Second tour dimanche. Une manœuvre obscure, faisant entrer dans le jeu un inconnu prétendument catholique (mais qui depuis a jeté le masque et s’est rallié au candidat libéral Rafal Trzaskowski) dans le seul but de diviser les catholiques a empêché le président sortant Duda d’être élu au 1er tour. Ce qui jette une lumière inquiétante sur l’influence des médias dont au moins 75% sont entre les mains étrangères.

Andrzej Duda , largement en tête au premier tour
(Photo PETR DAVID JOSEK / AP )

Pologne, le grand défi des élections présidentielles

Wlodzimierz Redzioch
La NBQ
10 juillet 2020
Ma traduction

Le dimanche 12 juillet aura lieu en Pologne le deuxième tour des élections présidentielles. Les concurrents sont : le président sortant Andrzej Duda, soutenu par le parti « Droit et Justice » (Prawo i Sprawiedliwosc, PiS), et l’actuel maire de Varsovie Rafal Trzaskowski, de la « Coalition civique « (Koalicja Obywatelska, KO). L’enjeu est énorme : il s’agit de savoir si la Pologne restera le pays fidèle aux valeurs traditionnelles avec la famille en son centre, ou si elle deviendra un pays de plus avec une dictature politiquement correcte. Cet enjeu signifie que toutes les forces se sont unies contre le président sortant, y compris les lobbies internationaux, qui luttent contre la famille naturelle et la religion catholique, qui promeuvent l’avortement et l’idéologie du genre, qui veulent que le pays, succube de l’UE, soit dominé par l’Allemagne et la France et soumis au processus incontrôlé de la mondialisation avec la perte des racines nationales et spirituelles.

Duda, le président pro-famille

Au cours de son mandat, le président Duda a encouragé et soutenu les initiatives pro-famille de l’exécutif et à la veille des élections, le 10 juin, il a signé ladite Charte de la famille afin de lui garantir un soutien financier. À cette occasion, Duda s’est engagé à « protéger la famille », soulignant que le soutien à la famille et au mariage en tant qu’union entre une femme et un homme, et à la maternité, est garanti par la constitution. « La famille construit la société et sans société, il n’y a pas d’État », a dit Duda. Le président a souligné que la famille est enracinée dans la tradition polonaise et fait partie du « code culturel » polonais. Parlant de la politique de soutien financier aux familles, il a énuméré les programmes déjà en place : « 500Plus » (500 PLN, soit environ 110 euros par enfant, indépendamment des revenus des parents), « 300Plus » (300 PLN d’aide pour chaque enfant au début de l’année scolaire) et « MamaPlus » (c’est un programme destiné aux femmes qui ont 4 enfants ou plus et qui, pour cette raison, n’ont pas pu obtenir de retraite ; l’État s’engage à garantir à ces femmes une retraite minimale). Il a en outre rappelé son intention d’introduire un bon de vacances de 500 PLN par enfant. Il a également veillé à ce qu’une attention particulière soit accordée aux familles élevant des enfants handicapés. On parle peu à l’étranger du succès de la politique familiale du gouvernement polonais actuel, mais il faut souligner que le programme 500Plus en Pologne a réussi à éradiquer le terrible phénomène de la pauvreté des enfants qui touche les enfants de parents à faibles revenus partout dans le monde.

Mais le soutien aux familles n’est pas seulement financier : Duda s’est déclaré prêt à défendre l’institution familiale comme une union entre un homme et une femme, telle que la définit la Constitution polonaise, excluant ainsi la possibilité d’approuver d’autres formes de mariage (voir union homosexuelle). Cette vision de la famille différencie le président sortant du challenger Trzaskowski, promoteur de l’idéologie du genre également dans les écoles, protecteur des organisations LGBT+, qui, en tant que maire de Varsovie, a signé il y a plus d’un an une « Charte LGBT« .

Il est évident que cette position de Duda provoque la colère et les attaques des milieux LGBT, d’autant plus virulentes qu’il a déclaré que « la Constitution polonaise devrait contenir une disposition expressis verbis selon laquelle l’adoption d’un enfant par une personne ayant une relation homosexuelle devrait être interdite ». Duda a déjà signé un document approprié, ainsi que le projet d’amendement présidentiel de la constitution, qui sera présenté au Parlement.

Dans le cadre de l’initiative législative présidentielle, Duda a également présenté un projet d’amendements juridiques visant à accroître le rôle des parents dans le choix de ce qui doit être enseigné à leurs enfants à l’école. Si cette loi était adoptée, les parents décideraient qui et quoi enseigner à leurs enfants dans les activités facultatives concernant les sciences humaines, en particulier l’éducation à la vie familiale et sociale. Sans le consentement des parents, leurs enfants ne pourront pas participer à certains cours. En Pologne, les activités des organisations de gauche sont devenues de plus en plus problématiques et les parents n’avaient pas suffisamment de contrôle sur ce qui se passait en classe et sur le contenu de certaines activités.Par contre, la nouvelle loi devrait protéger efficacement les enfants, par exemple contre l’initiation sexuelle précoce et l’idéologie du genre.

L’étrange challenger « catholique »

Cette année, parmi les candidats aux élections présidentielles, figurait un « outsider », un homme sans parti derrière lui, Szymon Holownia. Il est journaliste, écrivain et présentateur de télévision, relativement jeune (né en 1976) et étranger au monde politique. Holownia se présentait comme un croyant, catholique mais avec des idées originales: il demandait une Pologne laïque, avec une distinction claire entre l’État et l’Église, au point de vouloir éliminer les croix des espaces publics. Il a ensuite promis de fermer la chapelle du palais présidentiel en supprimant la fonction d’aumônier présidentiel. Holownia, avec sa vision d’un catholicisme « démocratique » et « ouvert », que l’on connaît bien aussi en Italie, avec une grande place dans les médias libéraux et de nombreux sponsors intéressés, a attiré une partie de l’électorat catholique en obtenant un résultat significatif: 13,9% des voix, atteignant la troisième place. Le véritable objectif était de diviser les catholiques et le bloc de droite afin d’empêcher la réélection de Duda au premier tour. Objectif atteint, et après le premier tour, Holownia a fait tomber le masque en soutenant Trzaskowski au deuxième tour.

Le grand jeu des médias dans des mains étrangères

Après l’année du tournant, depuis 1989, un processus de privatisation massif a commencé en Pologne: les usines, les banques, les services, les biens immobiliers sont souvent passés dans les mains de l’ancienne nomenclature communiste mais d’abord dans des mains étrangères. Ce processus n’a pas épargné les médias qui appartenaient auparavant à l’État: ils ont été privatisés. Mais l’ampleur du phénomène est inimaginable: selon les dernières données disponibles, environ 75% des médias du pays appartiennent à des groupes étrangers, principalement allemands (deux tiers). Parmi les groupes allemands, au premier rang,, il y a le groupe Bauer de Hambourg; il y a le géant germano-suisse Ringier Axel Springer, qui publie le quotidien le plus populaire Fakt, l’hebdomadaire Newsweek Poland, le mensuel Forbes mais aussi le journal sportif le plus lu Przeglad Sportowy. D’autre part, la presse régionale est dominée par le groupe d’édition Polska Press, qui appartient à un autre géant allemand, le Verlagsgruppe Pasau. Comme on peut le déduire de tout cela, ce sont principalement les Allemands qui contrôlent les médias en Pologne: journaux locaux, journaux et médias électroniques. Et c’est de ces médias que sont parties les attaques contre le président Duda.

Peut-on parler de véritable démocratie quand le « cinquième pouvoir » est entre des mains étrangères? La question est d’autant plus pertinente que les intérêts économiques, politiques et idéologiques allemands ne coïncident pas toujours avec les intérêts nationaux polonais.

Share This