Dans le grand débat actuel sur le Concile (qui peut sembler tourner, malheureusement, au grand déballage, voire à la foire d’empoigne, on imagine qui tire profit d’une telle division parmi les catholiques d’empreinte conservatrice qui présentaient jusqu’ici un front relativement cohérent), AM Valli insère la contribution abordable au catholique lambda, concise, et animée d’un vrai désir d’apaisement, d’un prêtre bolognais d’âge vénérable et théologien respecté, don Morselli.

La perspective qui verrait purement et simplement dans le Concile Vatican II la cause de tous les maux est une simplification historiquement erronée.

(Ma traduction, les soulignements sont de moi)

Les récentes déclarations sur Vatican II de la part de quelques pasteurs, que par ailleurs je considère comme des maîtres, et dont j’ai jusqu’à présent tout partagé de l’enseignement, ne me trouvent pas tout à fait d’accord. Je voudrais, avec beaucoup de respect pour eux, intervenir dans le débat et clarifier certains concepts que je considère essentiels. Je tiens également à préciser que je n’ai pas l’intention d’attribuer directement à qui que ce soit en particulier les erreurs que je dénonce ci-dessous, mais je voudrais simplement souligner les dangers qui pourraient être encourus, dans la légitime sainte opposition commune à la crise néo-moderniste.

Thèses sur le Concile

1) La crise actuelle est d’une ampleur sans précédent et est fondamentalement néo-moderniste, et beaucoup plus grave qualitativement que la crise moderniste du début du 20e siècle.

2) Entre le Concile et la crise actuelle, il n’y a pas de simple relation de cause à effet.

2.1) La préparation de la crise a commencé bien avant 1960.

2.2) Sans un terrain approprié (une ample corruption des mœurs avec une obscurcissement consécutif de l’intellect, même chez les pasteurs et les théologiens) le néo-modernisme n’aurait pas pris racine. [Une sorte de parabole du semeur inversée: la graine de l’erreur ne germe que sur un mauvais sol].

2.3) Le présent pontificat a été théorisé et préparé bien avant le travail de la soi-disant « Mafia de Saint-Gall ».

3) Il convient de distinguer les documents du Concile de ce qui s’est passé par la suite.

3.1) Le fait que de nombreuses déviations de la vérité aient été accomplies au nom du Concile n’implique pas que la relation de causalité directe, par ailleurs invoquée par ceux qui ont perpétré les malheureuses innovations susmentionnées, soit vraie.

3.2) Il n’est pas catholique de nier l’assistance de l’Esprit Saint, même lors du dernier Concile, comme s’il n’y avait eu rien de bon en lui.

4) Les textes conciliaires eux-mêmes contiennent des phrases formulées de façon ambiguë, lesquelles fournissent aux néo-modernistes une prise pour les interpréter de la pire façon.

5) Presque toutes les problématiques des textes conciliaires ont été résolues – malheureusement seulement en théorie – par des documents ultérieurs: en particulier le Catéchisme de l’Eglise catholique, Veritatis splendor, Dominus Jesus, Fides et ratio, Ecclesia de Eucharistia, Redemptoris missio, réponse de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi sur le « subsistit« .

6) Plus que de simples phrases mal formulées, les problèmes sont nés du choix de s’exprimer de manière non définitoire, un procédé regrettable alors que la situation de crise aurait nécessité la clarté la plus explicite et la plus ferme.

7) Il ne faut pas non plus oublier l’omission tragique de la condamnation explicite et formelle du communisme.

8) Le fait que le Concile ait été qualifié de « pastoral » n’implique pas que l’on ne doive pas donner son assentiment aux affirmations individuelles, de qualité très variée, chacune interprétée et acceptée à des degrés divers, selon les règles objectives de l’herméneutique du Magistère.

9) L’opposition à une partie des textes conciliaires ne peut se faire que dans le sillage de la théologie catholique propre au traité De fide :

9.1) La foi comprend le « credere Deo », c’est-à-dire qu’elle a pour objet une vérité proposée et acceptée, et non choisie.

9.2) Le Magistère reste la norme la plus proche de la foi, et y adhérer le « primum », dans l’ordre d’exécution, de l’acte de foi.

9.3) A l’instar de l’Ecriture Sainte, le Magistère n’est pas soumis à une « interprétation privée », mais seul le Magistère peut s’auto-interpréter de manière authentique et autorisée.

9.4) Il s’ensuit qu’aux erreurs que peut contenir un document individuel, on peut s’opposer selon la modalité des dubia, c’est-à-dire en disant, our donner un exemple: « Madame l’institutrice, je ne comprends pas en quoi il n’y a pas de contradiction entre ce qu’il a été proposé de croire jusqu’à présent et cette dernière affirmation ».

Conclusions

La perspective qui verrait purement et simplement dans le Concile Vatican II la cause de tous les maux est une simplification historiquement erronée.

La perspective qui suggérerait comme issue « remettons à zéro les soixante dernières années et repartons de Pie XII » n’est pas catholique et est une pieuse illusion.

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