L’urgence-covid n’est pas terminée (bien loin de là, au moins en ce qui concerne l’hystérie médiatique), mais coucou, revoilà l’urgence climatique, et avec elle l’insupportable gamine à tresses et au regard mauvais, invitée ce 20 août par Merkel avec les dirigeants européens pour « réfléchir » à ce qu’on pourrait bien inventer pour restreindre encore les libertés des peuples. Dans son édito d’aujourd’hui sur la Bussola, Stefano Magni fait le point.

Greta Thunberg arrive à la Chancellerie, 20 août 2020
AFP

Préparons-nous : après le Covid, l’urgence climatique reviendra

Stefano Magni
22 août 2020
La NBQ
Ma traduction

A cause du coronavirus, on ne parle plus de changement climatique ? Avant la terrible année 2020, il n’y avait rien d’autre et le climat était considéré comme une urgence, en plus d’être la base de la politique économique européenne. Mais aujourd’hui, elle revient. Et pour l’inaugurer, voilà la visite de Greta Thunberg à Merkel , qui invite les dirigeants européens à s’attaquer à l’urgence climatique avec le même sentiment d’urgence (et la même perte de liberté) que l’urgence sanitaire.

A cause du coronavirus, on ne parle plus de changement climatique? N’avons-nous plus peur du réchauffement climatique? Avant la terrible année 2020, on ne parlait que de cela et le climat était considéré comme une urgence, en plus d’être la base de la politique économique européenne. Depuis janvier 2020, il semble avoir été un peu oublié. Mais pas pour longtemps.

À l’occasion du deuxième anniversaire de la « grève pour le climat », Greta Thunberg a été accueillie avec tous les honneurs par Angela Merkel. Greta, avec sa modestie habituelle, a distribué des compliments, des coups de baguette (« nous avons encore perdu deux ans ») et des conseils à celle qui dirige la plus grande puissance économique d’Europe (« elle a été gentille avec moi, mais tout le monde peut être un dirigeant, tant qu’il fait son devoir démocratique »). Et elle a exprimé un concept qui est vraiment important pour comprendre l’avenir qui nous attend. Le 28 novembre 2019, le Parlement européen a déclaré « l’urgence climatique et environnementale », mais selon Greta : « Des engagements sont pris, de grands discours sont prononcés. Mais lorsqu’il s’agit d’agir, nous sommes toujours dans un état de déni. La crise climatique et écologique n’a jamais été traitée comme une crise ». L’activiste suédoise a comparé la façon dont a été combattu le Covid, comme une véritable urgence, et la façon dont le changement climatique est traité (comme une politique et non comme une véritable crise). Et bien sûr, sa suggestion est de mener une lutte contre le changement climatique avec le même sentiment d’urgence. Implicitement, cela signifie que les gouvernements nationaux et, dans ce cas, supranationaux, devront toujours être dotés de pouvoirs spéciaux.

Pourquoi ce que dit Greta est-il important? Pas tant pour la fille elle-même, qui n’a aucun pouvoir de décision, que pour ceux qu’elle représente, puisqu’elle sert de testimonial pour ce qui est aujourd’hui le consensus commun des classes dirigeantes européennes. Et parce que, pour le monde académique et médiatique, elle est le porte-parole de ce que dit la « science », l’opinion indiscutable de ceux qui (entre académies, agences supranationales, comités technico-scientifiques et revues faisant autorité) dictent la ligne de conduite sur ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire, ce qu’il faut dire et ce qu’il ne faut pas dire.

Les médias sont évidemment les premiers à se lancer dans cette campagne de relance de l’urgence climatique. Pour l’instant, seuls quelques journaux (mais importants), tels que NBC, CNN et le Guardian, ont décidé d’adopter le terme « urgence climatique » ou « crise climatique », comme le demande Greta, au lieu des termes plus génériques de « changement climatique » ou « réchauffement de la planète ». Il se trouve que l’on entend de plus en plus souvent ces définitions, y compris dans les nouvelles italiennes.

Après avoir donné, de fin février à début juin, des nouvelles uniquement sur le Covid, minute par minute, de la première à la dernière nouvelle, les nouvelles nationales (et pas seulement en Italie) ont également commencé, au moins depuis juin, à réserver un espace fixe pour au moins une nouvelle sur le climat. Et c’est toujours le schéma habituel qui était suivi avant l’urgence-Covid: un reportage catastrophiste (fonte des glaciers, nouvelles maladies ou espèces en danger à cause du climat) suivi d’un reportage édifiant (une solution verte, comme les énergies renouvelables ou les nouvelles méthodes de production « durables »).

Certaines des nouvelles les plus marquantes de cette semaine sont tout simplement fausses. L’un d’eux est le record de température « la plus élevée jamais enregistrée » dans la Vallée de la Mort, en Californie, où la colonne de mercure a atteint un impressionnant 54,4 degrés centigrades. Mais historiquement parlant, la température la plus élevée dans la Vallée de la Mort était de 56,6 degrés (en 1913) et non pas les 54,4 degrés actuels. Pourtant, il est étonnant de constater qu’une donnée accessible a été délibérément ignorée et que personne ne s’est excusé.

D’autres nouvelles sont basées sur des données authentiques, mais pas particulièrement significatives, comme la fonte des glaces au Groenland qui, selon les mesures, aurait battu un autre record historique cette année. Mais est-ce une catastroph ? Non, à en juger par le nom même du Groenland, c’est-à-dire « terre verte ». Au début du Moyen Âge, elle était en effet couverte de forêts et beaucoup plus habitable qu’aujourd’hui. Pourtant, au Moyen-Âge, comme dans les siècles précédents, la montée catastrophique des océans, souvent associée à la nouvelle de la fonte des glaces, ne s’est pas produite.

Les risques d’un nouveau lockdown sont concrets, il suffit de voir combien on parle, dans les médias et dans tous les milieux politiques, d’une « deuxième vague » (encore à démontrer) du coronavirus. Mais même si l’urgence-Covid se terminait, celle d’avant est prête à revenir, sur la météo. Ne pensez pas que vous êtes libre de retourner à votre ancienne vie, donc. L’idée de profiter de la pandémie pour changer durablement notre mode de vie a été lancée par des groupes d’intellectuels et d’hommes de science, comme les signataires de l’appel français promu par l’actrice Juliette Binoche [cf. Après-coronavirus: les « people » se mobilisent… pour la planète]. Mais maintenant, elle s’enracine dans la politique et ce qui sera sacrifié, dans la nouvelle urgence permanente, ce sera avant tout notre liberté.

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