Dernier épisode (en date) de la bataille qui fait en ce moment rage autour de l’interprétation de Vatican II. Dans son dernier billet (traduit en français sur Diakonos), il s’en prend violemment à Mgr Vigano, qu’il accuse rien de moins que de schisme. Un mot très fort, qu’on hésite à employer pour des groupes qui font pourtant plus que flirter avec l’hérésie… Et il va jusqu’à « donner la parole à la défense » en la personne d’un avocat de prestige, Benoît XVI lui-même.

L’archevêque Vigano au bord du schisme
La leçon inécoutée de Benoît XVI

Opinion

Je sais ce que nous devons tous au grand vaticaniste italien, qui nous a offert et nous offre encore, avec Chiesa, puis Settimo Ciel une irremplaçable source d’information sur le Vatican (« la Rolls des blogs », dixit le P. Scalese), qui a toujours défendu Benoît XVI avec bec et ongles et l’a « raconté » mieux que personne, qui a ouvert ses pages à des débats de grande qualité, toujours enrichissants, en donnant la parole à des théologiens qu’on n’entend pas, ou pas assez, et qui a osé dire les réserves que lui inspire le cours actuel, faisant de lui l’une des cibles favorites des bergogliens.


Je ne vais donc pas ajouter ma voix au débat, m’immisçant dans une querelle théologique qui d’ailleurs me dépasse (je peux juste constater ce qu’est devenue l’Eglise), et j’admets bien volontiers que donner la parole à Benoît XVI, premier concerné, et à son mémorable discours à la Curie Romaine de Noël 2005 – où il avait sifflé la fin de la récréation et introduit le concept d’« herméneutique de la réforme, du renouvellement dans la continuité de l’unique sujet-Église »-, était une nécessité absolue (honte à ceux qui, comme moi, ont négligé de le faire, mais pour ma défense, j’ai traduit dans ces pages l’exposé du cardinal Brandmüller)


Je regrette juste qu’il ait laissé la querelle théologique se mêler à la querelle d’hommes: selon lui, Mgr Vigano aurait en quelque sorte mordu la main qui l’a nourri… celle de Benoît XVI, qui l’a nommé nonce apostolique à Washington; les cardinaux Zen et Müller sont accusés d’imprudence. Et manifestement, Magister n’a pas digéré la lettre de Mgr Vigano à Donald Trump.


Je regrette surtout qu’il ait entraîné Benoît XVI dans cette entreprise. Ce dernier ne s’est jamais dérobé au débat théologique, y compris avec ses pires ennemis (pensons à Küng) et il m’étonnerait beaucoup qu’il se soit offusqué des arguments, toujours respectueux, et même affectueux pour sa personne (j’insiste), mais sévère pour le Concile, de Mgr Vigano.

Ne pourrait-on pas laisser en paix l’homme de Dieu désormais au terme de sa vie terrestre, qui s’est épuisé pour l’Eglise, qui a été le premier à dénoncer les mauvais fruits de Vatican II, notamment avec le fameux « Rapport Ratzinger » co-écrit avec Vittorio Messori en 1985, qui l’a payé très cher « sur sa peau », et qui a pourtant tout fait pour éviter le schisme, comme préfet de la CDF puis comme Pape? Laissons donc l’Histoire juger paisiblement, avec le recul, dans quelques années – le plus tard possible -, et faisons simplement confiance au Bon Dieu qui sait mieux que nous ce qui convient à Son Eglise.

Je laisse le mot de la fin à mon amie Carlota:

Pourquoi faudrait il absolument faire taire Vigano, pendant que la majorité des évêques allemands s’en donnent à cœur joie en toute tranquillité et avec l’approbation ou tout au moins le silence bienveillant de l’actuel Pape? En tout cas le président de la conférence des évêques d’Allemagne, Mgr Batinzg dit que « le pape apprécie l’Assemblée synodale de l’Eglise en Allemagne ».

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