Je reproduis tel quel cet article que m’a transmis mon ami Nicolas Bonnal et qui l’a publié sur son blog. Il le présente ainsi: « Un ami m’a envoyé ce sermon. Je connais ce prêtre et je vous laisse apprécier – Nicolas Bonnal« . Oui, c’est d’une lucidité impressionnante, et cela mérite de circuler.

Une image qui dit tout

« Le soir venu, les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent : l’endroit est désert et l’heure est avancée. Renvoie cette foule qui ne respecte pas les consignes sanitaires, de peur qu’il n’advienne un nouveau cluster. Mais Jésus leur dit : ils n’ont pas besoin de s’en aller. Donnez-leur ce qui est nécessaire. Alors ils lui disent : mais nous n’avons là que cinq masques jetables et un tout petit peu de gel hydro alcoolique ! Alors Jésus ordonna à la foule de s’asseoir sur l’herbe en respectant les distances et les gestes barrières, les disciples distribuèrent le gel et les masques, et chacun rentra chez soi se faire tester, et tous les tests étaient négatifs… »

Vous croyez que je plaisante ? Pas du tout. Je me prépare pour le jour où le Comité de Salut Public nous demandera de réécrire l’Evangile conformément aux consignes sanitaires : cela ne saurait tarder. Allons, direz-vous, ne plaisantez pas avec ces choses. Il faut bien être attentifs, « le virus circule toujours » … Nous ne risquons pas de l’oublier, les slogans officiels nous le répètent à satiété, avec les consignes infantilisantes qui les accompagnent : « lavez-vous les mains », comme à la maternelle.

– Oui, mais rendez-vous compte : le danger, la protection des personnes fragiles … Que les personnes fragiles se protègent, bien entendu. Qu’il faille les protéger, c’est entendu. Est-ce une raison pour maintenir tout un pays dans la psychose et dans la peur ? Le journal publie : Recrudescence de l’épidémie dans la Loire. Lisez l’article : deux cas en réanimation. Que cherche-t-on à faire ? À tuer toute vie sociale ? À transformer la population en zombies dociles, qui ne se déplaceront que si on leur donne la permission ? Qui y trouve son compte ? Pourquoi n’entendons-nous jamais les voix discordantes, celles qui donnent des informations pertinentes et mesurées, sans entretenir le délire alarmiste des médias et des réseaux sociaux ? Non, l’épidémie ne reprend pas, et pour maintenir la pression on en est réduit, faute de pouvoir asséner quotidiennement le nombre des morts, qui est infime, de parler des « clusters » – pourquoi « clusters » et non « cas d’infection » ? Pour effrayer davantage ? J’ai lu quelque part les propos d’un pontife médiatique qui disait que nous vivons « une stabilité dangereuse », propos qui n’auraient pas déparé dans la bouche du docteur Knock : « Vous vous portez bien ? C’est très inquiétant ! Tout bien portant est un malade qui s’ignore ! ».

Qui a intérêt à nous faire peur ? L’Etat, qui peut assouvir sa passion habituelle pour le jacobinisme répressif ? Le masque partout pour tout le monde, à Montarcher (lire, par exemple, les propos de l’anthropologue suisse Jean-Dominique Michel ou du professeur Freund, urgentiste à la Pitié Salpêtrière, sur le site « Benoît et moi », le 20 juillet dernier) comme à Sarcelles, au Crêt de l’Oeillon comme dans le métro, à l’église comme en discothèque, et 135 € d’amende ? Un journaliste italien, il y a quelques semaines, avait écrit un éditorial qui s’intitulait Dalla mascherine alla museruola : du masque à la muselière. Les italiens ont toutes les raisons de le dire, puisque le ministère de Giuseppe Conte, sans légitimité démocratique, reposant sur une alliance improbable gialla-rossa a mis, à la faveur de la crise, le parlement hors-jeu depuis six mois et gouverne uniquement par décrets du Premier Ministre, l’équivalent de nos ordonnances … Circulez, il n’y a rien à voir !

Faut-il rappeler que cette semaine, par une prolongation extraordinaire de la session parlementaire, sans vrai débat et toutes affaires cessantes, a été votée la loi de bioéthique dont notre évêque nous disait si justement la semaine dernière qu’elle n’était ni bio ni éthique, dangereuse pour les plus faibles, ouvrant la porte à de nouvelles dérives qui ne manqueront pas d’arriver ? Qui en a parlé ? C’était bien plus important de dénombrer les « clusters » ! Et le tour est joué … C’est le principe du cliquet : une fois que l’on a franchi un cran, on ne revient plus en arrière, et on prépare le cran suivant. La loi PACS ? On nous a juré que c’était pour ne pas avoir à toucher au mariage. Ce cran-là franchi, le « mariage pour tous » est arrivé – oui, mais cette fois on a promis qu’on n’irait pas plus loin, qu’il n’était pas question d’aller à la PMA, à la GPA … Et passez muscade, une loi au Parlement en plein été et en pleine crise, et le cran est passé. C’est quoi, le prochain ? Le tri sélectif avant la naissance ? Les bébés proposés sur catalogue ?

Vous connaissez la parabole de la grenouille bouillie : si vous jetez la grenouille dans l’eau bouillante, elle saute aussitôt de la casserole. Alors il faut la mettre dans l’eau légèrement tiède, pour qu’elle s’y trouve bien, et faire monter la température tout doucement. Et quand la grenouille s’en aperçoit, elle est cuite. Frères et sœurs, allons-nous nous laisser faire, ou écouter aujourd’hui la parole de l’apôtre Paul : « J’en ai la certitude. Ni la mort, ni la vie, ni le présent, ni l’avenir, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus-Christ notre Seigneur ». Rien, entendez-vous, rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu. Et nous nous laissons gagner par la peur, par l’hésitation, par la « servitude volontaire », pour reprendre l’expression de Montaigne et La Boetie ? Préférons-nous nous laisser bercer par la providence d’Etat et le ministère du bien-être, qui nous garantira de tout, et qui nous permettra même d’aller à l’église, si nous suivons bien les consignes, et si nous portons bien notre masque, comme en 1790 il fallait porter une cocarde tricolore à son chapeau pour montrer qu’on était bon patriote ? Nous voulons une vie sans risque, nous aurons une vie sans risque. Mais rappelez-vous quand même de la grenouille, si vous ne voulez pas finir bouillis.

Abbé B. Martin
2 août 2020

Mots Clés :
Share This