train de devenir « Pouvoir unique« . Comme tout système totalitaire il se fonde sur un absolu: dans notre cas, c’est l’absolu de la santé, l’impératif de sauver notre peau à tout prix. Protégez-nous du mal, amen ; le mal, c’est la contagion. Mais la pandémie se présente sous deux formes: le covid et le « faisceau » (fascio, qui est l’origine du mot « fascisme »), c’est-à-dire le virus et l’insubordination prenant la forme de rassemblement, de protestation sociale, d’objection de conscience au vaccin, aux restrictions les plus absurdes, à la tentative de les rendre permanentes et à la prophylaxie la plus fanatique et la plus insensée. Les dogmes imposés par la science et les virologues sont utilisés par le pouvoir pour se développer et durer le plus longtemps possible.

Le modèle implicite est la source même du virus, dont la grave responsabilité se découvre chaque jour: la République totalitaire de Chine. Contagion et omertà, restrictions en conséquence et durables, populations militarisées, contrôle totalitaire et moléculaire, interdiction de manifester, répression de la dissidence, utilisation totalitaire de la science et de la technologie, domination commerciale mondiale; et en arrière-plan, le communisme comme horizon. Le modèle chinois devient le paradigme en Italie et dans certains secteurs progressistes occidentaux. Après des décennies de collusion entre le capitalisme et le progressisme radical, cette union émerge maintenant, à visage découvert: le pont entre le capitalisme et le communisme est l’utilisation impérative de la science et l’application totalitaire du contrôle. La fin, comme dans le communisme, est toujours le bien de l’humanité, le monde meilleur, l’homme nouveau, peut-être transhumain pour être plus nouveau.

J’ai parlé d’une dictature de la santé au début du mois de mars, alors qu’elle venait juste d’émerger. Aujourd’hui, après trois mois de pratique, les analyses et plaintes en ce sens sont nombreuses. Je voudrais mentionner deux philosophes différents, qui sont tous deux très éloignés de la pensée réactionnaire, catholique-traditionaliste ou même fasciste.

Je veux parler de Giorgio Agamben qui dénonce l’union inquiétante entre la religion médicale et le capitalisme, à la base d’un nouveau système totalitaire, enclin à suspendre la liberté et la démocratie; la religion chrétienne et en particulier l’Église de François succombe à leurs diktats sanitaires et considère la santé comme une priorité par rapport au salut.

De l’autre côté, un philosophe, Michel Onfray, qui théorisa l’athéisme et critiqua la religion, dénonce aujourd’hui, dans le sillage d’Orwell, l’avènement d’une dictature mondiale fondée sur sept commandements:

  1. détruire la liberté
  2. réduire tous les dissidents et les insoumis à des fascistes
  3. appauvrir le langage pour manipuler les esprits
  4. abolir la vérité par la « Doublepensée » [ndt: Doublethink, terme inventé par George Orwell dans son roman 1984, « indiquant une capacité à accepter simultanément deux points de vue opposés et ainsi mettre en veilleuse tout esprit critique »]
  5. supprimer l’histoire et la réécrire pour les besoins du présent
  6. nier la nature, à commencer par la nature humaine
  7. propager la haine et fonder l’Empire, progressiste et nihiliste

Pour Onfray, il ne reste plus qu’à s’adonner à l’athéisme social [ndt: cf. « Le miroir aux alouettes : principes d’athéisme social » , Michel Onfray , 2016) pour ne pas « s’agenouiller » devant les nouveaux dieux arc-en-ciel. Il utilise précisément le verbe s’agenouiller, ne connaissant pas l’usage mystico-électoral de ces jours, qui singe la religion (le diable, selon la Bible, est simia dei, singe de Dieu).

Tous deux, Agamben et Onfray, dénoncent la matrice théologique du nouveau totalitarisme, la tentative de remplacer Dieu par une nouvelle divinité. Les nouveaux fanatiques sont appelés antifas, contraction globale d’anti-fascistes ; et le fait que l’élément de haine – anti – précède le nom, en dit long. L’ennemi global est Trump, l’ennemi complémentaire est Poutine, l’ennemi idéologique est tout ce qu’on appelle souverainisme. Le plan prévoit trois substitutions

  1. la foi médico-progressiste au lieu de la foi en Dieu, sacré et transcendant
  2. la population mobile des migrants au lieu des peuples ou nations restants
  3. le posthumain selon la science et la volonté au lieu de l’homme selon la nature et la procréation.

Il n’y a pas de plan global prédéterminé et il n’y a pas de planificateurs ; certains y contribuent consciemment, beaucoup inconsciemment.

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