La grande basilique chrétienne, joyau de l’art byzantin, une première fois convertie par la force en mosquée après la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453, puis transformée en musée en 1934, va redevenir une mosquée sur décision du premier ministre turc. Commentaire sur La Bussola de Mgr Nicola Bux (qu’on peut qualifier de « proche de Benoît XVI ») qui s’étonne de la réaction « timorée » du successeur de Pierre.

« Je pense à Sainte-Sophie…et je suis meurtri », a déclaré le pape François lors de l’Angélus le 12 juillet 2020, depuis la fenêtre du Palais apostolique. Le pontife argentin a ainsi réagi à la décision du président turc Recep Erdogan de transformer l’ancienne basilique Sainte-Sophie en mosquée.

*

Aleteia, 12/7/2020

Sainte-Sophie met en évidence l’échec d’Abou Dhabi

Don Nicola Bux
La NBQ
13 juillet
Ma traduction

L’allusion timorée du pape Bergoglio à Sainte-Sophie hier, à la fin de l’Angélus, fait ressortir l’embarras et la déception d’avoir misé sur la Déclaration d’Abou Dhabi pour une convergence panislamique.

La peur du pape Bergoglio de mentionner le cas Sainte-Sophie hier, à la fin de l’Angélus, révèle l’embarras et la déception d’avoir misé sur la Déclaration d’Abou Dhabi pour une convergence panislamique. Il doit en être de même près de la Tour de Galata, à Istanbul, où des œcuménistes latins, venus d’Occident, toujours prodigues d’idées nouvelles, offrent depuis quelques années l’iftar, le repas du soir du mois de Ramadan, au lieu de faire connaître le nom de Jésus-Christ aux nombreux Turcs qui cherchent la vérité et souhaitent être chrétiens. A tel point que les Dominicains et les Franciscains en mission là-bas ont maintenant mis de côté leurs saints fondateurs, qui aspiraient à l’évangélisation et au martyre, et cherchent des convergences parallèles sur le soi-disant « Dieu unique », qui pour les musulmans est au contraire assimilé à l’idée de force, de protection et de sécurité: j’insiste, à une idée, pas à une personne.

Ajoutons qu’en Islam, la religion et la politique sont inséparables : grand oubli de la Déclaration signée par le Pape et l’Imam d’al-Hazar. Sans parler de la concurrence entre ceux-ci et l’aspirant sultan Erdogan. Nous pourrions continuer avec la sépulture de l’optimisme romantique du compte-rendu de la CEI fin février à Bari: « Méditerranée, frontière de paix », si le coronavirus ne s’était pas chargé de faire tomber le rideau sur elle. En somme, une Église envoyée dans le monde par Jésus-Christ pour évangéliser et baptiser toutes les nations, réduite à une émulation de l’ONU.

Certains ont même fait allusion à Sainte-Sophie, patrimoine mondial de l’UNESCO, au lieu de la grande basilique d’où la Beauté et la Sagesse divines rayonnaient vers l’Orient slave. Comme si cela pouvait servir à inciter les Turcs à des conseils plus doux. Si le 24 juillet, la oumma islamique se réunit à Sainte-Sophie, peut-être dans le silence assourdissant de ceux qui, en Europe, encouragent l’ouverture des mosquées, on rappellera par contraste la lectio donnée par Benoît XVI à l’université de Ratisbonne le 12 septembre 2006, dans laquelle il affirmait que la violence est contraire à la raison! L’absence de raison constitue l’une des pires pathologies de la religion ; au lieu de proposer et de diffuser la foi avec la raison, on croit encore aujourd’hui l’imposer par la force.

Ce n’est que lorsque les Églises d’Orient et d’Occident reprendront leur respiration à deux poumons, comme l’a dit Jean-Paul II, c’est-à-dire qu’elles évangéliseront ensemble – ce qui est la tâche qui leur incombe – comme l’ont fait les saints Cyrille et Méthode, que le dialogue entre chrétiens de différentes confessions et entre hommes et femmes de différentes religions, qui aspirent à la recherche de la vérité, reposera sur des bases réalistes. Jésus-Christ n’a-t-il pas fait cela avec ses contemporains, les appelant à la conversion? Nous ne sommes pas plus intelligents que Lui.

Share This