Alors que l’hystérie fait rage et que les positions se radicalisent autour du « rebond » claironné, des interdits renforcés, des menaces brandies et du port du masque qui s’étend, il est impossible de ne pas remarquer que la ligne de fracture suit grosso modo le clivage droite/gauche, et que s’il s’agissait d’une question purement sanitaire, ce ne serait pas le cas. Mais il y a une autre très grave question éthique posée par la course au vaccin: celle des fœtus humains utilisés dans certains cas (?) pour les mettre au point. C’est certes une question parmi mille autres, mais pour les catholiques, c’est LA question. Une tribune publiée sur l’Observatoire international Cardinal Van Thuan pour la doctrine sociale de l’Église fait le point.

Comte Amedeo Rossetti de Scander

Vaccins issus de fœtus avortés et objection de conscience

Comte Amedeo Rossetti de Scander
Observatoire international Cardinal Van Thuan pour la doctrine sociale de l’Église (via Marco Tosatti)
13 août 2020
Ma traduction

Il est établi que beaucoup de vaccins contiennent des cellules humaines, provenant de fœtus d’enfants avortés volontairement; de nombreux scientifiques et médecins l’ont expliqué et cela a même été confirmé par des organismes officiels de l’Église catholique.

L’Académie pontificale pour la vie a publié en 2005 une « Réflexion morale sur les vaccins préparés à partir de cellules de fœtus humains avortés » [ndt: curieusement, le texte ne figure pas, ou plus sur le site de l’Académie, ou bien je ne l’ai pas trouvé, texte en italien ici], qui condamne clairement ces produits et invite à exercer à leur égard une objection de conscience, que l’on trouve également dans l’encyclique de Jean-Paul II Evangelium vitae, n° 74.

Un nouveau document, très différent du précédent, a été rédigé par l’Académie pontificale pour la vie en juillet 2017 [en italien – et en anglais – ici: www.academyforlife.va); dans ce document le mal dû à l’action de l’avortement, s’étant produit bien antérieurement, est édulcoré ; Ce document ne condamne pas l’utilisation de chaînes de cellules humaines provenant de tissus d’enfants avortés, car il explique que le mal au sens moral du terme se trouve dans les actes, donc dans l’avortement, mais pas dans les choses ou la matière, c’est-à-dire dans l’utilisation des tissus; en pratique, le sens de la coopération avec le mal disparaît et, comme l’a expliqué dans une conférence organisée l’année dernière à Rome par « Renovatio 21« , le Dr Martina Collotta, chirurgien médical et bioéthicienne, « la matière est en fait rendue neutre, devenant un objet commercial ». Le document de 2017 considère également qu’il est du devoir de chaque chrétien de se faire vacciner pour le bien commun, sans que cela implique une participation au mal.

De fait, le respect de la vie depuis la conception jusqu’à la mort naturelle, qui est un des principes non négociables rappelés par Benoît XVI, est perdu et Evangelium vitae est « abrogé ».

« Il est vrai que, du point de vue de la recherche scientifique, les cellules sont nécessaires pour obtenir des vaccins contre les virus », explique le Dr Collotta, « car les virus ne peuvent pas se développer seuls s’ils n’ont pas de cellules dans lesquelles se répliquer; ce qui n’est pas vrai, c’est que ces cellules doivent être humaines, et encore moins qu’elles doivent nécessairement provenir de fœtus. C’est très commode car une cellule provenant d’un fœtus avorté est une cellule extrêmement jeune, c’est-à-dire une cellule qui, en laboratoire, pour un chercheur, a un rendement énorme, mais il s’agit d’une simple question d’argent.

Pour leur utilisation, il faut que ces cellules proviennent de fœtus d’enfants nécessairement avortés volontairement, car ce sont des enfants sains, alors qu’un fœtus avorté spontanément est constitué de cellules porteuses d’anomalies génétiques.

Le Dr Theresa Deisher, du Sund Choice Pharmaceutical Institute, explique bien à quel point il est dangereux d’injecter, surtout aux enfants de moins de trois ans, des vaccins qui contiennent de l’ADN humain, capable d’activer une attaque d’anticorps contre votre corps ; elle explique également que pour créer des virus destinés aux vaccins, il n’est pas nécessaire d’utiliser des cellules humaines, mais qu’on peut utiliser des cellules animales, dont l’ADN ne pourra jamais s’insérer dans le génome d’un humain, car il est d’une espèce différente.

Des doutes sur l’innocuité des vaccins ont également été exprimés dans le rapport final de la commission d’enquête parlementaire, document XXIIa n° 23 du 7 février 2018, dans lequel les effets des vaccins sur les militaires ont également été étudiés : « La Commission a dû constater qu’il était impossible de parvenir à des conclusions précises car … il y avait un manque de données sur les vaccinations multiples pour chaque militaire et leurs effets sur l’ADN pour chaque militaire malade ».

On peut considérer que la position exprimée par l’Académie pontificale pour la vie en 2017 a au minimum engendré une certaine confusion ; le danger d’une dérive morale et éthique due à cette confusion se retrouve directement dans les mots du Dr Stanley Plotkin, médecin spécialisé dans la création de vaccins, co-inventeur du vaccin contre la rubéole et important consultant pour Big Pharma ; le 11 janvier 2018, il a été appelé à témoigner au tribunal, dans le cadre d’un procès intenté par la mère d’un enfant ; sous serment, il a dû répondre à plusieurs questions, admettant que pour une seule recherche, il avait utilisé 76 fœtus d’enfants avortés de plus de trois mois d’âge gestationnel, sans se souvenir exactement du nombre d’autres fœtus qu’il avait utilisés au cours de sa carrière ; à un moment donné, un avocat lui a posé la question: « Savez-vous que l’une des objections de la plaignante à la vaccination est l’inclusion de tissus provenant de fœtus avortés dans le développement du vaccin et le fait qu’il s’agit de l’un des ingrédients? ». La réponse de Plotkin est emblématique : « Je suis au courant, l’Eglise catholique a publié une réponse à ce dilemme et a déclaré que les personnes qui ont besoin du vaccin, peuvent se faire vacciner. Je suppose que l’accusation que j’irai en enfer à cause de l’utilisation de fœtus avortés est une accusation que j’accepterai volontiers« .

Des voix autorisées de l’Église ont exprimé des points de vue contradictoires sur l’utilisation de vaccins contenant des cellules humaines provenant d’enfants avortés.

Le 30 juillet dernier, la Conférence épiscopale britannique a publié une lettre dans laquelle il est dit que « toutes les vaccinations cliniquement recommandées peuvent être utilisées en toute bonne conscience », indiquant que « L’Église catholique soutient fermement la vaccination et considère que les catholiques ont à première vue le devoir de se faire vacciner, non seulement pour des raisons de santé mais aussi par solidarité avec les autres, en particulier les plus vulnérables ».

En réponse à cette position, l’évêque texan Joseph Strickland a réitéré sa position le 1er août dernier: « Je renouvelle ma requêtee de rejeter tout vaccin développé à partir d’enfants avortés. Même si son origine remonte à plusieurs décennies, cela signifie toujours que la vie d’un enfant s’est achevée avant qu’il ne naisse et que son corps a donc été utilisé comme pièce de rechange. Nous ne mettrons jamais fin à l’avortement si nous n’arrêtons pas ce mal! ».

L’année dernière, un représentant de l’Église catholique, le cardinal Raymond Leo Burke, a participé à une importante conférence organisée à Rome par « Renovatio 21 », intitulée « Foi, Science et Conscience – l’utilisation de foetus avortés dans les produits pharmaceutiques » ; le 20 mai dernier, le cardinal s’est prononcé avec véhémence contre les vaccinations forcées obligatoires qui pourraient avoir lieu suite à la mise au point d’un vaccin contre le coronavirus (*); lors de son discours au Forum sur la vie à Rome, tenu cette année sous forme virtuelle, a déclaré qu' »il doit être clair que la vaccination ne peut pas être imposée, de manière totalitaire, aux citoyens ».

Il semble y avoir deux visions différentes au sein de l’Église, mais on peut supposer que ceux qui les expriment n’ont peut-être pas tous vraiment approfondi l’origine de la question, car sinon ils n’accepteraient pas, éthiquement et moralement, la pratique consistant à utiliser les avortements volontaires pour disposer de matériel de laboratoire.

L’obligation morale de toute l’Église, et chacun d’entre nous en est une composante, est de demander et d’exiger, à tous les niveaux, une offre éthique alternative en matière de vaccins.

Amedeo Rossetti


(*) NDT

Un aspect particulier de la crise sanitaire internationale qui en résulte, ce que l’on appelle une pandémie, est que l’ensemble plus vaste des personnes en bonne santé sont soumises à de sévères restrictions, même en ce qui concerne leur pratique de la foi, en partant du principe que l’infection par le virus reste souvent cachée avant de se manifester soudainement. D’une certaine manière, chacun d’entre nous devient un danger potentiel pour les autres. Dans une telle situation, l’interaction humaine naturelle est rendue sévèrement limitée. Chez certains, la situation a conduit à s’inquiéter constamment d’une éventuelle infection et à entretenir l’illusion que, d’une manière ou d’une autre, nous pouvons créer un environnement parfaitement sanitaire dans lequel nous ne serons menacés par aucune bactérie ni aucun virus, ou dans lequel, grâce à des mesures prophylactiques, y compris la vaccination universellement imposée, nous aurons une protection certaine contre le coronavirus.
En ce qui concerne la vaccination, il doit être clair qu’il n’est jamais moralement justifié de développer un vaccin en utilisant les lignées cellulaires de fœtus avortés. L’idée d’introduire un tel vaccin dans son propre corps est à juste titre répugnante. En même temps, il doit aussi être clair que la vaccination elle-même ne peut être imposée, de manière totalitaire, aux citoyens. Lorsque l’État se livre à une telle pratique, il viole l’intégrité de ses citoyens. Si l’État peut prévoir des règlements raisonnables pour la protection de la santé, il n’est pas le fournisseur ultime de soins de santé. C’est Dieu qui l’est. Tout ce que l’État propose doit respecter Dieu et sa loi.

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