Julian Loredo rapporte une nouvelle « à faire froid dans le dos » observé dans une paroisse du diocèse de Milan (c’est un exemple transposable en France): après le confinement, « seuls 30% des fidèles sont retournés à la messe, les familles et les jeunes ont disparu ». Les (ex-) fidèles rendraient-ils au clergé déserteur la monnaie de sa pièce? Ou auraient-ils pris goût au confort de cette parodie de célébration eucharistique qu’est la « messe » sur youtube, ou à travers le « Jour du Seigneur » hebdomadaire qui tient plus du spectacle scénarisé que du Saint-Sacrifice? Après la dématérialisation du travail (télé travail) et de l’école (cours via internet), le « monde d’après », c’est aussi la dématérialisation de la messe. Dernier acte en date de l’effacement de Dieu.

Le silence des fidèles

Julio Loredo
17 août 2020
Ma traduction

L’autre jour, lors de la messe dominicale dans une importante paroisse de Milan, le célébrant a révélé une chose qui fait froid dans le dos: après la réouverture, dans le diocèse ambroisien, seuls 30% des fidèles sont retournés dans les églises, « les familles et les enfants ont totalement disparu ». La situation n’est guère meilleure dans le reste de l’Italie.

Sans méchanceté, je me suis dit : vous les avez abandonnés pendant la période la plus critique de la pandémie, maintenant ils vous rendent la monnaie de votre pièce.

La pandémie de COVID-19 a montré le pire côté de la crise qui, depuis plus d’un demi-siècle, tenaille la Sainte-Mère Église : l’abandon conscient et volontaire par de nombreux pasteurs de sa mission salvatrice. Les Italiens sont restés abasourdis quand la CEI a suspendu le culte public avant même que le gouvernement ne décrète son blocus, privant ainsi les fidèles des sacrements. À l’enfermement social s’ajoute donc l’enfermement spirituel, beaucoup plus implacable. Nous avons eu la situation bizarre que les supermarchés et les bureaux de tabac étaient ouverts, mais que les cérémonies religieuses étaient interdites. Alors que les gens pouvaient tranquillement faire leurs courses ou acheter des cigarettes, beaucoup sont morts sans l’aide du sacrement de la pénitence et de l’onction des malades. Plus d’un évêque a même édicté des règlements interdisant aux prêtres de s’exposer en s’occupant des malades. C’est exactement le contraire de ce que l’Eglise fait depuis deux mille ans.

Certains prêtres courageux, défiant les contraintes de la CEI, ont tenté de célébrer la messe en présence de quelques personnes ou en plein air, en parfaite conformité avec les règles sanitaires. Ils ont été sévèrement punis avec de lourdes amendes, et même menacés d’emprisonnement. Il y a eu le scandale de l’invasion de certaines églises par les forces de l’ordre, avec l’interruption sacrilège du Saint Sacrifice. Non seulement les autorités ecclésiastiques n’ont pas protesté contre ces actes de persécution religieuse, mais elles se sont de fait rangées du côté du gouvernement, réprimandant les prêtres « rebelles ». Jamais peut-être dans l’histoire de l’Italie l’Église ne s’est montrée aussi soumise à l’État.

Quand, cédant à la clameur des fidèles scandalisés, la CEI a finalement commencé à élever un peu la voix pour défendre la liberté religieuse, elle a été immédiatement réduite au silence par le pape François, qui, depuis la chaire de Sainte -Marthe, a exhorté les évêques à « obéir aux instructions du gouvernement ».

À cette attitude servile envers César, il faut ajouter les efforts de nombreux pasteurs qui nient toute signification spirituelle à la pandémie. Est-ce une punition divine ? La pensée catholique traditionnelle l’aurait considéré, au moins comme une hypothèse. Il est indéniable que la Providence utilise parfois, comme causes secondaires, les événements naturels comme « punition » pour les péchés de l’humanité. À Fatima, par exemple, la Vierge a explicitement défini les deux guerres mondiales comme des punitions. Aujourd’hui, cependant, ce mot est absolument exclu du vocabulaire catholique. L’archevêque de Fatima, le cardinal Antonio Marto, est allé jusqu’à dire: « Parler de cette pandémie comme d’un châtiment, c’est de l’ignorance, du fanatisme et de la folie ». Ils se refusent à parler du péché public. Ils se refusent à appeler les fidèles à la conversion. Bref, ils se refusent à remplir leur devoir de pasteurs des âmes.

Et les fidèles ont réagi en s’en éloignant, ne reconnaissant plus en eux la voix du vrai pasteur…

On dit que le silence des sujets est une leçon pour les rois. Que pouvons-nous dire du silence des fidèles ?

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