Après une manifestation anti-masques à Madrid, qui se serait déroulée sous les regards hostiles (quand ce ce ne sont pas les huées) des passants, Maurizio Blondet s’étonne de la mobilisation pratiquement inexistante, spécialement chez les jeunes, contre les mesures coercitives que les « autorités » justifient par l’urgence-covid. Son regard est extrêmement et même excessivement sévère, voire noir. Nous connaissons tous des « jeunes » qui ne ressemblent absolument pas au tableau qu’il brosse. Mais comment ne pas admettre que sa description est trop lucide pour n’être que l’expression d’une misanthropie désenchantée et s’appuie sur une large réalité dont le modèle de société proposé jusqu’ici par le système était la promotion constante et exclusive?

  • Comme d’habitude, il y a quelques allusions à la politique italienne (que j’ai plus ou moins traduites), mais les noms que cite Blondet ressemblent tellement aux « hologrammes » évoqués par le Pr Raoult que ne pas les connaître ne nuit pas à la compréhension des propos. Nous avons les mêmes chez nous.
  • (©) MV: l’expression, particulièrement bien trouvée, est de Marcello Veneziani qui consacre lui aussi un article au sujet

Si les jeunes ne luttent pas pour leur liberté, amen

Maurizio Blondet
19 août 2020
Ma traduction

À Madrid, des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour protester contre les libertés volées par la dictature thérapeutique mondiale. La manifestation, lancée par Miguel Bosè, a été un succès. Mais, dit un lecteur espagnol (cf. Manif à Madrid, réveil du peuple…), « à lire les commentaires des gens en réaction à cette manifestation, sur Twitter ou les médias en ligne, la seule chose qui frappe est l’incroyable niveau de soumission des Espagnols. Les participants à la manifestation sont traités par d’assassins, de bande de nazis, de complotistes, de négationnistes populistes. La majorité des gens veulent des mesures plus liberticides, convaincus que le Covid va tous les anéantir et que ces mesures vont les sauver. La psychose est collective et effrayante. En attendant, l’économie du pays est morte et enterrée, et les files d’attente pour les colis alimentaires que Caritas distribue augmentent de jour en jour dans tout le pays, mais à l’abri des caméras.

La soumission des Italiens a un caractère de zombification.
Sur une minorité active, mais encore plus petite que la minorité espagnole, il y a une majorité conformiste et hostile à ceux qui protestent. Surtout les jeunes, et leurs jeunes parents: ceux qui reviennent de leurs vacances en Croatie, mis en accusation par les médias, font docilement la queue pour être testés, pénétration invasive des sinus nasaux d’origine zootechnique: sans même se demander ce que contiennent ces cotons-tiges.

Une jeunesse qui a la discothèque comme seul horizon de vie, quand le pouvoir lui ferme la discothèque, elle s’agglomère, égarée, mais moutonnière. Croient-ils à toutes les fausses statistiques sur la « pandémie », que maintenant elle s’attaque à ceux qui ont vingt ans et autres mensonges du même ordre?

Ce que je sais, c’est que ces jeunes, alors que leur avenir est détruit, et que pour la plupart ils n’étudient pas, ne travaillent pas, et ne retrouveront jamais les petits boulots-pipeau dont ils vivaient, disc-jockey, coach personnel, influenceur, tous les métiers en marge du « secteur du divertissement », ne sont capables d’aucune résistance politique. Même pas d’en formuler: ils n’ont pas l’éducation nécessaire.

Il m’est récemment arrivé de voir des dizaines de ces jeunes attendant un avion en retard: faisant la queue à l’enregistrement. Muets. Les oreilles recouvertes d’écouteurs numériques qui leur envoient du rap qu’ils ne partagent avec personne. La peau couverte de tatouages qui feraient honte à un chef maori, lequel ne se tatoue plus depuis longtemps. Des styles vestimentaires aux références inconnues pour moi, mais toujours à mi-chemin entre les vêtements de gym et de disco, à l’évidence suggérés par une influence inconnue pour nous, mais pris par eux comme modèle de style, arbiter elegantiarum et exemple à imiter.

Bref: j’ai compris que ces jeunes ne sont même plus italiens. A l’évidence, ils ne participent à rien de la culture et de l’histoire italiennes dont ils ignorent l’origine. Rome et Athènes, le droit romain, Dante, Saint François, la Renaissance, le catholicisme, le fascisme, le communisme, ne leur disent rien; en revanche, ils sont le produit de « valeurs européennes », génériques, vides, une masse interchangeable de millenials identiques à ceux que l’on trouve à Madrid comme à Paris ou ailleurs, autour des mêmes discothèques et des mêmes non-lieux de « divertissement » et de « culture du corps » – et ils râlent contre ceux qui manifestent.

Même leur langue n’est plus l’italien. Il en dérive, mais comme le vernaculaire médiéval, dérivé du latin classique : une langue simplifiée, appauvrie, imprécise. Qui révèle l’ignorance la plus absolue des complexités de la modernité qu’ils devraient maîtriser.

(…)

Les jeunes tatoués sont les enfants et les petits-enfants de ces hommes de quarante ans au pouvoir qui sont complètement incompétents et satisfaits d’eux-mêmes. Ce sont les « hommes-masse » de la troisième génération, c’est-à-dire qu’ils ont été éduqués par des parents-masse et des enseignants-masse.

Puisque l’homme-masse est quelqu’un pour qui « vivre », c’est « être ce qu’on est déjà », sans rien exiger de soi-même, parce qu’il est bien installé dans le confort de la civilisation moderne – cet artefact complexe fruit de siècles d’efforts, de réalisations et d’erreurs des ancêtres, qu’il considère « naturel » comme la forêt – puisque la vie de l’homme-masse « manque de programme », que ses opinions sont « idola fori« , il advient qu’à chaque génération, il fait baisser la civilisation, la laisse se dégrader par manque d’entretien. De civilisation, on en trouve bien peu chez les troisième-quatrième génération; des partis constitutifs entiers se sont déjà désintégrés; le pluralisme politique n’existe plus ; mais les jeunes – qui vivent dans le Grand Maintenant – s’en moquent, croyant vivre encore dans la modernité parce qu’ils adhèrent aux nouvelles « valeurs » (mariage gay, divertissement, pas de tabous) alors qu’ils sont désormais des néo-primitifs accomplis.

Je suis sûr que lorsqu’ils appuient sur le bouton et que la lumière arrive, qu’ils tournent la manette et que le gaz arrive, les jeunes et leurs pères au pouvoir, les Speranza et les Fontana [Blondet ne ménage pas non plus la Ligue!]- croient que le gaz et l’électricité sont comme la sève des palmiers tropicaux. Il s’agit au contraire de produits importés qu’il faut acheter à l’étranger avec des devises étrangères, et que ces devises étrangères, qui se chiffrent en milliards, sont gagnées par les Italiens qui – contrairement à eux – travaillent, font preuve d’ingéniosité et exportent.

C’est pour cela que le troisième-génération peut fêter la décroissance heureuse et fermer ILVA [usine de sidérurgie] ou empêcher la Gronda Nord [nouvelle bretelle d’autoroute] de Gênes, convaincue que la sève appelée gaz et pétrole, continuera d’arriver. C’est pour cela qu’un ministre de la santé est désormais une marionnette conformiste, gérée par des forums mondiaux à la nature des plus suspecte, l’OMS, Bill Gates, [Walter] Ricciardi, – qui dans son esprit superstitieux sont « la Science » – totalement inapte à élaborer un pensée qui lui soit propre, voire même à s’informer.

En cela, Speranza est en tout point identique au jeunes ex-dic jockey ou coachs personnels dans les centres de bien-être: quatre mois à parler du coronavirus, de ce qu’est un virus, sans jamais rien apprendre sur lui, sur sa curabilité, que sais-je, sur la chloroquine et les falsifications qui y sont liées : ils ont une vision approximative et floue de tout ce qui ne les intéresse pas – et pratiquement rien ne les intéresse, car si l’homme-masse a un répertoire très réduit de curiosités, le « troisième-génération » a les curiosités d’un bovin, manger, forniquer, aller en vacances, pas grand chose d’autre.

Il n’est donc pas étonnant qu’ils soient farouchement conformistes et extrêmement dociles au pouvoir établi – qui est après tout celui de leurs pères, les Tridico, les Fontana. Ils ne savent rien et ne veulent rien savoir de la « politique ». Ils font la queue pour avoir le prélèvement zootechnique dans le nez, en espérant simplement qu’ils ne seront pas « positifs » et qu’ils pourront à nouveau partir en vacances, ou aller en discothèque pour forniquer ou fumer. Ils se sont laissé priver de tous les droits, même de la liberté personnelle. Bientôt, pour éviter d’être internés dans un centre anti-untori [untore: qui propage la peste], ils feront la queue pour se faire vacciner avec le tatouage de traçage Bill Gates-Moderna. Mais pourquoi se lamenter sur eux? Après tout, « la liberté a toujours signifié, avant, en Europe, la liberté d’être ce que l’on est vraiment » ; il n’est pas étrange que cette masse de « jeunes » qui n’ont rien à faire et veulent juste être « comme les autres » ne souffrent pas de son absence.

Mais cela signifie que leur distance est même ethnique: ils ne font pas partie de la nation. Ils seront balayés avec tous leurs tatouages, leurs codes vestimentaires, et au fond d’eux, même eux le savent: ils veulent l’extinction, comme toute humanité en phase terminale. A l’évidence, ils ont également perdu leur instinct de conservation s’ils se laissent enfiler un coton-tige [test PCR] sans se demander si, par hasard, celui-ci ne sert pas à les infecter avec le même virus auquel ils veulent échapper.

Ce n’est pas entièrement de leur faute. Ils sont la troisième génération de « libérés » de Dieu et de tout « sentiment de culpabilité » et évidemment de « sens du devoir » et de « noblesse » ou de « dignité personnelle » : le résultat est celui-là, l’expiration de la vie humaine authentique par la force du désengagement et du vide. Encore quelques années de « revenu de citoyenneté » (de dépendance au pouvoir) sans étudier ni travailler, et à ces jeunes, il poussera une queue. Préhensile, je l’espère pour eux. Parce que le gaz et la lumière n’arriveront plus. Si personne ne les paie.

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