Le « darkweb« , dont on a très fugitivement parlé ces jours-ci en France à l’occasion de l’arrestation d’un pédocriminel sévissant à Bordeaux (« Monsieur tout le monde », nous suggèrent les médias: ah bon?), livre quelques-uns de ses terrifiants secrets – bien gardés – dans cet article de Benedetta Frigerio sur la Bussola.

En tapant ces jours-ci dans le moteur de recherche « arrestation pédophile français », voici un échantillon de ce qu’on pouvait lire:

« Un homme, soupçonné par la police d’avoir administré des sites sur le Darknet, a été arrêté le 7 juillet dans la région de Bordeaux. Ce pédophile présumé a immédiatement reconnu les faits et a accepté de collaborer avec la justice. Il ressemblait à monsieur tout le monde, un père de famille sans histoire.


En lisant la suite de l’article, on reste sur sa faim (et l’on a pas vraiment envie d’aller plus loin, tellement le sujet est vomitif): les journalistes, soucieux de ne pas déranger leurs employeurs en empruntant des sentiers interdits, sont d’une pudeur de violette, se contentant en général d’évoquer la diffusion de « matériel pédopornographique »…
C’est évidemment beaucoup plus facile, et surtout moins risqué, de parler des prêtres pédophiles.

Benedetta Frigerio a lu dans les pages intérieures des deux principaux quotidiens italiens, relégués à la rubrique des chiens écrasés, des « faits divers » dont dire qu’ils vous glacent le sang est à des années-lumière de la réalité et auprès desquels le film de Joël Schumacher « 8 mm » (1999: karchérisé par la critique [de gauche!] unanime) est presque une aimable bluette.

Arrestations pour pédophilie et rituels diaboliques, mais personne ne va au fond

Benedetta Frigerio
La NBQ
17 juillet 2020
Ma traduction

Torture de très jeunes enfants, prélèvement d’organes, amputation de membres, huile bouillante versée sur les petits corps des enfants violentés puis tués par leurs prédateurs. Le tout avec la collaboration de citoyens italiens qui ont interagi avec les tortionnaires témoins d’actes que seule la fureur luciférine peut susciter. Ce sont les résultats de deux enquêtes de police. Et pourtant, les journaux ont tendance à reléguer le fait aux informations internes, sans se poser de questions élémentaires, mais peut-être trop gênantes.

Tortures de très jeunes enfants, prélévement d’organes, membres amputés, huile bouillante versée sur les petits corps des enfants violentés puis tués par leurs prédateurs. Le tout avec la collaboration de citoyens italiens qui ont interagi avec les tortionnaires témoins d’actes que seule la fureur luciférine peut susciter. Ce sont les résultats de deux enquêtes, l’une piémontaise et l’autre toscane, qui ont émergé ces deux dernières semaines et qui relatent des rituels tout à fait similaires à ceux décrits par ceux qui, ayant fui ou échappé aux sectes, ont vu des enfants sacrifiés sur les autels du diable.

L’enquête piémontaise, menée par le Centro Nazionale di Contrasto alla Pedopornografia Online et le Compartimento Polizia Postale e delle Comunicazioni de Turin, a conduit à 50 arrestations pour détention de matériel pédopornographique, mais pas seulement. Comme le rapporte le site du Corriere della Sera dans un article paru en bas de la page d’accueil, il est question de « contenu macabre d’abus d’enfants, dépeignant des pratiques sadiques réelles où les victimes étaient même des enfants en bas âge ». La Repubblica, sans parler des contenus du délit défini uniquement comme [détention de] matériel pédopornographique, se limite en revanche à en parler dans quelques lignes du journal local de Turin, en expliquant que « les suspects ont entre 19 et 50 ans, sont des employés, professions libérales, chômeurs, étudiants. Certains d’entre eux ont des familles et des enfants, tous mènent une vie normale lorsqu’ils ne se cachent pas derrière l’écran de leur ordinateur ». Normal? Des gens qui torturent et violentent des enfants peuvent-ils avoir une vie normale? Toutes questions auxquelles on ne tente même pas de répondre.

Après la publication de la nouvelle, qui aurait dû faire la une de tous les quotidiens et l’ouverture de tous les journaux télévisés nationaux, aucune enquête approfondie n’a suivi. En fait, on ne sait pas qui étaient les personnes arrêtées, à qui elles étaient liées, comment elles se sont rencontrées et pourquoi, en plus de la dépravation sexuelle la plus terrible, des phénomènes sadiques étaient associés à des actes pervers.

C’est la deuxième enquête ayant vu le jour cette semaine, menée par les Carabiniers de la cellule d’enquête de la Direction provinciale de Sienne, avec la coordination du Parquet pour les mineurs de Florence, qui explique ce que l’on entend par « phénomènes sadiques » liés à l’abus des mineurs. L’opération « Delirio » concerne 25 personnes, dont certains mineurs adolescents vivant dans 13 provinces italiennes. Dans ce cas aussi, l’accusation est limitée au crime de diffusion et de détention de matériel pédopornographique et d’incitation à la délinquance. Pourtant, les inspecteurs ont parlé d' »images de violence brutale, y compris dans des situations ‘live‘, où les utilisateurs qui parvenaient à accéder à ces environnements cachés » étaient « autorisés à interagir dans la conduite de violences sexuelles et de tortures sur des mineurs, effectuées en direct par des adultes ».

Antonio Sangermano, procureur du tribunal pour mineurs de Florence, a ajouté que le « deep web » est « caractérisé par différents niveaux d’accessibilité dont le dernier » est « caractérisé par la pornographie enfantine et la torture, non seulement alimentées par des vidéos réalisées on ne sait où, mais aussi menées ‘live‘ avec la participation simultanée d’utilisateurs payants ». Plusieurs journaux ont décrit l’existence d’une « liste de tarifs » pour regarder les vidéos enregistrées, avec des coûts très élevés pour regarder en direct les émissions qui se terminent avec la mort de l’enfant. On parle d’amputations de membres, de démembrements, de meurtres, d’extractions d’organes « sur de très jeunes enfants (même de 2 ans, ndlr) ». Suivent des vidéos associées au symbolisme païen.

Et ainsi, le phénomène diabolique, mais souvent censuré comme « fake news » ou « complotisme », bien que dénoncé par plusieurs victimes et autorités comme don Fortunato Di Noto [prêtre italien célèbre pour sa lutte contre la pédophilie et la protection de l’enfance, à travers l’Association Meter qu’il a fondée], montre aujourd’hui sa réalité même si l’on tend à ne pas l’approfondir.

En effet, la question se pose de savoir comment des mineurs ont pu accéder à un « deep web » impossible à atteindre sans connaître les procédures détaillées et les clés d’accès précises, et l’on se demande où ils ont trouvé l’argent pour se payer un accès coûteux à la torture, aux abus et au meurtre en direct. Mais dans ce cas non plus, ni la presse ni la politique ne semblent vouloir réagir.

Ainsi, alors que l’information traite à profusion de meurtres de toutes sortes, avec une préférence pour les hommes qui tuent des femmes, suggérant que l’origine du mal est dans la nature masculine, la violence (bien pire et plus abominable) de la pédophilie et de la torture satanique des enfants et des nourrissons est silencieuse. Certes, la nouvelle fait tomber le château trompeur derrière lequel la culture dominante cache la véritable origine du mal, afin de ne pas permettre de reconnaître ses véritables racines.

Ce qui est certain, c’est que si les médias et le monde politique n’agissent pas en bloc contre ce qui se passe, on peut penser que pour garder le pouvoir et rester en équilibre, certains sont prêts à tout. Même à ce qui est humainement inacceptable, tout en feignant hypocritement s’engager dans la lutte contre le racisme.

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