Nos médias, bien obligés de parler de l’incendie (*) ont refait le coup de Notre-Dame: de christianophobie, pas question, c’est juste un fantasme d’extrême-droite, la cathédrale appartient à TOUS les Nantais, sans distinction de religion ou de conviction. Évitant soigneusement de mentionner que c’est avant tout un crève-cœur POUR LES CATHOLIQUES et que surtout, une cathédrale, c’est un endroit où l’on prie, un hymne à la gloire de Dieu et un symbole de la verticalité de la relation de l’homme à Dieu.

(*) Sur l’origine duquel je préfère ne pas m’étendre, me contentant de relever qu’ON nous a sommés de « ne pas tirer de conclusions hâtives »…


La cathédrale de Nantes en feu, attaque au cœur de l’Eglise

Antonio Tarallo
La NBQ
19 juillet 2020
Ma traduction

Comme Notre Dame à Paris il y a deux ans. Mais la liste des églises historiques incendiées ou vandalisées en France s’allonge de plus en plus. Brûler une cathédrale est une attaque claire contre le christianisme et ses symboles, avec un fort impact psychologique. Et c’est aussi une tentative de raser au sol le principe idéal même du christianisme, regarder vers le Ciel.

La cathédrale de Nantes, en flammes. C’est la énième église, et peut-être – malheureusement – pas la dernière, étant donné les statistiques tragiques qui touchent les lieux de culte catholiques depuis un certain temps, surtout en France. L’incendie qui a frappé la cathédrale gothique historique de Nantes a été circonscrit, mais les dégâts ont profondément dévasté le grand orgue qui semble complètement détruit.

Le « dossier en images » du site E&R

Il y a deux ans, Notre-Dame, autre cathédrale symbole de la France catholique, a vécu ce que Nantes vit actuellement. Notre-Dame avec tout son passé – d’Hugo à aujourd’hui – attend de se relever des décombres. Dans notre imaginaire sont bien présentes les images de ce qui a brûlé il y a deux ans : des flammes qui se sont élevées vers le ciel, à la place de clochers, de flèches, de voûtes. Des flammes qui étaient – dans ce cas aussi – intentionnelles.

L’attaque de Nantes vise un autre symbole du christianisme. En 2015, toujours dans la ville de la Loire, un autre incendie avait détruit les trois quarts de la basilique de Saint-Donatien-et-Saint-Rogatien. L’origine? Toujours un incendie criminel.

Il est impossible d’oublier dans cette triste chronique – d’églises brûlées, vandalisées, en ruines, souillées – l’année tragique 2019: statues et crucifix détruits, églises incendiées, hosties renversées, tabernacles profanés. Des actes qui se sont produits à des moments vraiment trop rapprochés.
C’est le 4 février 2019 qu’à Houilles (au nord de Paris), l’église paroissiale Saint-Nicolas est pillée trois fois en dix jours. De plus, la statue de la Vierge a été détruite et l’autel renversé. Le lendemain, le 5 février de la même année, l’église Saint Alain de Lavaur, près de Toulouse, est incendiée: le tabernacle est détruit. La même église avait subi – quelques jours auparavant – une horrible profanation du crucifix. Mais la liste ne s’arrête pas là. Le 6 février 2019, à Nîmes, une église a été vandalisée et les hosties consacrées ont été dispersées sur le sol. À cette occasion, les vandales ont tracé des croix avec des excréments humains. L’incendie de l’église Saint-Sulpice à Paris, le 17 mars 2019, a également bouleversé. Le portail de l’antique église brûlé: encore un incendie criminel.

Les cathédrales, ces trésors inestimables non seulement du christianisme, mais de toute l’histoire de l’humanité, de l’histoire de l’art. La célèbre série de trente et un tableaux de Monet – intitulée « Les Cathédrales de Rouen » – pourrait peut-être exprimer combien l’importance de ce type de bâtiment est profondément ancrée dans notre imaginaire historique et humain. Un bâtiment qui n’est pas seulement de l’architecture, mais qui est un « quelque chose », une « res » (dirait-on en latin) plus profonde. Un ensemble de sentiments, confondus avec des parfums (l’encens des cérémonies, l’odeur des bougies signes d’espoir) vit dans le mot « cathédrale »; dans ce lieu chargé d’histoire vivent les prières récitées devant quelque statue de style simple, toujours accueillante. C’est précisément dans les cathédrales que sont nées d’importantes conversions : pour n’en citer que quelques-unes proches de notre siècle, celle du philosophe français Jacques Maritain, du futur poète Paul Claudel, du célèbre journaliste André Frossard.

L’importance de la « cathédrale », au fond, est contenue dans tous ces noms qui la décrivent, qui la définissent. « Ecclesia mater« , elle est aussi appelée « mère », ce terme qui nous ramène à Marie, mère au Cénacle. Par institution ecclésiastique, « mère » parce que la plus grande – la principale – église du diocèse. Un autre titre pour indiquer la « cathédrale », « Domus Dei » : « Eglise du Seigneur ».

L’attaque de la cathédrale de Nantes est une attaque contre « l’Église du Seigneur », contre un cœur qui saigne déjà depuis trop longtemps, pas seulement en France, mais dans les régions du monde où le christianisme est interdit : il suffit de mentionner la Corée du Nord ou – par exemple – le Soudan, le Yémen. La liste pourrait se poursuivre avec une cinquantaine de pays.

Brûler une cathédrale est une image forte, une guerre déclarée contre le christianisme et ses symboles. Cela pour deux raisons : la première, de caractère « psychologique », pourrait-on dire, pour l’aspect très « scénographique »: regarder les merveilleux vitraux, les flèches en feu est un « tableau » à fort impact psychologique ; la seconde, de caractère « historiquement » chrétien : La cathédrale, de par sa grandeur, exprime bien le concept d’un monde qui veut s’élever vers le haut, vers Dieu, et essayer de briser cette vision, c’est essayer de raser au sol le principe idéal même du christianisme, précisément regarder vers le ciel.

De plus, en cherchant à comprendre pourquoi ces imposants bâtiments sont nés, il faut se rappeler que pendant environ trois siècles (à partir du XIe siècle), il y a eu en Europe une extraordinaire ferveur artistique, née grâce au christianisme. C’est précisément à cette époque que naissent les églises dites « romanes », caractérisées par le développement des nefs (de plus en plus spacieuses) pour accueillir un plus grand nombre de fidèles. Des églises très solides, avec des murs épais, des voûtes en pierre et des lignes essentielles, une métaphore de l’Église elle-même.

Et puis, il ne faut pas oublier un élément d’une importance non négligeable: l’introduction d’imposantes sculptures en marbre. Les sculpteurs, laissant de côté – parfois – la perfection technique, se soucient avant tout de la finalité pédagogique: susciter dans les âmes des impressions fortes, des sentiments qui peuvent les inciter à pratiquer la vertu. Ce n’est pas un hasard, le thème récurrent était la représentation du Christ comme juge universel. Et ce sont généralement les portails qui offrent cette représentation, pour souligner que le Christ est la « Porte qui mène au Ciel ».

Et nous avons bien compris comment – comme par hasard – ce sont précisément les portes des cathédrales qui ont été l’objet de vandalisme : une métaphore claire, évidente et brutale de l’opération de minage de la porte du Ciel, de l’Homme qui veut s’élever vers Dieu. Il semble presque que le mot d’ordre, ces derniers temps (en Europe surtout), soit : démolir tout ce qui peut élever, qui peut construire l’Homme à la recherche de Dieu.

La Cathédrale de Nantes – la dernière à avoir été outragée par les flammes – est célèbre dans le monde entier pour son style gothique. Construit en plus de 450 ans, de 1434 à 1891. Il y a eu des gens qui ont travaillé pour le construire. Il y a eu des gens qui priaient dans cette église. Et, une fois de plus, tout cela veut être balayé par le vent, un vent fait de flammes, de barbarie et de vandalisme. Mais même cette fois, le verbe « se lever » ne sera certainement pas négligé. Les tuyaux de l’orgue de Saint-Pierre-et-Saint-Paul résonneront à nouveau. Et c’est alors que nous pourrons nous souvenir de ce poème de Maria Luisa Spaziani qui commence à peu près comme ceci :

« J’entre dans cet amour comme dans une cathédrale (…)
Je suis aspirée par un écho de la mer,
et des grandes voûtes descend un chœur antique qui se fond avec ma voix ».

Le chœur antique, ce n’est certainement pas un incendie qui l’arrêtera.


L’incendie de la cathédrale de Nantes.

La haine contre les chrétiens se répand, mais personne ne la reconnaît et personne ne les défend. Au contraire

Antonio Socci
19 juillet 2020
Ma traduction

Des siècles de foi, d’histoire et d’art réduits en cendres: de même que sont réduites en cendres notre âme, notre identité. Cette fois, l’incendie a frappé la cathédrale gothique de Nantes. Après l’incendie qui a ravagé Notre-Dame de Paris en avril 2019, c’est un autre coup très dur porté à la chrétienté française millénaire. Et si pour Notre Dame l’attentat a été exclu (mais on attend d’autres explications convaincantes), dans le cas de Nantes, la piste de l’incendie criminel est en cours d’investigation. Avant cela, il y avait déjà eu l’incendie de la célèbre église Saint-Sulpice, également à Paris et de nombreuses autres églises catholiques.

Selon les données officielles du ministère de l’intérieur, en 2018, il y a eu 1 063 « faits anti-chrétiens » et en 2017, 1 038. Il s’agit d’églises brûlées, vandalisées, pillées ou profanées en France. Un chiffre énorme! Mais personne ne parle de la christianophobie et personne ne fait de lois pour protéger les chrétiens.

Pourtant, l’attaque contre l’Église et la volonté de détruire toute trace de christianisme sont évidentes. Il est clair que le catholicisme est aujourd’hui la cible d’une haine violente qui conduit à la profanation, au pillage, à la destruction de statues, à la dévastation de tabernacles, à la dispersion d’hosties et d’écrits tracés avec des excréments.

Il y a même un terrorisme qui est allé jusqu’à égorger un prêtre sur l’autel: c’est ce qui est arrivé au pauvre père Jacques Hamel, à Saint-Étienne-du-Rouvray, le 26 juillet 2016.

« A la fin de la messe », rappelle Vatican News, « le père Hamel, 85 ans, a été massacré par deux extrémistes qui avaient prêté serment d’allégeance à l’Etat islamique. Avant d’être tué, le prêtre a été forcé de s’agenouiller. Ses derniers mots ont été : « Va-t’en, Satan! », « Eloigne-toi de moi, Satan! ».

Le pape Bergoglio, dans une messe de suffrage, a justement voulu rappeler ses dernières paroles et a ajouté : « Le père Jacques Hamel a été égorgé sur la croix, au moment où il célébrait le sacrifice de la croix du Christ. Un homme bon, doux et fraternel, qui a toujours essayé de faire la paix, il a été assassiné comme s’il était un criminel. C’est le fil conducteur satanique de la persécution ».

En fait, c’est une haine anti-chrétienne qui se déchaîne aujourd’hui sans aucune raison, et même sans aucun prétexte.

Lorsque, en 2002, j’ai publié mon livre  “I nuovi perseguitati” , j’ai été bouleversé par les dimensions inconnues du martyre des chrétiens au XXe siècle, commencé avec le génocide des Arméniens, poursuivi avec les massacres qui ont eu lieu sous les totalitarismes, en particulier sous le communisme, et qui continue encore.

Mais j’ai été encore plus frappé par les dimensions inconnues de la persécution qui continue à avoir lieu dans tous ces régimes islamiques ou communistes ou de toute façon autoritaires dans lesquels les chrétiens sont des communautés sans défense, souvent marginales et totalement inoffensives, auxquelles personne ne peut imputer aucune faute.

Tout cela, à l’époque, en 2002, on ne le lisait pas dans les journaux, mais encore aujourd’hui où les nouvelles parlent du martyre des chrétiens – souvent horrible – , on ne reconnaît pas l’énormité de la persécution et de la haine dont ils sont victimes et on évite de les reconnaître comme victimes et d’en tirer les conséquences civiles et politiques.

Encore aujourd’hui, dans le « Corriere della sera » (en pages intérieures), on peut trouver un titre comme celui-ci: « Pakistan: Christian meurt brûlé vif parce qu’il ne voulait pas se convertir à l’Islam ». Résumé: « Sa femme dénonce les violences subies aux policiers qui la violent devant ses deux enfants de 7 et 12 ans ».

Mais ici, chez nous, ces cas – qui ne sont nullement isolés – ne suscitent pas une sensibilité plus grande à la condition des chrétiens. Pourtant – évidemment sous une forme pacifique, et non violente conforme au style chrétien – il y aurait tout lieu de voir naître un mouvement « Christian Lives Matter » (pour reprendre une formule en vogue aujourd’hui).

Malheureusement, c’est souvent la hiérarchie catholique elle-même qui évite de parler de persécutions et de martyrs et qui dialogue avec des régimes et des idéologies adverses, parfois même jusqu’à la capitulation.

L’échec de cette capitulation excessive est évident. Il suffit de considérer la recrudescence des persécutions en Chine, après cette capitulation qu’est l’accord secret entre le Vatican et Pékin, ou la récente transformation de la basilique Sainte-Sophie en mosquée, après toutes les ouvertures controversées du pape sur le monde islamique.

Il existe aujourd’hui un assentiment ecclésiastique analogue envers l’idéologie laïciste qui se répand en Europe depuis 25 ans et qui a voulu l’effacement des « racines judéo-chrétiennes » du texte constitutionnel.

C’est la France qui s’est le plus opposée à cette référence aux racines chrétiennes et quand, à cause de l’incendie de Notre Dame, une vague d’émotion a déferlé sur ce pays, on a remarqué la gêne du président Macron pour exprimer la douleur de son peuple : il aurait dû reconnaître que la cathédrale n’était pas seulement un « monument national », mais qu’elle exprimait l’âme catholique de l’histoire française. Et il ne l’a pas fait.

Même en ce qui concerne la culture laïque qui domine l’élite européenne, la main tendue de la hiérarchie du Vatican n’a produit aucune ouverture, mais – au contraire – il existe une tentation de limiter et de conditionner la liberté d’enseignement de l’Église. Il ne suffit donc pas de faire la propagande d’une Église qui « ne veut pas avoir d’ennemis » pour n’en avoir aucun.

Mais les incendies de Nantes et de Notre-Dame ne concernent pas seulement les catholiques: c’est aussi la France laïque (avec l’Europe laïque) qui doit décider une fois pour toutes ce qu’elle veut faire de son histoire et de son identité.

On a rappelé à juste titre que même dans les cas où des églises s’effondrent ou brûlent pour des raisons accidentelles, c’est dû à la négligence de l’État français qui en a la gestion exclusive : c’est donc un signe de désintérêt culturel et politique. Marcel Proust était amoureux des cathédrales et comme peu d’autres, il les a défendues et a célébré leur importance pour nous. Mais aujourd’hui ?

Notre Dame a été construite en 300 ans et en quelques heures elle a été dévastée. La cathédrale de Nantes aussi. La grande bataille d’aujourd’hui est – comme le disait Charles Péguy, grand poète de la France chrétienne – entre le « parti de la charrue » et le « parti de la poudrière ».

Entre le parti de ceux qui travaillent pendant des mois pour faire pousser un champ de blé et ceux qui, avec un briquet, le brûlent en une heure.

L’Église a mis des siècles à « civiliser » les peuples d’Europe et à leur enseigner la dignité de tout homme, la liberté, le devoir de fraternité, l’amour, le caractère sacré de la vie, l’aspiration à la vérité, la beauté et l’éternité. Voulons-nous brûler tout cet héritage et sombrer dans un nihilisme sans racines, sans Dieu, sans beauté et sans patrie ?

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